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jeudi 7 avril 2022

Une « idée à la con »

 

Héraclite, pourtant le plus grand génie que l'humanité ait produit, eut l'idée baroque de s'enduire de bouse de vache pour guérir de son hydropisie. D'après Néanthe de Cyzique, il resta comme momifié par la bouse qui durcit en séchant, et fut mangé par des chiens. Gragerfis écrit dans son Journal que cette fin tragique « serait presque à vous dégoûter de vous enduire de bouse de vache ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 5 avril 2022

Mots interdits

 

« Si j'étais président de la République, j'interdirais sous peine de mort de proférer le mot luminaire. Quant à l'énonciation du vocable batracien, elle serait punie d'emprisonnement à perpétuité. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 1 avril 2022

Pensée étranglée

 

« La vie n'est rien autre chose que — (... le téléphone ayant sonné, je ne sais plus ce que je voulais dire.) » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 31 mars 2022

Silence noético-noématique

 

S'il faut en croire Gragerfis, Jean-Paul Sartre resta pendant trois ans — de 1980 à 1983 — sans prononcer une parole. Dans son Journal, Gragerfis explique cette débauche de silence par le fait que le philosophe était, comme on dit, « décédé ». Et il en conclut que le « décès » a parfois du bon.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Misanthropie

 

« Je hais les gens qui usent en public du vocable bouillabaisse, et je ne hais pas moins ceux qui s'abstiennent de le faire. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 29 mars 2022

Absence de frisson désespéré

 

« Hier, enveloppé dans la brume sur un chemin qui domine la Seine, je me suis répété ce mot de Luc Pulflop : “les falaises d'Étretat et l'évidence de n'être rien”, sans en éprouver aucun frisson désespéré. Une grande assurance au contraire, le sentiment d'une certitude sans faille. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 28 mars 2022

Frisson désespéré

 

« Je pense à ce mot de Valéry : “le sentiment d'être tout et l'évidence de n'être rien”, et je me dis que pour une fois, ce couillon a eu le nez creux. Mais je ne sais que faire de ce mot. À tout hasard et faute de mieux, j'en retire un frisson désespéré. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 26 mars 2022

La souffrance d'être heureux

 

« Mon Cicciobello, tes joues sont rouges, tu es malade ! Vite, ta température ! Oh là là, tu as de la fièvre ! Vitamines, lait... du sirop ! Tiens, mon Cicciobello ! Oh, tu es toujours malade ! Essayons une piqûre ! Ah, ça y est, je t'ai guéri. Cicciobello bobo, il a toujours besoin de toi. » — Pour pénétrer quelqu'un, pour le connaître vraiment, il me suffit de voir comment il réagit à cette publicité pour le poupon Cicciobello. S'il ne comprend pas tout de suite, inutile de continuer. (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

« Tonton Sigmund »

 

Gragerfis à propos de Freud : « C'est un con. » — Et en effet, il y avait en lui du fanatique, de l'homme de l'ancienne Alliance.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Présomption bipédique

 

Au dire de Gragerfis, ce qui exaspère le plus l'homme du nihil, c'est le fait que les « monstres bipèdes » qu'il côtoie ont tous l'air de juger leur existence nécessaire (quand la sienne propre ne lui semble même pas probable). — Oh, ces salops ! Comme il les hait !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 25 mars 2022

Gênance

 

Selon Gragerfis, l'homme du nihil considère que toute personne prononçant les mots Bhagavad-Gita prouve par là même qu'elle n'a aucun amour-propre ni aucun sens du ridicule. Idem — en un peu moins grave pour le nom Vishnou.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 23 mars 2022

Mot qui sauve

 

« J'ai bien souvent noté dans mon journal que le vocable strapontin est le souverain antidote de mes pires états intérieurs. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain, p. 383)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 19 mars 2022

Un dabe

 

« L'homme du nihil, un jour que je lui parlais de l'homicide de soi-même, me dit qu'il mettait le suicidé philosophique au-dessus de tous les poëtes et de tous les penseurs, et qu'il ne pouvait le comparer qu'à une tête de chien couché. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 14 mars 2022

Pétoncle

 

« Ma neurasthénie, mon penchant à la rumination, ma misanthropie... — il y a en moi du bivalve pectinidé. Le dernier pétoncle. Tel je m'apparais. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 12 mars 2022

Ichneumon

 

« En ce moment même, partout dans le monde, des milliers et des milliers d'hommes sont en train de mourir. Et moi, j'ai beau me retourner la cervelle dans tous les sens, le seul mot que je trouve pour commenter leur agonie est ichneumon. Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence ! » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 2 mars 2022

Projet avorté

 

Gragerfis prétend que, soucieux de toucher un plus large public, l'homme du nihil caressa un temps l'idée d'écrire un livre de témoignage « choc, vrai et immersif » intitulé J'ai joué au ping-pong avec Roland Jaccard (et aux petits chevaux avec Linda Lê). Mais d'une part, les éditeurs pressentis trouvèrent ce titre trop long, d'autre part, son à-quoi-bonisme ne tarda pas à reprendre le dessus et l'empêcha de mener ce projet à bien.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 19 février 2022

Page de journal

 

« 30 avril, 22 heures 35. — Cioran commence à me saouler, avec son “irréparable”. Quelle grandiloquence, ma parole, et quel manque de tact, chez ce Roumain ! Tu appuies trop, mon ami ! » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 18 février 2022

In illo tempore

 

L'homme du nihil raconte que dans son enfance, le boueux empoignait la poubelle à main nue, la hissait sur son épaule, et en déversait le contenu dans une carriole tirée par un tracteur ou par un « bourrineau ». À la fin de sa tournée, le boueux vidait la carriole dans un énorme trou creusé à la sortie du village : le dépotoir. On n'avait pas encore inventé les « déchetteries », en ce temps-là. Les hommes étaient plus proches de la nature, moins chochottes, et par conséquent moins névrosés. Des « déchetteries » !!! — « Ô boueux de mon enfance ! Qu'êtes-vous devenus ? », s'exclame, pathétique, l'homme du nihil (au dire de Gragerfis).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 4 février 2022

Page de journal

 

« 3 avril. — Ce soir, en rentrant, le vocable hystricognathe, sorti spontanément de ma bouche, a rempli l'appartement — puis l'univers tout entier. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)
 
(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 2 février 2022

Une lugubre excursion

 

« Promenade, ou plutôt errance, à l'intérieur de ma pachyméninge — dire qu'on peut si près de Paris trouver des paysages aussi mélancoliques ! » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)