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dimanche 24 mars 2024

Mimile le sachant

 

Celui qui proclame « avoir commis tous les crimes, hormis celui d'être père », celui-là confesse sans s'en rendre compte qu'il est un dogmatique à la Thrasymaque de Corinthe et non un sceptique à la Pyrrhon. Il « sait ». Tandis que nous... pour ce qui est de savoir...
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

jeudi 18 janvier 2024

Courage de dire et volonté de faire chez Pyrrhon

 

Pécressiste avant l'heure, le sceptique Pyrrhon avait tout à la fois le courage de dire et la volonté de faire. À ce propos, Diogène Laërce rapporte qu'« il gardait constamment la même manière d'être, en sorte que si on le quittait au milieu d'un entretien, il continuait son discours pour lui seul ».
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 18 septembre 2023

Biographie du Grandiloque

 

Émile Cioran commence sa carrière « au fond du monde ignoble des viscères, des muqueuses et des humeurs, parmi une foisonnante et trouble fermentation ». C'est sa période « fœtus », qui va de fin 1910 à début 1911. Le 11 avril 1911, il se retrouve à l'air libre. Très vite, anxieux de s'exhausser à l'impérissable et de faire oublier son origine immonde, il se lance dans l'écriture d'aphorismes, encouragé en cela par sa « muse » Simone Boué. En 1949, avec la parution de son Précis de décomposition, il s'empare du titre de « négateur universel » jusque-là détenu par le grec Pyrrhon. Mais ce n'est qu'en 1986, avec ses Exercices d'admiration, qu'il devient véritablement célèbre. « J'ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès », confie-t-il au professeur Basile Munteanu. Son œuvre, ironique et apocalyptique, est marquée du sceau du pessimisme, du scepticisme et de la désillusion.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 12 juillet 2023

Inanité de l'hypotypose

 

On peut faire de son Moi une vivante hypotypose du Rien, on peut manger du pilchard ou articuler le vocable strapontin, on n'échappe pas à la souffrance et à la folie. L'hypotypose pyrrhonienne, le pilchard et le vocable strapontin, comparés à l'homicide de soi-même, ne sont que de minables expédients — du « pipi de chat ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 31 décembre 2022

Encore un effort, messieurs les sceptiques !

 

Aucun sceptique, pas même Pyrrhon, pas même Ænésidème, pas même Sextus Empiricus, et ne parlons pas de Carnéade, n'a poussé le scepticisme jusqu'au bout. Sinon, il se serait instantanément évaporé.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 7 mai 2022

Règle de sagesse

 

Tous les grands sages, de Siddhartha Gautama à André Comte-Sponville en passant par Pyrrhon et Schopenhauer, ont souligné l'importance de ne compter que sur soi-même et de se contenter de ce qu'on a, même si « ça ne casse pas des briques ». On peut synthétiser leurs réflexions dans la règle suivante : « Ne cherche pas dans les autres ce que tu ne trouves pas en toi-même — fût-ce une “mijole” ou des “biberons Robert”. Il t'en cuirait — et pas qu'un peu, même. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 14 avril 2022

Caillou sur le chemin de la sagesse

 

Pour parvenir à la sagesse et trouver ainsi le repos, l'homme du nihil s'efforce de n'avoir aucune opinion sur rien. Mais comment faire quand une « mégère difforme au faciès d'hippopotame » vous poursuit de sa vilenie ? On est bien forcé d'avoir une opinion sur cette grosse vache, non ? N'est pas Pyrrhon qui veut !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 20 mars 2022

Scepticisme lotois

 

« Une seule chose est sûre en ce bas monde : c'est que rien ne l'est.
― Qui a dit ça ? Pyrrhon ? Sextus Empiricus ? Ænésidème ?
― Non, c'est une vérité sortie de Montcuq (Lot). »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 21 janvier 2019

À propos du zététique Pyrrhon


27 novembre. — « Pyrrhon, célèbre philosophe d'Élide, fils de Pistorade, et disciple d'Anaxarque, exerça la profession de peintre avant de s'attacher à l'étude de la philosophie. Il flottoit dans un doute perpétuel, trouvoit partout des raisons d'affirmer et de nier, et après avoir bien examiné le pour et le contre, il suspendoit son jugement, et se réduisoit à dire : cela n'est pas évident. Ainsi il chercha toute sa vie la vérité, et ne voulut jamais convenir qu'il l'eût trouvée. C'est cet art de disputer sur toutes choses, et de douter toujours, que l'on appela scepticisme ou pyrrhonisme. Les disciples de ce philosophe prirent le nom de sceptiques. On les appeloit aussi inquisiteurs, douteux, examinateurs. Pyrrhon se flattoit de posséder une situation d'esprit exempte de trouble par le moyen de l'ataraxie qui règle les opinions, et de la métriopathie qui modère les passions. » (Mathieu Christophe, Dictionnaire pour servir à l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins, comprenant la géographie, la fable, l'histoire et les antiquités, Paris, Duprat-Duverger, 1805)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

mardi 30 octobre 2018

Un sceptique de notre temps


Disciple moderne de Pyrrhon, le fantaisiste français Joseph Pujol (né à Marseille le 1er juin 1857 – mort en 1945), dont le nom de scène était le Pétomane, acquit la célébrité pour le don qu'il avait de contrôler ses muscles abdominaux. Cette étonnante faculté lui permettait de lâcher des gaz à volonté : il pouvait ainsi jouer Au clair de la lune avec un flûtiau, et éteindre les lumières de la scène. On prétend même qu'il pouvait jouer O sole mio en soufflant dans un ocarina par l'intermédiaire d'un tuyau relié à son fondement. Dans l'intimité, il professait le doute systématique et la suspension du jugement, allant jusqu'à soutenir qu'il est impossible de savoir si nous savons quelque chose. Non plus que de Pyrrhon, aucun écrit de Pujol ne nous est parvenu.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 27 septembre 2018

Discours pour soi seul


Diogène Laërce nous rapporte que Pyrrhon « gardait constamment la même manière d'être, en sorte que si on le quittait au milieu d'un entretien, il continuait son discours pour lui seul ». Le suicidé philosophique, lui, ne discourt pas, même pour lui seul — il croit aux vertus du silence —, et c'est muettement qu'il concasse la « réalité empirique » pour en extraire un désespoir véliforme et zingibéracé dont il sert comme d'un cheval-vélo.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

lundi 17 septembre 2018

Aveuglement sceptique


D'après Jamblique, Pyrrhon disait qu'il n'y avait aucune différence entre vivre et être mort et, comme un mauvais plaisant lui demandait un jour : « Pourquoi donc ne meurs-tu pas », il répondit : « Parce que cela ne fait aucune différence ».

Ainsi, et aussi incroyable que cela puisse paraître, le fondateur du scepticisme ne connaissait pas — contrairement au sculpteur Giacometti — le si terrible tragique d'être ceci ou cela ! L'haecceité, il « s'assoyait dessus » ! Il faut se pincer !


(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

jeudi 13 septembre 2018

Efficacité douteuse du pyrrhonisme


Le scepticisme grec n'est pas sans vertu, puisque Lorry a remarqué que les aphorismes tirés de ce système sont sédatifs d'une manière très marquée, et qu'il en faisait préparer dont il se servait assez fréquemment dans cette intention. Le docteur Nysten dit pourtant qu'il n'a que peu d'action dans les cas d'allergie aiguë à l'existence et qu'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe est d'un plus grand secours.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

lundi 16 juillet 2018

Verve dialectique de Filoselle


Lorsque, dans le Secret de la Licorne, les détectives Dupond et Dupont l'accusent dogmatiquement de vol de portefeuille, le pyrrhonien Filoselle leur réplique avec véhémence : « Un voleur !!! Aristide Filoselle, fonctionnaire retraité : un voleur !!! C'est une méprise, messieurs ! Une épouvantable méprise ! »

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

dimanche 15 juillet 2018

Insensibilité porcine


« De tout temps les incrédules ont fait grand cas de l'intrépidité ou de l'insensibilité d'un homme au lit de la mort. Le très ancien et très fameux Pyrrhon, qui doutait de tout, voyant ses compagnons de voyage saisis de crainte à la vue d'un naufrage qui semblait inévitable, les pria de regarder un pourceau qui était dans le navire, et qui mangeait à son ordinaire : Voilà, leur dit-il, quelle doit être l'insensibilité du sage. Il faut convenir que les philosophes ne sont point difficiles en fait de modèles. » (François de Feller, Catéchisme philosophique, 1773)

Et pourtant, le porc aussi connaît l'angoisse de la mort. Une fois arrivé à l'abattoir, le verrat perçoit l'odeur du sang versé par ses malheureux prédécesseurs, ce qui provoque en lui des sentiments mélancoliques et même de l'horreur. Les employés de l'abattoir le frappent à grands coups de pied et de bâton pour l'enfermer dans un box. Pris au piège, il entend ses congénères hurler de peur et de douleur. Puis un homme couvert de sang vient le chercher, et c'est l'appareillage vers le « grand nulle part ».

Qui pourrait jurer qu'à ce moment, dans son chétif cerveau, ne retentit pas le cri : « Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence ! »


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

mardi 10 juillet 2018

Un sectateur de Hegel


Belle incarnation de l'idéalisme allemand que ce professeur lunatique et très myope qui apparaît dans un épisode tragi-comique de l'Oreille cassée. Ayant entendu quelque chose qui fait « POUET POUET » en haut d'un réverbère — il s'agit du perroquet de feu le sculpteur Balthazar qui vient de s'échapper —, il y grimpe et s'entend dire par le volucre : « Bonjour, Monsieur, à qui ai-je l'honneur ? » À quoi il répond : « Je... euh.. excusez-moi, Monsieur, je suis si distrait. Figurez-vous que je vous avais pris pour un oiseau ! »

Par cette repartie apparemment bouffonne, le professeur, en bon disciple de Hegel, affirme que l'esprit est incapable de comprendre les objets du monde — Hegel étant lui-même, là-dessus, en accord avec Kant pour qui la connaissance n'est pas la connaissance des « choses en soi ».

L'inadéquation entre les sens et les catégories crée chez l'interlocuteur du perroquet un sentiment d'incertitude, de frustration qui le conduit au scepticisme, c'est-à-dire à la suspension du jugement chère aux disciples de Pyrrhon.


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)