samedi 17 novembre 2018

Interlude

Jeune femme lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

Rien nu


Comme qui, parlant des fleurs, laisserait de côté aussi bien la botanique que l'art des jardins et celui des bouquets — et il lui resterait encore beaucoup à dire —, ainsi, négligeant la nihilologie, écartant les arts qui du Rien font usage, le suicidé philosophique parle du Rien nu, fascination et gloire, où se dissimule et en même temps se livre un mystère plus lent, plus vaste et plus grave que le destin d'une espèce passagère.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Fiente de vache (page de journal)


14 janvier. — « Chez les idôlatres du Malabar, la fiente de vache est sainte : l'on doit s'en frotter le front pour approcher des Dieux. Les femmes doivent porter à leur cou l'image du Dieu Pilear. Tous ont horreur du souffle et de la salive. Les Jésuites, qui voulaient christianiser ces peuples, ont supprimé l'usage du souffle et de la salive dans les cérémonies sacrées du baptême. Ils leur ont permis de se frotter de la fiente de vache pour approcher des saints mystères. Ils ont même osé la bénir. » (Confession d'un Jésuite ou Anecdotes historiques de la Compagnie de Jésus depuis sa naissance 1521 jusqu'à sa destruction 1773, Rome, 1773, p. 83)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Aérolithe


L'homme du nihil vient — c'est du moins ce qu'il sent quand il se confronte au « monstre bipède » — d'une autre planète. Ne porte-t-il pas sur lui la torsion de l'espace comme le stigmate de sa terrible chute ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune fille lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

Destruction des parties molles


12 novembre. — Je tombe, dans le Traité pratique de médecine légale de Johann Ludwig Casper, sur le passage suivant qui me bouleverse : « Sans eau ou vapeur d'eau il n'y aurait pas de putréfaction. Mais les liquides propres du cadavre suffisent complètement à produire cette humidité. Ils s'évaporent peu à peu, rompent avec le temps les téguments, d'abord ceux de l'abdomen, puis ceux de la poitrine, enfin ceux du crâne, de sorte que le cadavre macère dans ses propres fluides. À ce moment, des vers et des larves se montrent à la surface, d'abord aux plis du corps, paupières, oreilles, région inguinale, puis ils se multiplient par myriades, et complètent la destruction des parties molles. »

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Ébriété temporelle


Chaque seconde est une tournée générale payée par le Grand Tout. Et les années sont de puissantes bitures qui assomment la séquelle de pochards désaxés tournant et buvant autour de l'énorme panse du Gambrinus de terre cuite qui se dresse sur un comptoir, dans l'universelle brasserie, victorieux et gorgé, à cheval sur un foudre et le verre en l'air !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

19 janvier


Théophraste rapporte que les geckos, comme les serpents, dépouillent leur vieille peau, et l'avalent aussitôt pour dérober ce qui serait un remède contre l'épilepsie. Il dit encore que ces animaux, dont la morsure est mortelle en Grèce, sont innocents en Sicile.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)