mardi 30 octobre 2018

Interlude

Jeune femme lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Jusqu'au-boutisme


À l'instar de Simmel, le suicidé philosophique rejette toute définition organiciste de l'individu, car une telle définition induit trop à ses yeux le fait de penser le Dasein comme une entité cohérente et autonome. Mais son opposition, contrairement à celle de Simmel, prend la forme d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe, et il s'oppose jusqu'à ce que mort s'ensuive.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

La vie


Tout cela n'est ni tragique, ni héroïque. Il ne s'agit que de l'épuisement d'un possible.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Cautérisation du Dasein


« L'idée du Rien, affirme Hippocrate, est ennemie de toute pourriture, parce qu'elle consume et dessèche l'humidité imbue en la pachyméninge, et corrige l'intempérature froide et humide ; ce que ne fait pas l'idéalisme transcendantal, lequel, aux esprits cacochymes, cause quelquefois inflammation, gangrène et mort. »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

Un sceptique de notre temps


Disciple moderne de Pyrrhon, le fantaisiste français Joseph Pujol (né à Marseille le 1er juin 1857 – mort en 1945), dont le nom de scène était le Pétomane, acquit la célébrité pour le don qu'il avait de contrôler ses muscles abdominaux. Cette étonnante faculté lui permettait de lâcher des gaz à volonté : il pouvait ainsi jouer Au clair de la lune avec un flûtiau, et éteindre les lumières de la scène. On prétend même qu'il pouvait jouer O sole mio en soufflant dans un ocarina par l'intermédiaire d'un tuyau relié à son fondement. Dans l'intimité, il professait le doute systématique et la suspension du jugement, allant jusqu'à soutenir qu'il est impossible de savoir si nous savons quelque chose. Non plus que de Pyrrhon, aucun écrit de Pujol ne nous est parvenu.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Dur labeur


Édifier sa vie comme un dithyrambe à la gloire du Rien.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Introspection


« Fouillant les circonvolutions de ma pachyméninge, je cherche le diverticule où l'idée du Rien a son siège. Je le trouve enfin. L'endroit est désert, comme tous les bouts de ville qui ont l'air oubliés même de leurs habitants, mais sans rien d'inquiétant ou d'insolite. »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune femme lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Impudence philosophique


« Ils sont encore une foule de subtiles niaiseries bien plus spirituelles que toutes celles-là. Ce sont des notions, des relations, des formalités, des quiddités, des haeccéités, toutes choses qui ne peuvent être aperçues que par ceux qui ont d'assez bons yeux pour voir, au milieu des plus épaisses ténèbres, ce qui n'existe nulle part. » (Érasme, Éloge de la folie)

— Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !


(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Stupeur


Le réel est aussi le lieu de mon inaptitude à la pensée.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Pêche au concept


Le philosophe entre nu ou presque nu dans la vase de la « réalité empirique » ; il examine les endroits où se sont enfouis les concepts, et que l'on reconnaît aux trous en entonnoir qu'ils forment pour leur respiration ; il les en fait sortir par la compression ou l'ébranlement de ces entonnoirs, et il les prend à la main, ou il les assomme avec un bâton.

(Thésar du Jin, Carnets du misanthrope)