jeudi 20 décembre 2018

Interlude

Jeune femme lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Propos d'ivrogne


Quand Parménide affirme qu'il n'est par définition que l'Être, immobile, complet, homogène, et que tout le reste n'est que « variation d'éclat par la surface », on peut à bon droit se demander s'il n'a pas bu. — Et le Rien alors, sentencieux Parménide ? N'est-il pas lui aussi « immobile, complet et homogène » ? — Ô vanité ! ô néant ! « ô aueuglement estrange des hommes, gloriatur in malitia sua ! »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Déjà jadis


Retiré près d'Antibes à la fin de la guerre, Georges Ribemont-Dessaignes meurt à Saint-Jeannet le 9 juillet 1974.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Attrition


27 août. — Selon Saint Irénée de Lyon, « l'attrition est une douleur et une détestation du Moi, causée ordinairement par la considération de la difformité ou laideur d'iceluy, et qui a pour principe l'idée du Rien qui excite la pachyméninge et la porte au désespoir. »

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme cherchant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

Diversions


L'homme du nihil arrive parfois à distraire son marasme par la contemplation d'objets insolites ou par des réflexions sur la condition végétale, enfin par la description méticuleuse d'excréments fossiles que les savants nomment coprolithes. De ces divertimenti, il sort pénétré de l'opulente immensité du Rien, mer plate qui recèle un iode puissant dont nul opium ne procure des enchantements aussi variés, aussi recommencés.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Pyrrhonisme malacologique


Échaudé par la félonie du Grand Tout, j'en vins à mettre en doute la réalité de ce mollusque que les naturalistes nomment térébratule.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Page de journal


30 août. — On assure que sur les montagnes de Lorraine, par temps de brouillard, il ne faut qu'un appeau, une petite loge et un bâton fendu pour prendre quarante ou cinquante douzaines de mésanges dans une matinée ; on les prend encore en grand nombre, soit au trébuchet, soit au petit filet d'alouettes, soit au lacet, ou au collet, ou aux gluaux, ou avec la reginglette, ou même en les enivrant comme faisaient les anciens, avec de la farine délayée dans du vin.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)