« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 13 novembre 2018
Un ennemi sans nom
Le malheureux soumis au supplice de l'haeccéité ne désigne ou ne dénonce personne. L'auteur de ses maux échappe, de sa part, à la flétrissure nominale : il est contumace.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un idéaliste invertébré
Comme celle de Peer Gynt, la vie de Johann Gottlieb Fichte « ne consistait qu'en fragiles pelures et n'avait pas de noyau ». Son Journal témoigne d'ailleurs que, sur la fin, il réalisa qu'il s'était laissé emporter d'épisode ontologique critique en épisode ontologique critique sans jamais affirmer aucun caractère personnel.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Anciens et modernes
Pour mater leur Moi, les ascètes chrétiens s'adonnaient à de longues mortifications de la chair, aux austérités du jeûne, de la prière, et s'imposaient une abstinence absolue des voluptés. Les médecins modernes recommandent plutôt les boissons très réfrigérantes de nénuphar, d'émulsions nitrées, camphrées, etc. En revanche, ils déconseillent absolument le quinquina, les amers toniques et autres corroborants.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Incommunicable
Comment faire sentir, à qui ne l'a pas éprouvé par lui-même, à quel point l'enfermement dans le fini peut être vécu surréellement, enfiévré d'une lumière apocalyptique ? Comment lui montrer « l'atroce revers de l'être », autrement dit l'haeccéité ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un bruyant énergumène
« Le Moi, dont les incessantes vociférations m'enjoignaient de me lier au phénomène, de m'inscrire dans l'espace mondain et le temps devançant, me faisait irrésistiblement penser à Pierre l'Ermite tonitruant à travers les villes paisibles de la chrétienté. Ou à Savonarole, ou encore à John Knox éméché haranguant ses ouailles, et à tous les personnages perturbateurs qui ont traversé l'Histoire en braillant. — Arrière, le Moi ! Je cherche le silence et l'horreur des ténèbres ! C'est clair ? »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Carquan
Dans ses Mémoires, le chroniqueur Philippe de Commynes décrit un instrument appelé fillettes du Roy, en usage à son époque dans les prisons et qui n'est pas sans évoquer la terrifiante haeccéité : « des fers très-pesans et terribles pour entraver l'étant existant ; et y estoit un anneau, fort malaisé à ouvrir, comme à un carquan : la chaîne grosse et pesante, et une grosse boule de fer au bout, beaucoup plus pesante que n'estoit de raison ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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