« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 2 novembre 2018
Un fléau méconnu
« Cette fatale calamité de l'haeccéité, qui, de temps immémorial, est venue épouvanter les populations, ruiner les villes, ravager les campagnes, est très mal connue, dans ses faits généraux comme dans ses détails. » (Maurice Champion, L'haeccéité en France depuis le VI e siècle jusqu'à nos jours, Victor Dalmont, Paris, 1858)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Ouvre-boîte
10 novembre. — Quand on ouvre une boîte de conserve, il faut le faire avec la plus grande attention, car chaque jour il se produit des accidents, ce qui n'arriverait pas si l'on s'occupait sérieusement de fabriquer un ouvre-boîte plus adapté.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Un style monotone
La vie, déplore le suicidé philosophique, possède un style triste et maigre, fort au-dessous de la richesse de Tite-Live et de la véhémence de Salluste.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Plongée
À celui que taraude la pensée de se détruire, le philosophe Johann Gottlieb Fichte recommande de se figurer qu'enveloppé dans une cloche à plongeur, il descend au fond des eaux ; qu'il voit et touche les mollusques, les krakens, les poissons, les serpents, les baleines, les requins, etc., « qu'il erre dans un monde effrayant, peuplé de géants, d'êtres horribles, dégoûtants, frôlant des animaux dont les formes étranges choquent toutes nos idées, d'autres dont la voracité sans nom écœure et terrifie ». Fichte prétend que le désespéré, « ayant eu ainsi son imagination frappée dans un sens opposé aux impressions que produisent sur nous l'harmonie des proportions et de la beauté, sera à tout jamais guéri de son attirance morbide pour le Rien ». — Hum...
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Parallèle
Pour le suicidé philosophique, le Rien est au centre ou au principe de toute explication, comme l'était la raison dans la philosophie grecque. La parenté est évidente entre la quête du nihil et la recherche de la sagesse. Dans les deux catégories, l'homme se nie lui-même pour se sauver lui-même, dans l'absolu du vacuum ou dans l'absolu de la raison. Dans un cas comme dans l'autre, l'homme est ce qui doit être sacrifié.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Faciès grauwackeux
Dans son ouvrage intitulé La terre avant l'apparition de l'homme, M. Alfred-Edmund Brehm jette l'éclairage d'un radical quinquet sur ce qu'il nomme « l'étage coblentzien ». Celui-ci se présente sous plusieurs faciès, parmi lesquels le faciès grauwackeux qui, nous dit l'auteur, « a pour type la grauwacke développée en Allemagne aux environs d'Ems et de Coblentz, roche intermédiaire entre le grès et le schiste. » — Le faciès grauwackeux... pourquoi cette formule nous émeut-elle au suprême ? Qui dira ce qui justifie son extraordinaire puissance contondante et de quel fonds mal exploré elle tire sa fascination ?
(Thésar du Jin, Carnets du misanthrope)
Engrais idéal
De tous les fertilisants, l'idée du Rien est, peut-être à l'exception du guano du Pérou, le plus concentré, et en outre celui qui peut le mieux s'approprier à la plus grande variété de récoltes : betteraves molles du désespoir, gloméruleux navets du sarcasme, houblon du scepticisme radical, etc.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Inscription à :
Articles (Atom)