Après que les prétendants de Pénélope ont été dûment massacrés, Télémaque et deux serviteurs s'emparent de Mélanthios, leur complice.
« Ils amenèrent ensuite Mélanthios par le vestibule et la cour : ils lui tranchèrent le nez et les oreilles avec le bronze cruel, lui arrachèrent les génitoires qu'ils jetèrent crues comme pâture aux chiens, lui coupèrent mains et pieds, étant ivres de colère. » (Jean-Pierre Georges, Odyssée, XXII, 476)
Dans ce passage, on voit que Jean-Pierre Georges, conformément à son habitude, pousse l'autodérision à un degré de raffinement extrême, sans tomber dans les deux écueils qui guettent les amateurs du genre : la préciosité et le narcissisme. Ce n'est pas en vain qu'il est surnommé l'« athlète chinonais du Rien » ! (Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
« Il y a quelques années, l'arrivée d'un cirque dans un bourg était synonyme d'évasion dans l'univers enchanté du rêve. Le chapiteau se montait devant les gamins imaginant déjà le spectacle, la magie de la piste, les clowns, les magiciens, les acrobates, représentants d'un monde éphémère qui aurait disparu au petit matin. C'est en jouant sur ce registre du chapiteau catalyseur de rêve que se tient, en cette première quinzaine d'avril, un festival réunissant une troupe et des associations locales "pour saupoudrer de rire, de joie et de vivre ensemble les bords de Vienne". Créée en 2003 et installée aux portes de Chinon, la compagnie des FouxFeuxRieux entremêle poésie, cirque, musique et conte pour "chatouiller nos imaginaires". Et c'est logiquement au cœur de Chinon qu'elle a mis sur pied ce festival "Il était une fois un chapiteau". Le week-end dernier, les FouxFeuxRieux ont donc posé caravane et chapiteaux sur les promenades des Docteurs Mattraits, où va se dérouler une série d'événements autour de la compagnie, dont le travail s'effectue main dans la main avec les associations culturelles locales.
Dès samedi, les FouxFeuxRieux ont monté leurs quatre chapiteaux avec l'aide de bénévoles. Jusqu'au 16 avril, les animations vont se succéder. L'école de cirque itinérante profitera des vacances scolaires pour initier enfants et adolescents aux arts du cirque, ce qui donnera lieu à un spectacle les deux samedis à venir. On pourra notamment y voir un philosophe sceptique suspendre son jugement pour parvenir à l'ataraxie. Un moment fort en perspective ! Point d'orgue du festival : une intervention de Jean-Pierre Georges, le fameux "athlète chinonais du Rien" qui lira certains de ses textes, entre autres celui où il compare le monde aux "génitoires d'un âne".
Nul doute que le mélange des genres entraînera un mélange des publics, et l'on peut espérer que sortiront de leurs tanières les habitants du quartier voisin des Courances, peu enclins en général à fréquenter les spectacles culturels. Le chapiteau, par son côté frappant, devrait exciter la curiosité du voisinage et faciliter ce mélange, ce fameux "vivre ensemble", en le rendant concret. C'est tout ce qu'il faut souhaiter aux promoteurs de cette initiative originale. » (La Nouvelle République, 5 avril 2016) (Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)