samedi 28 septembre 2024

Doctrine cynique

 

« Diogène de Sinope, selon Lucien, recommandait d'avoir un visage renfrogné, la mine barbare et les manières farouches ; d'avoir la parole rude et le ton de même ; de gronder tout le monde, de trouver à redire à tout ; d'être sans douceur, sans pudeur, sans humanité, et de vivre dans la foule comme s'il n'y avait personne. Il disait aussi que celui qui s'ennuie de vivre, il lui suffit de prendre un grain d'arsenic pour s'envoyer dans l'autre monde. Tout cela constitue ce qu'on appelle la doctrine cynique.
— Par ma foi ! Il y a plus de quarante ans que je suis cynique sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. »
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Monde carré

 

Dans son épitaphe pour Dungal, Alcuin écrit : « Te precor, omnipotens quadrati conditor orbis », c'est-à-dire « Je te prie, tout-puissant créateur du monde carré ». Il tient pour acquis que la terre est carrée, mais contrairement à Bender, il ne suppose pas que nous vivons à l'intérieur — et on ne va sûrement pas s'en plaindre vu qu'on a déjà assez d'emmerdes comme ça.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Georges le méconnu

 

On ne sait trop si l'on doit classer Georges Chœroboscus parmi les rhéteurs — il n'a composé qu'un seul traité sur les figures, outre ses écrits qui appartiennent à la grammaire —, mais une chose est sûre, on doit le classer parmi les gens peu connus — moins connus que par exemple la chanteuse Beyoncé Knowles. Les grammairiens byzantins du IXe siècle, c'est simple, on dirait que tout le monde s'en fout. Presque autant que de Maritain.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Épitaphe

 

« Il vécut sous les empereurs iconoclastes et mourut exilé pour la foi orthodoxe. » Voilà une épitaphe qui pourrait nous convenir. Ça ne sonne pas mal. En plus, les gens croiraient que c'est saint Clément l'Hymnographe qui est enterré là, les céoènes.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)