vendredi 1 février 2019

Interlude

Jeune fille lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Un moderne Fantômas


L'excrément joue, dans l'imaginaire moderne, le rôle que tenait jadis dans le roman policier le fameux « Homme-aux-verres-fumés » si bien décrit par Pierre Véry dans Les Métamorphoses : « l'empereur de l'épouvante, le maître des transformations saugrenues, celui qui modèle à volonté son visage et dont le costume, perpétuellement changeant, défie toute description ; celui à qui ne s'applique aucun signalement..., celui sur qui les balles ne portent pas, sur qui s'émoussent les lames, qui absorbe les poisons comme d'autres le lait ». — Ces quelques traits ne peignent-ils pas le « Suisse » tout entier et tout nu ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Branle du Poitou


Indifférent au cataclysme destinal, à la tragi-comédie du devenir, comment trouvé-je encore le ressort suffisant pour bousculer le squelette vermoulu de l'historicité 1, et le mien propre ?

1. Rappelons que l'historicité « se dit du Dasein dans son avoir-à-être ».

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Saucissons


19 décembre. — « Elles [les matières accumulées] peuvent former des saucissons ayant une consistance uniforme de mortier épais, des scybales au-dessus desquelles sont des matières molles ou liquides. Le n° 363 du musée Dupuytren montre l'iléon obturé par une seule boule fécale concrète du volume d'une grosse noix. — La quantité des matières peut aller à quatre livres (Lévi), — et même à treize livres (Lemazurier). » (A. Duchaussoy, « Anatomie pathologique des étranglements internes », in Mémoires de l'Académie impériale de médecine, Tome 24, Paris, J.-B. Baillière, 1860)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille assise sur les œuvres complètes de Francis Muflier

Sacralité du « cas » en Afrique


Hermann Baumann discerne dans l'ensemble des mythes africains la figure d'un démiurge guérisseur, démon de la campagne et du maquis, qui trouve habituellement sa matérialisation concrète dans l'excrément. Parmi ces dieux malodorants, on peut citer, au premier plan, Kaggen des Boschimans, Nava, des Khun, Gamab, des Heikom et des Bergmada, Hise des Naron, Huwe des Khun de l'Angola, mais il faut aussi mentionner comme leur étant étroitement apparentés Tule chez les Azande, Tere chez les Banda, Mba chez les Babua, Nvene chez les Mogwandi, Azapane chez les Mangbetou et Leh chez les Barambo, participant dans une mesure variable de deux types extrêmes particulièrement nets : Kaggen, l'étron fuselé — le « cigare japonais » — qu'adorent les Boschimans, et Ananse, l'excrément en forme de tourte vénéré par les Aschanti, à l'ouest du Soudan.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Rien n'arrive (sauf la mort)


Heureux celui qui, comme Schopenhauer, pense que seul le pire arrive. En fait, rien n'arrive : c'est toujours l'ennui, le vide, la léthargie, à perte de vue...

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Férillet et le Rien


22 décembre. — « Dans ses Exercices de lypémanie, Férillet évacue sciemment les paysages urbains au profit du Rien, désert improbable parsemé de ronces, de rocs retors et de piquants, espace désespérant dont Shelley déjà disait l'oppressante mélancolie. » (Edmond Jaloux, Introduction à l'histoire de la littérature française, Genève, Pierre Cailler, 1946)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)