dimanche 27 janvier 2019

Interlude

« Lâche-moi, crétin, je lis les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine ! »

Emprise magique du Rien


Les analyses de Gragerfis sont ici précieuses : le Rien n'est pas la simple absence d'être ; il y a quelque chose de positif en lui. Alors que l'être est aussi vaporeux qu'une barbe à papa, le Rien est « étoffé », il touche directement l'individu, l'enveloppe, le pénètre et même passe au travers : ainsi « le Moi est perméable pour le Rien tandis qu'il ne l'est pas pour l'étant — existant ou subsistant, n'importe. » La sensation de mystère que fait éprouver le taupicide ne viendrait pas d'autre chose.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Agir


La seule pensée de devoir appuyer tantôt sur la queue de détente me fatigue terriblement, me donne envie d'aller me recoucher — et gémir.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

De l'être


12 décembre. — Selon Parménide, l'être est « indivisible et inengendré », tandis que « le non-être n'est pas ». — L'Éléate était-il « bouché à l'émeri » ? Nous ne pouvons ici que poser la question.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de de Robert Férillet

Un déguisement peu ragoûtant


Dans son désir de fusionner avec le Grand Indéfini d'Anaximandre, l'homme du nihil s'assimile non seulement au végétal ou au minéral, mais encore à l'excrément. Ainsi, un suicidé philosophique décrit par Poulton affecte la ressemblance avec une fiente d'oiseau, en un mimétisme parfait de forme, de couleur et de consistance 1. De même, un nihilique du British Museum apparaît au repos comme un petit amas allongé, blanchâtre à l'une de ses extrémités et noir à l'autre, tout à fait identique à une déjection de mésange. Posés sur la même feuille, un excrément réel et le zélateur du Rien sont indiscernables.

1. E.-B. Poulton, The colors of philosophical suicidees, Intern. scient. series, t. LXVIII, Londres, 1890.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Penser


Savoir qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, que tout a déjà été dit, et parvenir quand même à formuler une pensée, fût-elle embryonnaire... Prodige d'impudence et d'absurdité, sans doute, mais qui seul donne au « Dasein » l'illusion d'exister.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Mantes


25 novembre. — S'il faut en croire Gragerfis (Journal d'un cénobite mondain), la famille des Mantidés comporte quatorze genres, parmi lesquels celui des mantes proprement dites qui rassemble les mantes desséchée, superstitieuse, herbacée, la mante feuillebrune, la mante large-appendice (Mantis latystylus), les mantes sublobée, flavipenne, et mouchetée, la mante lune, la mante simulacre, les mantes patellifère, pustulée, voisine et variée, la mante à deux mamelons (Mantis bipapilla), la mante col-étendu, les mantes cuticulaire, éclaboussée, salie (inquinata) et gazée, la mante pieds-velus, les mantes ornée, pieuse, religieuse, prasine, prêcheuse et vitrée, la mante à ceinture, la phryganoïde, l'annulipède, la multistriée, la décolorée, la mante sœur, l'agréable, la mante bleu-d'acier (Mantis chalybea), la mante hanches-rouges, (Mantis rubocoxata), la mante nébuleuse, et enfin, la mante claire et la mante de Madagascar. — Il n'y manque que la chaise percée du Dalaï-Lama !

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)