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vendredi 3 août 2018

La mort et après


Dans Mort et survie, Max Scheler prétend — et l'homme du nihil n'est pas loin de lui donner raison — que la perspective de la mort est inhérente à la structure de notre vie et à notre contemplation des vivants. Quant à la question de ce qui advient après la mort, il rejette — comme fait également l'homme du nihil — la construction rationnelle de Kant aussi bien que le recours au spiritisme. Mais c'est pour chercher aussitôt une indépendance « essentielle » de la personne par rapport à l'organisme (cellules, viscères, et cetera) ! 

Bien évidemment, ce n'est pas là du tout la position de l'homme du nihil qui, dès qu'il entend le mot « mort », se prépare à plonger en apnée dans la mer d'Azov du néant.


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

lundi 30 juillet 2018

Signer (Stephen Dixon)


Ma femme meurt. Me voilà seul. J'embrasse ses mains, et quitte la chambre d'hôpital. Un infirmier me court après dans le couloir :
— Est-ce que vous voulez remplir dès maintenant les formalités concernant la défunte ?
— Non.
— Alors qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse du corps ?
— Brûlez-le.
— Ce n'est pas notre métier.
— Donnez-le à la science.
— Il faut que vous signiez les documents légaux.
— Donnez-les-moi.
— Il faut les établir, ça va prendre un certain temps. Vous ne voulez pas patienter dans la salle d'attente ?
— Je n'ai pas le temps.
— Et ses affaires de toilette, sa radio, ses vêtements ?
— Il faut que j'y aille.
— Mais enfin, cher monsieur, dans Mort et survie, Max Scheler, à propos de ce qui advient après la mort, défend la thèse d'une indépendance « essentielle » de la personne par rapport à l'organisme (cellules, viscères, et cetera) !
— Ce n'est pas mon business.
J'appelle l'ascenseur.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)