samedi 16 février 2019

Algèbres de quaternions


28 septembre. — Arrivé hier, un petit volume d'André Blanchard que je ne possédais pas : Les corps non commutatifs (Presses Universitaires de France, 1972). Bonheur de retrouver cet algébriste désenchanté, si proche, par la manière et par l'esprit, de Calaferte ou de Perros, autres dyscoles au grand cœur et à la plume alerte. La couverture est hideuse, mais le livre — tel les « silènes » de Rabelais — est au-dedans plein d'une « celeste et impreciable drogue » — du moins pour qui s'intéresse à la chose mathématique.

Au hasard, ce portrait express des algèbres de quaternions, qui résume fort justement la duplicité — au sens premier du mot — de ces structures :
« Une algèbre de quaternions n'est pas toujours un corps, même si on ne considère que le cas non dégénéré. Le théorème I-5 précisera la structure des algèbres de quaternions non dégénérés. »


Bien vu. C'est dit en trois lignes. Les algèbres de quaternions sont des objets mathématiques qu'on admire — admirer « se dit aussi de la surprise que cause ce qui paraît extrême, excessif dans son genre » selon l'Académie —, mais qui ne suscitent guère de sympathie.

André Blanchard est, au contraire, de ceux qu'on aurait aimé connaître, pour ses « révoltes logiques », ses vacheries, ses faiblesses, sa pudeur ou sa mélancolie... Pour son humanité. Simplement.


(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

À la grâce de Dieu


Loyola professait qu'il fallait agir en ne comptant que sur soi, comme si Dieu n'existait pas, mais en se rappelant constamment que tout ne dépendait que de sa volonté. Et c'est bien ce que fait le constipé « crispé sur son soliloque » !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Sancta ignorantia


Je vis dans la futaille du non-savoir.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Lubricité du papion


31 décembre. — « Je sais qu'on a révoqué en doute ce que Bontius et Le Guat disent de la pudeur des orangs-outans femelles qu'ils avoient vues aux Indes, mais au moins les observateurs conviennent-ils que ces animaux, amenés en Europe, savent se contenir, et ne copient jamais la détestable lubricité du papion. » (Cornélius de Pauw, Recherches philosophiques sur les Américains, Londres, 1771)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)