« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
samedi 10 novembre 2018
Pétrification
Si l'on considère que des terres humides et molles deviennent dures comme le roc par le froid de l'hiver, on doit en inférer que tout notre être s'endurcit progressivement à mesure qu'il s'éloigne du soleil. Voilà pourquoi l'homme du nihil, impatient d'activer la pétrification de son Moi, cherche refuge dans l'ombre propitiatoire d'un cagibi rienesque, qu'il ne quitte que pour faire ses courses (il n'a pas de domestiques).
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un ambitieux programme
Écraser le monde pour en exprimer le suc, puis se vautrer dans les décombres. Écrire une mystique du Rien à l'usage des suicidés philosophiques.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Ridicule
Un sens aigu du ridicule rend malaisé, voire impossible, tout effort en vue d'expliquer les propriétés macroscopiques du picodon fermier (saveur, texture, etc.) à partir du comportement microscopique des atomes et des électrons.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Exploits du nihilique
« L'homme du nihil entreprend tout d'abord de terrasser son Moi. Il s'y applique consciencieusement, méthodiquement, employant à cette fin de grandes quantités de muscadet. Le succès qui couronne cette entreprise et l'accroissement rapide de ses forces navales viennent donner un stimulant nouveau à sa soif de conquêtes et d'aventures. Il stationne un moment dans son "cagibi rienesque", puis se propose un nouvel objectif : en finir avec le réel. Mais cela lui paraît quand même un trop gros morceau, alors il se recouche — et gémit. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
La vie : une saugrenue panade
Et le Grand Rien balaiera toute chose, abolissant la saugrenuité de la panade avec la panade elle-même.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Entraves bureaucratiques
L'homicide de soi-même n'exige que peu de matériel et de compétences. À la rigueur, il suffit d'un seul instrument et de quelques semaines d'apprentissage. Mais les nombreux règlements dont cet art a été l'objet en rendent la pratique assez difficile.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Absence de sol
Il est notoire que certains organismes parviennent à prospérer même en l'absence de sol : sur un rocher nu ou un vieux mur, poussent les lichens et les mousses ; la joubarbe des toits se développe sur le faîte des maisons ; le pleurocoque est une algue verte qui couvre le tronc des arbres ; l'homme du nihil se nourrit de l'idée du Rien, etc.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un asocial
Le suicidé philosophique vit dans les bois, dans les déserts, sans lois ni demeure fixe, et prône la tératologie comme science de l'Unique.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Lanterne des morts
Vers le onzième siècle, apparaît dans la douceur romane du cimetière un petit fanal, haut de huit à douze mètres, dont le sommet est évidé par des arcades à travers lesquelles se projette la lueur d'une lanterne. Cet édicule, connu sous le nom de lanterne des morts, servait à indiquer aux nihiliques tentés par l'homicide de soi-même, pendant la nuit, l'existence d'un cimetière, et à faire naître dans leur esprit des images de débris humains à demi putréfiés, de charniers croulant sous des amas d'ossements en décomposition, pour les inciter à « y réfléchir à deux fois ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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