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samedi 10 juin 2023

Fond de vérité du solipsisme

 

Même si le solipsisme est faux, même s'il existe une « réalité empirique » indépendante de notre « conscient intérieur », cette théorie comporte tout de même un fond de vérité. Nous n'allons pas nous fatiguer à vous dire quel est ce fond puisque, selon toute vraisemblance, vous n'existez pas. Mais ce fond, lui, existe. Il existe ! On peut le sentir si on est suffisamment « nihilique ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mercredi 14 juillet 2021

Mystères

 

Même si l'on admet que l'homme du nihil — ce solipsiste invétéré — est bien ce qu'il prétend, à savoir « celui qui est », on ne peut échapper à la question : pourquoi est-il ? Et que faisait-il dans son être avant qu'il lui plût de créer la « réalité empirique » ? À quoi s'occupait-il, dans le silence éternel d'un espace vide ? Et quelle mouche l'a piqué ? Pourquoi a-t-il décidé de créer l'univers, et cet univers plutôt qu'un autre ? Autant de mystères, autant d'abîmes... Autant de questions auxquelles l'homme du nihil lui-même est bien en peine de répondre. D'après Gragerfis, sa seule défense est : « Ça s'est fait comme ça, désolé. Je devais être un peu patraque. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 1 décembre 2019

Objectification du Moi chez l'homme du nihil


L'autodétermination de la subjectivité coupée du monde, le solipsisme cartésien, nous les retrouvons chez l'homme du nihil. Son Rien ne fait que perpétuer l'objectification d'un Moi qui se représente lui-même comme une chose et, par suite, ce Rien lui-même participe en quelque sorte de cette chose. — Verstanden ?

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

vendredi 8 février 2019

Solipsisme encore


Le monde ? Une simple radicelle de mon conscient intérieur. Rien autre chose.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

jeudi 10 janvier 2019

Paradoxe solipsistique


En rêve, l'homme du nihil vit un grave personnage qui ramassait des oiseaux sur le sol et les passait à sa ceinture. Un épervier de grande taille s'y trouvait déjà, qui les déchirait aussi souvent qu'il le pouvait. Plus tard, quand l'homme du nihil demanda au « monstre bipède » — le pénible « autrui » du philosophe Levinas — s'il avait vu lui aussi l'horrible chasse aux oiseaux, il ne put à aucune force le lui faire avouer. Stupéfaction de l'homme du nihil : « Ce dont se souvient mon imagination, comment cet olibrius peut-il l'ignorer, lui qui n'en est également qu'un scintillement éphémère ? »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 3 décembre 2018

Solipsisme (en manchettes)


Encellulé dans l'icosaèdre du Moi, où toute « réalité empirique » se dilue.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

mardi 27 novembre 2018

Voix intérieure


Solipsiste, ne sois pas angoissé ! Souviens-toi : ces animaux — babiroussas, saumâtres caméléons, moustiques encéphalitiques, gloméruleux pélicans —, ces spectres, ces personnages dégingandés ou hiératiques que tu croises dans la rue n'ont rien que de conjectural. C'est ton imagination qui les affirme.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 19 octobre 2018

samedi 15 septembre 2018

Solipsisme attributif de l'urbain diffus


On sait que le solipsisme est une attitude philosophique d'après laquelle il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité certaine que lui-même. Ce que l'on sait moins, c'est que cette « vision du monde » a causé des dégâts considérables dans le domaine de l'urbanisme. Le géographe Augustin Berque en trace le tableau suivant : « La décomposition des paysages urbains par les formes solipsistes du mouvement moderne, par exemple, exprime ainsi une désurbanité profonde : un rejet de l'être-en-commun et du souci d'autrui dont la notion d'urbanité dit si éloquemment qu'ils s'exprimaient par excellence dans la cité. [...] L'être-vers-la-mort caractérise le solipsisme attributif de l'urbain diffus où l'on ne se soucie pas de transmettre un monde soutenable aux générations futures. »

« Voilà qui est à peine croyable ! », note Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain avant de prescrire « un petit clystère, un petit clystère, bénin, bénin », pour « restaurer l'être-en-commun de la notion d'urbanité » et « éradiquer le solipsisme attributif de l'urbain diffus ».

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

vendredi 17 août 2018

De la réalité du monde


Malgré leur incommensurable suffisance, aucun parmi les « amis de la sagesse » tant anciens que modernes n'a pu démontrer la réalité du monde extérieur. À vrai dire, ce dernier est si instable, si incertain et fluctuant, que le « scepticisme existentiel » devrait être la norme et non l'exception. Pourtant, le vulgum pecus est prompt à taxer d'insanité celui qui dit : « ne vais-je pas voir cette pierre fondre en l'air devant moi et devenir invisible ? » ou encore : « cette bourrelle qui m'empoisonne la vie, n'est-elle pas un automate créé par l'illustre mécanicien Vaucanson ? »

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

vendredi 20 juillet 2018

Solipsisme


Malgré tout le respect qu'inspirent ses grands malheurs et ses grands mérites, le suicidé philosophique reste pour le vulgum pecus comme un étranger. Avec sa requimpette, son colt Frontier et son Plutarque en douze volumes, il se promène toujours seul, et cela suffit à le rendre vaguement inquiétant.

Mais si le vulgum pecus pouvait pénétrer dans sa pachyméninge, l'inquiétude se muerait en terreur. Car en détruisant son Moi, le suicidé philosophique ne se propose rien de moins que d'anéantir le monde tout entier, vulgum pecus compris.


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

jeudi 12 juillet 2018

Fin de partie


Comme les trilobites de la période silurienne, comme les grands reptiles du lias, les mastodontes et les mégathériums de l'époque tertiaire, l'homme est-il condamné à disparaître un jour de la surface de la terre ? Cette question, qui semble surpasser la compétence du raisonnement humain, le suicidé philosophique, ce penseur intrépide doublé d'un solipsiste renforcé, y répond positivement en mettant la dernière touche à son chef-d'œuvre : l'homicide de soi-même.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

lundi 2 juillet 2018

Tout doit disparaître


Les sapeurs-pompiers sont intervenus ce jeudi matin au 11, rue des Peupliers dans le quartier de l'Orme pour secourir un homme qui s'est défenestré depuis le troisième étage du bâtiment. Il est tombé sur une voiture.

Selon les premières investigations, le désespéré s'était persuadé que le Moi individuel constitue toute la réalité, et que les autres Moi n'ont pas plus d'existence que les personnages des rêves. Cette attitude mentale, souvent présentée comme une conséquence logique du caractère idéel de la connaissance, est appelée solipsisme par les philosophes, selon une source policière. Elle pourrait être la cause de son geste fatal. En se tuant, supposent les enquêteurs, il ambitionnait sans doute de « détruire le monde ».

Blessé grièvement, le suicidé a été pris en charge et transporté au centre hospitalier Saint-Charles de Saint-Dié-des-Vosges, mais le pronostic des médecins est très réservé quant à la capacité de son Moi à persévérer dans l'être. (L'Est Républicain, 23 novembre 2017)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

vendredi 15 juin 2018

Conjecture du coureur solitaire


Considérons k coureurs sur une piste circulaire de longueur 1. Au temps t = 0, tous les coureurs sont à la même position et commencent à courir à des vitesses deux à deux distinctes. Un coureur est dit solitaire au temps t s'il est à une distance d'au moins 1/k de tous les autres coureurs. La conjecture du coureur solitaire affirme que chaque coureur sera solitaire à certains moments.

Il est plus que probable que cette solitude lui fera sentir avec une intensité extrême son isolement, que Heidegger nomme « solipsisme existential » et qui est la forme fondamentale du sentiment de la situation originelle de l'étant existant. Tous les appuis de la quotidienneté se sont évanouis. Le Dasein éprouve un sentiment confus et massif de foncière étrangeté et de totale insécurité dans un monde où il n'est plus « chez soi ». Il sombre dans une morne apathie et se demande ce qu'il est venu faire dans cette folie de vagues et de vent. Puis, quand l'idée de l'homicide de soi-même commence à souffler en bourrasque, il n'a d'autre choix que de se réfugier dans la cabine du bosco et d'y lutter pour conserver son équilibre et un semblant de dignité.


(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)