mercredi 27 novembre 2024

Pitié pour le romancier de l'absurde

 

Si les gens se contentaient de citer Sacha Guitry ou Tristan Bernard... Mais il faut aussi, pour se faire mousser, qu'ils citent le négateur universel Émile Cioran, le penseur paradoxal Frédéric Nietzsche et le romancier de l'absurde Albert Camus, les salops ! Arrière ! Bas les pattes ! Pas touche au romancier de l'absurde, au moins !
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Déchéance

 

La vie, ça ne commence pas si mal, on est assis dans le fauteuil à oreilles des Auersberger, on mange des petits fours, on écoute les conversations... Mais très vite, la situation se dégrade, on doit quitter le fauteuil à oreilles des Auersberger, et finalement, après des années de déchéance, on se retrouve assis sur la banquette de la salle Bordone, seul, vieux, perclus de rhumatismes, à attendre la mort. Seule consolation : on peut apercevoir l'Homme à la barbe blanche du Tintoret (en se penchant un peu).
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Mon pote le citant

 

Qu'ont les gens à citer ? Pourquoi citent-ils ? Ne voient-ils pas que c'est humiliant, de citer ? Est-ce que nous citons, nous ? Nous ne citons pas !
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Pas Keats

 

Les personnes qui citent Keats n'ont honte de rien. Elles mériteraient le supplice du pal. Si elles veulent tellement faire « jore », elles devraient le faire avec quelqu'un d'autre. Parce que Keats... non. Déjà qu'il ne supportait pas la souffrance d'être heureux... alors être cité par des imbéciles qui font « jore »...
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)