vendredi 7 décembre 2018

Océanographie du Rien


« Le mérou est une foutaise », disait le commandant Cousteau, lequel avait terminé ses études de biologie marine en s'adonnant au billard à trois bandes et à la lecture de Schopenhauer et de Raymond Doppelchor.

(Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein)

Interlude

Sadiste lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

Un désespéré


Pour attester les actions brutales, nous ferons choix des suicidés philosophiques, et d'abord de l'un d'eux, originaire de Nelson, au nord de la Nouvelle-Zélande. Tordu, désarticulé — l'apophyse odontoïde étant presque entièrement sortie de l'anneau —, il évoque une flamme comme on en voit effilochées par la brise du soir. Mais cette fois, une magie a saisi la flamme au moment de sa dispersion : la voici devenue solide et restée mince, image durable et véridique de la puissance du pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Plus de grinçant !


Chaque existence est un poëme où retentit l'atroce ironie du Grand Tout.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Laimargue


15 août. — Le laimargue du Groenland est l'un des plus gros requins carnivores de la planète avec le requin blanc, et l'un des plus gros poissons de l'Arctique. Bathybenthique, on le trouve le plus souvent entre 200 et 400 mètres de fond. Muni de dents très effilées, c'est un prédateur foudroyant qui chasse le calmar, différents mammifères marins comme le phoque et le marsouin commun, et toutes sortes de poissons osseux (saumons, harengs) et cartilagineux (autres requins, raies). C'est aussi un charognard. Selon Gragerfis, il n'hésiterait pas à dévorer des bélougas, des narvals, des phoques et des restes d'animaux dont le chien et le cheval, englobant dans sa voracité solipèdes et fissipèdes.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme foulant aux pieds l'œuvre d'Étienne-Marcel Dussap

Écorchés vifs


Si les nihiliques présentent cet aspect scoriacé, c'est qu'ils ont été fondus en de terribles creusets souterrains. Ils semblent continuer de se hérisser et presque d'exploser : partout déchirés, partout agressifs et rebelles, ils fixent les sursauts d'une pensée courroucée, qui se bat, qui se rebiffe où et comme elle peut — celle du Rien

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Plus fort que de jouer au bouchon


« Je décide de bouger le bras, et effectivement je le bouge.
— Comment cela ? »


(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Paresse


28 janvier. — Paresse, chez les Romains, était une divinité allégorique, fille du Sommeil et de la Nuit. Elle fut métamorphosée en tortue pour avoir écouté les flatteries de Vulcain. Le limaçon et la tortue lui étaient consacrés. Je décide de placer ma journée sous son auspice.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)