Maurice
Blanchot a vécu sa vie en vain. Il a produit une couple de livres
effrayamment fastidieux, il a promené son Moi à droite et à gauche, il a
un peu fait le « golmon » avec Georges Bataille, et puis il est mort. Que
reste-t-il de lui aujourd'hui ? Rien. Absolument rien. C'est comme s'il
n'avait jamais existé. Sa vie a été fausse de bout en bout. Il aurait
mieux fait de ne pas naître.
Manquer
put sa patrie au grand Osuna, mais non à sa défense ses exploits (nous
dit Quevedo). Le nihilique, c'est différent. Sa patrie, c'est le Rien,
et elle ne lui a jamais fait défaut. Quant aux exploits... il n'en a pas
réalisé des masses, si ce n'est celui de vivre, jour après jour, une
minute après l'autre. Et il n'en est pas fier, oh non — bien le
contraire, plutôt.
Les
gnostiques alexandrins niaient l'humanité corporelle du Christ. Ils ne
pouvaient admettre qu'il fût soumis aux misères de la physiologie —
production de matière fécale, largage de « caisses » consécutif à
l'ingestion de flageolets ou de choux de Bruxelles, etc. Et comme ils
rangeaient la crucifixion parmi ces « misères de la physiologie », ils
allèrent jusqu'à déclarer qu'un fantôme avait été crucifié à sa place.