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mardi 10 décembre 2024

Attaque de bartlebisme

 

Il y a des moments où on a envie de s'asseoir là et de ne plus bouger « jusqu'à la consommation des mondes ». On ne le fait pas mais... attention, hein : on pourrait le faire.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 5 décembre 2024

Alter ego

 

Ne nous mentons pas à nous-même en nous identifiant à Bartleby ou à Oblomov. Ces deux « athlètes du Rien » gardent de la grandeur dans leur déchéance. Notre véritable alter ego est le Makar Dievouchkine des Pauvres gens, qui n'est lui-même qu'« une épreuve plus développée et plus noire d'Akaki Akakievitch, le type grotesque d'employé créé par Gogol » selon les mots d'Eugène-Melchior de Vogüé — en d'autres termes un ver de terre.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

jeudi 21 novembre 2024

Achab, c'est nous

 

Si nous n'étions aussi modeste, nous pourrions croire que Melville nous a pris pour modèle quand il a créé le capitaine Achab. Comme dirait l'autre, le capitaine Achab, c'est nous. Une grosse baleine nous a fait du tort et maintenant nous voulons nous venger.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

vendredi 22 décembre 2023

Mocha Dick

 

Le véritable nom de la baleine blanche n'était pas Moby Dick mais Mocha Dick. Elle était, nous dit l'explorateur Jeremiah Reynolds, « couverte d'une énorme quantité de pouces-pieds, beaucoup plus que la normale pour son espèce, ce qui lui donnait un aspect rugueux ». Chez Melville, ce cachalot symbolise l'idée du Rien — tandis que l'antipathique capitaine Achab incarne la fétide et rébarbative « réalité empirique ».
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

vendredi 3 novembre 2023

Poteaux d'angle

 

Même quand on est seul — seul comme une pesse sous la pluie, seul comme Franz Kafka —, on a quelques poteaux : Oblomov, Bartleby, Johan Nilsen Nagel...
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 8 mars 2023

On s'y perd

 

Si vous cherchez dans la littérature une réponse à la question « comment vivre », bon courage. Entre Bartleby qui préférerait ne pas et Barkis qui veut bien, il y a de quoi être déboussolé. Comment savoir sur quel pied danser ? Qu'il est pénible d'être livré à soi-même ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 20 mai 2018

Un homme qui dort


À Constance, Martin Heidegger est malheureux. Le séminaire est une ruine, la ville est sinistre ; quand il ne pleut pas, on est dévoré par les aoûtas, et les religieux sont de patibulaires canailles.

L'ennui le dévore, il ne digère plus, il ne dort plus, il ne respire qu'avec peine, et la vie est pour lui un supplice. Par chance, il tombe sur un roman de Georges Perec, Un homme qui dort, et ce portrait d'une solitude urbaine, autant inspiré par Kafka que par le Bartleby de Melville, l'aide à tenir le coup. Il développe une véritable passion pour le « chantre de l'absence douloureuse » et dévore tous ses ouvrages dès leur parution, ce qui accroît encore cette susceptibilité nerveuse qui s'était annoncée dès sa première enfance. À quatorze ans, il a déjà conçu une forte haine de la fastidieuse « réalité empirique » qui forme l'arrière-plan de l'existence humaine, et une inclination non moins forte pour l'ontologie critique.

En 1906, ses parents, horrifiés de sa taciturnité, de sa morosité, de son aversion pour la société, le font transférer au petit séminaire de Fribourg.


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)