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vendredi 22 novembre 2024

L'être est une tête de veau à la vinaigrette

 

Normalement, quand on ne sait rien sur l'être et qu'on a le malheur d'être interrogé, on n'en mène pas large. Mais Heidegger, lui, ça ne le dérangeait pas. Il disait ce qui lui passait par la tête. Il inventait au fur et à mesure. Son excuse était que selon Aristote, « l'être se dit de multiples façons » — alors pourquoi pas comme ça aussi.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

mardi 19 novembre 2024

Impératif catégorique

 

Pour Gilles Deleuze, se jeter par la fenêtre était un impératif catégorique, conforme à la règle énoncée par Kant : « Agis de telle sorte que le principe de ton action puisse être érigé en loi universelle. » Mais il y voyait un autre aspect intéressant : en se jetant par la fenêtre, on s'inscrit dans une critique de la philosophie eudémoniste propre à plusieurs auteurs antiques, notamment Aristote, selon laquelle le bonheur serait le souverain bien et la fin ultime de l'existence humaine.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

vendredi 8 novembre 2024

Des veaux et des hommes

 

Aristote, dans son Livre des animaux, enseigne que si l'on prend de la cire et qu'on la broie sur les cornes d'un veau, on le mènera partout où l'on voudra sans peine. Ne nous hâtons pas de rire de ce veau, car le monstre bipède, c'est pis : on le mène avec de simples mots, des mots tels que liberté, égalité, ou encore — c'est plus rare mais cela arrive — hystricognathe.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

samedi 24 août 2024

Misologos

 

Aristote ne plaisante pas avec le principe de contradiction. Il n'a pas de mots assez sévères pour ceux qui s'assoient dessus (genre Héraclite). Il dit que celui qui pose son gros fiak sur le principe de contradiction, même sans le faire exprès, est un contempteur de la raison — un « misologos ». On peut dire ce qu'on veut, ça dissuade.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

mardi 25 juin 2024

Écharde dans la chair

 

Aristote, dans son Livre des animaux, dit que si l'on oint le cul d'un coq avec de l'huile, il ne peut s'accoupler avec la poule. Maintenant, remplacez le coq par Kierkegaard, la poule par Régine Olsen et l'huile par le « vertige du possible » ou par la « suspension téléologique de l'éthique »... vous avez tous les ingrédients d'un drame.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

jeudi 20 juin 2024

Un philosophe indémontable

 

Théophraste pensait que les truffes étaient des végétaux engendrés par les pluies d'automne accompagnées de coups de tonnerre. Il n'était pas le gars à se laisser démonter. Surtout par des truffes, il ne faut pas charrier. Un successeur d'Aristote !
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mardi 11 juin 2024

Antidote au scepticisme

 

Quand, au réveil, on est pris d'un accès de scepticisme grec, on risque de tomber pour la journée dans des positions relativistes voire nihilistes. Il faut alors ouvrir les Topiques d'Aristote. Le soulagement est immédiat et l'on peut vaquer à ses occupations sans avoir à suspendre son jugement à tout bout de champ.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

jeudi 6 juin 2024

Joie de savoir


Le plus rusé des mollusques, selon Aristote, est la seiche. Pourquoi ? Parce qu'en jetant son encre, elle se rend invisible et en profite pour saisir de gros poissons (et même des muges). Elle est mille fois plus ficelle que le polype et le calmar, qui ne crachent leur encre que quand ils ont peur. Savoir de telles choses embellit la vie. On se féliciterait presque d'exister.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

jeudi 5 octobre 2023

Timeo danaos

 

La philosophie (Socrate, Aristote) et les mathématiques (Euclide, Pythagore) l'ont plongé dans une telle angoisse que le nihilique est désormais comme Laocoon : il craint les Grecs et leurs présents (il y a aussi Demis Roussos et la moussaka).
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 15 mai 2023

Principe du mouvement

 

Allongé sur son canapé en laine, la casquette rabattue le nez, le nihilique pense à un postulat antique sur le mouvement des animaux (énoncé par Aristote, qui dit que le principe du mouvement est l'immobile).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 23 décembre 2022

Hasard et nécessité

 

« Si tu n'avais pas oublié tes clefs ce jour-là, jamais tu n'aurais rencontré cette bourrelle qui devait, quinze ans plus tard, réduire ta vie en charpie. — Oui, cela est vrai. Mais Boèce dit qu'il n'y a point de hasard, qu'il ne peut rien arriver fortuitement. Quant à Aristote, il définit le hasard une conjonction de causes qui produisent non-intentionnellement un effet qui a lieu rarement ou non régulièrement. Alors... Il faut croire que j'étais destiné à morfler, mon cher vieux. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 2 novembre 2022

Sacs à merde

 

Sextus Empiricus affirmait que « tout échappe à la compréhension ». Il disait aussi : « Je ne définis rien ». Courroucé des prétentions des philosophes, il tenait Socrate et Aristote pour des « sacs à merde » et Heidegger pour un « sinistre couillon de la Forêt-Noire, avec son être-au-monde, son être-jeté, son être-pour-la-mort et tutti quanti ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 22 mai 2022

Fluctuations

 

L'homme du nihil se contredit, il se contredit sans cesse. Un jour il dit que « rien n'est », le lendemain il prétend que « tout pue ». Est-ce une façon de montrer son mépris pour la logique et les logiciens (depuis Aristote jusqu'à Łukasiewicz en passant par George Boole) ? Ou est-il simplement « un esprit pas encore formé, un imbécile » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 29 avril 2019

Recettes aristotéliciennes


19 mai. — Aristote, dans son Livre des animaux, enseigne que si l'on prend de la cire et qu'on la broie sur les cornes d'un veau, on le mènera partout où l'on voudra sans peine ; que si l'on frotte les cornes des vaches avec de la cire, de l'huile ou de la poix, on les délivre des douleurs et des maux qu'elles ont aux pieds. Il dit aussi que si l'on oint le cul d'un coq avec de l'huile, il ne peut s'accoupler avec la poule.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

mardi 19 février 2019

Congre toujours


22 décembre. — « On prenait, du temps d'Aristote, des congres dont la longueur égalait 14 à 15 coudées ; et, suivant Eudoxe, dans Athénée, on en voyait près de Sicyone qu'un homme pouvait à peine porter, d'autres, qui étaient aussi longs qu'un chariot ordinaire. Quand ils atteignaient cette étonnante dimension, les Grecs leur donnaient des noms particuliers. Ils avaient remarqué que les congres se nourrissaient de polypes. À cette occasion, Aristote observe que si l'on trouve de ces derniers dont les bras soient rongés, ce sont les congres qui les ont ainsi mutilés. » (M. Baudrillart, Traité général des eaux et forêts, chasse et pêche, Paris, Arthus Bertrand, 1827)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

dimanche 17 février 2019

Un mollusque roublard


27 juillet. — « Le plus rusé des mollusques, selon Aristote, est la seiche. Elle ne jette pas seulement son encre quand elle a peur, comme le polype et le calmar, mais elle se sert de cette liqueur qu'elle a en grande abondance et qui est fort noire, soit lorsqu'il faut échapper à la main du pêcheur, soit lorsqu'elle veut attraper les poissons en se rendant invisible. Elle saisit alors de gros poissons et même des muges. » (Armand Gaston Camus, Notes sur l'Histoire des animaux d'Aristote, Paris, Desaint, 1783)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

vendredi 12 octobre 2018

Frères humains


Selon Aristote, la « communauté » (Koinonia) témoigne de l'élan (hormé) des hommes à vivre ensemble « pour pratiquer des choses bonnes et belles ». Mais à coup sûr, le Stagirite n'eut jamais à parcourir les magasins Dufayel par un samedi après-midi d'octobre afin d'y faire l'achat d'un poêle.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

mercredi 10 octobre 2018

Contre Aristote


En se faisant « sauter le caisson » à l'aide de son colt Frontier, le suicidé philosophique prend part à cette première violation du dogme aristotélicien qu'est l'introduction des excentriques et des épicycles, avant que le système du monde des Anciens ne trouve sa forme définitive dans le système ptoléméen.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

jeudi 16 août 2018

Du vide


D'après Aristote — qui, comme plus tard le mathématicien Cantor, était un être profondément antinihilique —, l'idée d'un espace sans matière mais pouvant contenir de la matière impliquait une contradiction.

Plus sagace était le philosophe médiéval Nicolas Oresme qui disait que « nos sens ne peuvent atteindre cette espace hors du ciel. Toutefois raison et vérité nous font cognoître que elle est » (Livre du Ciel, I, fol. 38 b).

L'homme du nihil, encore plus sagace, soutient que nos sens peuvent atteindre le vide (vu comme un « néant réalisé »), et qu'il suffit de prendre l'omnibus pour en faire l'expérience : « Oh ! ces visages, dans l'omnibus !... ces visages mornes, tassés et roulant, dans l'omnibus !... Et tout ce que contiennent de vide, tout ce que contiennent de néant tragique, ces yeux, ces yeux, ces yeux !... »


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

lundi 13 août 2018

Souci


Il s'agit désormais, pour Heidegger, de mettre en évidence l'enracinement de la theoria et de la praxis dans le nouveau concept de « souci » (die Sorge) que lui ont fait découvrir sa fréquentation du Livre X des Confessions de Saint Augustin et ses travaux sur les premiers chrétiens (qui avaient le souci permanent d'éviter de se faire dévorer par les lions).

Il va s'acharner à trouver les linéaments de ce « souci » dans l'œuvre du Stagirite et il y dénichera finalement quelque chose qui peut faire office de cousin présentable, une fois paré d'une requimpette dialectique idoine, le concept de « prudence », la Phronesis.

Ce « souci » va devenir progressivement l'essence même de l'« être » de l'homme dans Sein und Zeit, en même temps qu'il va envahir la vie de Heidegger du fait du caractère de plus en plus acariâtre de sa femme et du comportement de plus en plus écervelé de la fille Arendt.


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)