Affichage des articles dont le libellé est Nietzsche Friedrich. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Nietzsche Friedrich. Afficher tous les articles

jeudi 27 octobre 2022

Was mich nicht umbringt

 

Un jour qu'il était « gonflé à bloc », le philosophe Frédéric Nietzsche aurait déclaré que tout ce qui ne le tuait pas le rendait plus fort. Mais il aurait mieux fait de s'abstenir, car cette phrase a été répétée depuis par une multitude de céoènes cherchant à passer pour profonds. Par ailleurs, elle est risiblement inexacte. Car il y a plein de choses qui ne nous tuent pas sans pour autant nous rendre plus forts (par exemple le vocable zingibéracé) mais on ne va quand même pas commencer à discuter.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 29 juin 2022

Régosol non tamisable

 

Frédéric Nietzsche a raison de dire que la plus grande humanité se manifeste dans le geste d'éviter la honte à quelqu'un. Car le souvenir d'une humiliation est comme conservé dans un régosol non tamisable, il est voracement indélébile.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 27 avril 2022

Sinistre savoir

 

Le nihilique « sait ce qu'il sait ». Contrairement à celui du « penseur paradoxal » Frédéric Nietzsche, ce savoir n'est pas gai et en aurait sans doute anéanti plus d'un. Mais lui dure, un jour après l'autre, ne lui demandez pas comment...

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 8 août 2021

Névrose

 

La femme est le véritable « homme du ressentiment » nietzschéen. C'est cela, et rien autre chose, qui explique son exorbitante méchanceté.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 14 août 2018

Le grand jeu


Retrouvant des intuitions centrales d'Héraclite et de Nietzsche, les prolongeant et les systématisant, le suicidé philosophique tente de rassembler en un tout cohérent crosse, canon, barillet, percuteur et queue de détente pour en faire la pièce centrale de sa philosophie de l'existence. Il interroge en ce sens magie et mythes, religions et cultes, philosophie et esthétique, avant de se rabattre sur le Petit manuel d'armurerie de Henri Baret (Imprimerie Dumas, 1927).

Dépassant la distinction tranchée entre ludique et sérieux, et d'accord en cela avec le philosophe Eugen Fink, il voit le monde comme un jeu sans joueur et l'homme comme une espèce de « mobile sur coussin d'air » quand ce n'est pas un « agrume désaxé des champs agricoles ».

Il sait que tout homicide de soi-même est à la fois réel et irréel, mais cela n'entame pas sa détermination à se « faire sauter le couvercle ».


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

mardi 31 juillet 2018

Généalogie du nietzschéisme


Entendre  jour et nuit résonner à son oreille les paroles terribles : « Écoutez, ossements desséchés, écoutez la parole de l'Éternel ! » 1... N'y a-t-il pas là de quoi devenir complètement « maboul » et concevoir des théories telles que celles de l'« Éternel retour » et du « Surhomme » ?

1. Ézéchiel, 37 : 4.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mercredi 18 juillet 2018

Nietzsche


À la fin des années trente, Heidegger se prend de passion pour Nietzsche et rédige deux épais volumes sur le « penseur paradoxal ».

Il se plaît à constater que, comme lui, Nietzsche attaque la métaphysique et ses illusions. Mais les deux penseurs partagent d'autres hobbies. Déjà en 1935, avec l'Introduction à la métaphysique, on avait pu noter leur intérêt commun pour les présocratiques et pour une « vie libre et volontaire dans les glaces et la haute montagne » (Heidegger possède en effet un un piolet et des chaussures à crampons, souvenirs de ses années de jeunesse où il allait à la découverte de la « spatialité existentiale »). Un autre terrain d'affinité est la mise en question de l'humanisme et de l'anthropocentrisme.

Par contre, avec l'« Éternel retour du même », Nietzsche ne fait, pour Heidegger, que reprendre dans une formule plus obscure le thème constant de la métaphysique depuis l'origine, à savoir celui de l'être comme présence permanente, cet être placé au fondement de l'étant comme subjectum sous-jacent, ou subjectité.

Aussi bien la métaphysique de la substance (celle d'Aristote), que celle de la subjectité (celle de Nietzsche), manifestent l'oubli de la phusis, du monde et de l'histoire du dévoilement. L'être au sens propre ne peut pas être pensé à partir de l'étant, « ce serait tout de même, s'exclame Heidegger, un peu fort de café ! »


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)

dimanche 15 juillet 2018

Volonté de puissance


« Le mégalomaniaque présente une physionomie caractéristique qui réfléchit, d'une manière remarquable, les préoccupations orgueilleuses et les sentiments exclusifs qui dominent son esprit. Les traits de son visage, la manière de se tenir, de se mouvoir ; sa démarche originale, sa pose excentrique, la bizarrerie de ses manières, sa façon d'énoncer que "l'essence la plus intime de l'être est la volonté de puissance" et que "la vie est essentiellement l'effort vers plus de puissance", tout dans son extérieur forme un ensemble de phénomènes suffisant pour faire reconnaître à l'œil exercé de l'observateur la nature des conceptions délirantes, alors même que celles-ci ne se manifesteraient pas d'une manière évidente. » (Henri Dagonet, Nouveau traité élémentaire et pratique des maladies mentales, Paris, J.-B. Baillière, 1876)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

lundi 2 juillet 2018

Un fatidique bourrineau


Le 3 janvier 1889, alors qu'il prend les eaux à La Bourboule pour soigner une « constipation conceptuelle opiniâtre », le philosophe Frédéric Nietzsche se jette en pleurant au cou d'un cheval de fiacre brutalisé par son cocher. Son logeur le reconduit à son domicile où le « penseur paradoxal » demeure prostré durant deux jours avant de sombrer définitivement dans la démence.

Dans sa biographie de Nietzsche, le très inventif Daniel Halévy identifie ce cheval au Dasein et le cocher à l'haeccéité : en utilisant son corps comme un bouclier, le philosophe voulait en réalité protéger l'étant existant du fouet de son éternel tourmenteur !


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

samedi 26 mai 2018

Passagers (Tobias Wolff)


Glen quitta Depoe Bay quelques heures avant le lever du soleil pour échapper aux embouteillages et il se trouva noyé dans un épais brouillard ; il devait se pencher et faire marcher les essuie-glaces pour distinguer la route. Bientôt, l'effort constant et le rythme hypnotique des essuie-glaces le plongèrent dans l'hébétude, et il sortit vers une station-service pour s'asperger la figure et se payer un café.
Il complétait son plein d'essence en écoutant le grondement des vagues sur la plage de l'autre côté de la route quand une fille sortit de la station et commença à nettoyer son pare-brise. Elle avait des mèches décolorées et portait des bottes montantes à talons hauts par-dessus son blue-jean.
Quand elle eut fini, il lui tendit sa carte de crédit, mais la fille rit et lui dit qu'elle ne travaillait pas là.
— « En fait, dit-elle, j'étais en train de me demander vers où tu allais.
— Vers le nord, dit Glen. Seattle.
— Quelle coïncidence ! fit-elle C'est là que je vais, moi aussi.
— Il n'y a pas plus de coïncidence que de beurre au prose, dit Glen. Tout est coïncidence et tout est nécessaire. Aucune explication ne dissipe le sentiment de hasard qui suit, comme son écho, l'intuition que le monde est à la fois étrange et explicable, injustifiable et impérieux, nécessaire, mais sans pourquoi. L'énigmatique absence de mystère est une invitation permanente à nous livrer en aveugles au hasard qui nous entraîne, comme on accorde à la vie le bénéfice du doute. "Le caractère général du monde, écrit Nietzsche, est de toute éternité chaos, non pas au sens de l'absence de nécessité, mais au contraire au sens de l'absence d'ordre, d'articulation, de forme, de beauté, de sagesse, et de tous nos anthropomorphismes esthétiques quelque nom qu'on leur donne..."
— Mon vieux, tu m'as l'air d'un drôle de zigue ! On croirait entendre cette cloche de Raphaël Enthoven. Je crois que je vais plutôt aller à pied. »


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

vendredi 18 mai 2018

La semaine des victimes de la « temporalité du temps »


« La Semaine bleue, action nationale consacrée aux retraités et personnes âgées, se déroule à partir de lundi. La Ville, le Centre communal d'action sociale et la résidence Les Prunelles proposent de nombreuses activités aux seniors mais aussi aux plus jeunes de Romorantin et de Pruniers pour "mieux vivre ensemble".

Lundi, au château de Beauvais, premier rendez-vous intergénérationnel, avec promenade et jeux d'adresse, suivi d'un pique-nique (reporté en cas d'intempéries). L'association de médiation animale Iaca proposera un atelier à partir de 14 h 30 pour apprendre à tisser des liens naturels entre humains et animaux. Les participants seront invités à discuter de la philosophie de Frédéric Nietzsche avec une gerbille de Mongolie.

Mardi, place à la musique avec Manu, des Copains d'abord, qui chantera Brassens à 14 h 30.

Mercredi, les "vieux jetons" et les moutards auront le choix entre "une gourmandise de légumes" et "comment fabriquer des bonbons". Le lendemain, tout le monde sera convié à écouter des "histoires et chansons de doudous" avec les enfants du relais d'assistantes maternelles des structures petite enfance.

Mercredi, aux Prunelles à Pruniers, et jeudi, à l'espace Robert-Serrault, Pascal Gomez animera une séance sur les bols tibétains. Moment de relaxation garanti !

Final en apothéose avec concours de belote au château de Beauvais, mais auparavant, de 10 h à 11 h 30, se tiendra un stand pour "écrire à la plume comme autrefois", et à 14 h, au cinéma le Palace, aura lieu une projection du film "Le Dasein s'est échappé" de Terence Fischer, avec Christopher Lee dans le rôle de l'infernale créature heideggérienne.

Un formidable programme qui vous donnerait presque envie d'être vieux, et qui démontre en tout cas que la vieillesse n'est pas forcément, comme le pensait le romancier Romain Gary, une chose "catastrophique", "atroce" et "dégoûtante". » (La Nouvelle République, 30 septembre 2017)


(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)

mardi 15 mai 2018

Noël solidaire avec les sans-abri


« Sébastien, Alexandre, Cédric et les autres sont des citoyens "ordinaires". Trentenaires ou presque, ils ne font partie d'aucune association caritative, aiment s'amuser entre amis, sont imperméables à "l'intranquillité" pessoaïenne et mènent une vie paisible à Martigues. Mais depuis quatre ans, ils ont eu l'idée de s'investir au moment des fêtes de Noël.

"On va souvent faire nos achats de fin d'année à Aix et quand on repart avec nos paquets, on voit ces sans-abri qui n'ont rien, racontent-ils. Nous, on va réveillonner en famille, eux n'ont rien ni personne, alors on a eu envie de leur offrir des cadeaux pour Noël. Nous savons bien que selon Nietzsche, les compatissants se leurrent quand ils s'imaginent éprouver et agir de manière purement désintéressée ; que d'après lui, la pitié dénie à l'homme toute grandeur, toute capacité à supporter la souffrance, qu'elle n'est pas une vertu tonique, affirmatrice. Mais c'est plus fort que nous."

Chaque année, à l'approche de Noël, ils gâtent ainsi une dizaine de sans-abri trouvés au hasard des ruelles d'Aix. Pour fédérer un maximum de personnes qui voudraient, elles aussi, faire une bonne action en cette période de fêtes, la bande de copains a décidé de créer une page Facebook Un Noël solidaire avec les sans-abri. "L'objectif, cette année, est de faire une distribution dans deux villes", indique Sébastien. Les trois amis souhaitent couvrir de cadeaux dix sans-abri dans les rues d'Aix le 23 décembre prochain et recherchent des bénévoles pour organiser la même action à Marseille.

Dans la foulée, une cagnotte participative a été ouverte afin de collecter des fonds. "Nous sommes conscients que ce n'est pas notre bonne action qui changera le quotidien des sans-abri, expliquent les jeunes. Seul l'homicide de soi-même le pourrait, en mettant fin à la douloureuse haeccéité où ils sont embouqués. C'est pourquoi nous ne souhaitons pas distribuer de produits de première nécessité. Au contraire, nous voulons leur offrir du plaisir, du superflu, de l'extra et du festif". Blinis, foie gras et même mousseux feront partie du repas de fête proposé aux sans-abri, le tout emballé dans un beau paquet. Selon le budget, une belle couverture, un pull ou un flacon de taupicide pourront compléter le colis. 


En résumé, la bande d'amis souhaite leur offrir "ce que les associations ne leur donneront pas, pour qu'ils ne se sentent pas exclus, et qu'ils gardent confiance en l'être humain, malgré tout le mal qu'a pu en dire Schopenhauer". » (La Provence, 19 décembre 2017)

(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)

jeudi 10 mai 2018

Avis de décès


« Madame Prascovie Réel a la douleur d'annoncer à ses parents et amis la mort de son époux bien-aimé, Edmond Réel, conseiller à la Cour d'appel, décédé le 4 février 1882. La levée du corps aura lieu vendredi, à une heure de l'après-midi. » — Nietzsche et sa « mort de Dieu » sont dépassés.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)