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dimanche 14 avril 2019

Prêcher d'exemple


« Voir clair » (Gragerfis), être « dans l'immédiate proximité du Rien » (Banquine), « écarter les rideaux qui nous séparent du pachynihil » (Doppelchor). Et puis, par l'homicide de soi-même, propager cette révélation, aider les autres à s'ouvrir à leur tour.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 13 avril 2019

Littérature


L'homme du nihil est incapable de concevoir la littérature autrement que sous la forme non-risible du suicide.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 12 avril 2019

Nostalgie du Rien


Exclu du rêve, de la contemplation, exempt de tout désir et de tout idéal, l'homme du nihil se sent devenir pierre. Pour lui, le monde est « un brugnon pourri dont le noyau est du vide ». Seule l'autre réalité — le pachynihil — lui permet encore de supporter l'existence. Sans cette ouverture, celle-ci n'est plus que cendre morte, désert de poussière. Le pachynihil, c'est « très exactement cela en nous qui se rétracte quand nous entendons parler de séries algébriques », écrit un auteur qu'il connaît bien, Robert Musil. Mais comment recouvrer cette part d'insaisissable si ce n'est par l'homicide de soi-même ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 6 avril 2019

Force majeure


12 avril. — Plotin a sur l'homicide de soi-même une doctrine moins intransigeante que celle de Porphyre et de Macrobe. Il admet que le sage peut se donner volontairement la mort en cas de nécessité absolue, par exemple pour échapper à la folie ou aux souffrances intolérables dues à l'haeccéité.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

jeudi 4 avril 2019

Cloison infrangible


« Frontière scellée, invisible et dure paroi, d'autant plus hermétique qu'on s'en approche : l'homicide de soi-même. » (Gragerfis, étang de Soustons, deux heures de l'après-midi)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 2 avril 2019

Point d'appui


Au contraire de Mallarmé, l'homme du nihil n'a pour « séjour » ni le mot ni la parole mais le Rien. Ainsi lui est-il arrivé de parler de sa propre « théologie du pachynihil ». Les techniques formelles qu'il promeut — à commencer par l'homicide de soi-même — reflètent, reproduisent et prolongent son intuition éthico-physique qui veut que pour avancer dans le dangereux steppe des « états de conscience », l'homme a besoin du plus stable des sols : l'idée du Rien.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 29 mars 2019

Une œuvre sans fracas


Loin des précieux et des bavards, l'homicide de soi-même s'élabore dans l'austérité : c'est un « pays sévère, nullement bariolé » ; c'est une œuvre timide, crispée comme celle de Jaccottet sur un fond de silence et d'indéfinissable tristesse.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Harpe


Dans son De Vita Sana, Marsile Ficin enseigne à tirer parti de l'influence favorable de la mélancolie (pour écrire de beaux vers), et à conjurer les dangers qui ne cessent de l'accompagner (au premier rang desquels l'homicide de soi-même). Pour éloigner ces dangers, il préconise d'écouter des concerts de harpe, instrument qui selon lui soulage des terreurs et des angoisses phobiques inspirées par le pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 27 mars 2019

Le silence du Rien


Chez le suicidé philosophique, à l'instant suprême, la parole s'efface pour laisser la voie libre à une pure vision, à une intuition parfaitement oublieuse du bruit des mots : celle du pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 26 mars 2019

Un vrai boute-en-train


Le suicidé, farceur par excellence.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Choses du passé


D'une enfance provinciale, de ses attaches familiales dans le Rouergue et le Quercy, pays de causses pierreux, l'homme du nihil a gardé la mémoire de choses qui sont désormais, bien que d'hier seulement, d'un autre âge : le train omnibus, la lumière intime de la lampe à huile, le « taupicide foudroyant Moulin »... Bref, le décor d'une vie plus lente, plus délibérée, où l'on pouvait apprivoiser une durée qui n'était pas encore celle de notre hâte frénétique, mais celle plus sereine des saisons de la terre, et aussi toucher des objets qui n'étaient pas seulement de consommation mais pouvaient aussi, en plus de petits mammifères fouisseurs, servir à exterminer le Moi.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 24 mars 2019

Retour à soi-même


La décision de se détruire peut-être vue comme le retour — douloureux, triomphant — d'une conscience accrue, la nouvelle naissance du sujet à lui-même, la dépossession surmontée. Une fois secoué le joug de la raison pure, l'étant existant se retrouve sous la lumière d'un savoir acéré qui exige la mort.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 21 mars 2019

Discrétion et modestie du suicidé philosophique


La poësie moderne nous a accoutumés à des violences verbales, à des gesticulations effrénées, cris de révolte, sarcasmes claironnants, vastes incantations, etc. Chez le suicidé philosophique, rien de tel. Une voix sourde, presque terne, discrètement mesurée. Pas de formules impérieuses et lapidaires comme chez le pénible René Char, nulle de ces retentissantes « métaplaques métalliques » chères à Ghérasim Luca. Comme si le suicidé philosophique tenait à passer inaperçu, non point par quelque fausse vanité, mais par une réelle tendance à sous-évaluer son œuvre, ce  monument pourtant pharamineux qu'est l'homicide de soi-même. « Accepter sans histoire ses limites, son manque d'éclat, son incertitude, réussir à ne pas feindre le génie, mais se brûler la cervelle élégamment et proprement » (Songeries néantiques, p. 178). Curieusement, cette absence d'éclat, cette pudeur — parfois un peu crispée —, cette réserve à la limite du silence attirent la sympathie et ouvrent à une relation quasi personnelle avec le chantre de la révolvérisation du Moi. On aurait presque envie, soi aussi, de « se faire sauter le couvercle ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 20 mars 2019

Paniers d'osier


Selon Gragerfis — qui l'a sûrement lu dans Cassien —, le travail manuel est le seul moyen que les Pères de l'Église aient trouvé pour lutter contre la mélancolie de la vie solitaire. De son côté, l'homme du nihil est parvenu à la même conclusion ; et c'est en tressant des paniers d'osier qu'il tente de se soustraire au harcèlement de l'ennui, au vertige du temps vide. Ces paniers d'osier sont pour lui un moyen de se cramponner aux lieux que l'acédie l'invite à quitter pour les lointains séduisants du pachynihil. Mais c'est en vain : il arrive un moment où il envoie au diable la vannerie pour presser la queue de détente d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. — Adieu paniers d'osier ! Adieu gravelle et rhumatismes ! Adieu Bourboule aimée, dont la tête hardie défie les hauteurs des cieux ! Adieu philosophie marcellienne !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 18 mars 2019

Sagesse des Anciens


19 mars. — Valère Maxime, II, 6, 7, nous fait connaître un singulier usage des anciens Marseillais : « On garde, dit-il, dans un dépôt public de la ville de Marseille, une potion mêlée de ciguë et destinée à quiconque justifie devant le conseil des Six-Cents (tel est le nom de son sénat) des motifs qui lui font désirer la mort. »

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

samedi 16 mars 2019

Triumph des Pachynihils


Dans l'acte fulgurant du suicidé philosophique, ce qui triomphe, c'est l'envers de l'être, autrement dit le pachynihil. Tout se passe alors comme si la vérité dernière n'appartenait pas à la « vie de tous les jours » ni aux coquetèles mondains, mais au fond nocturne sur lequel cette « vie » et ces coquetèles se déroulent. Quand se taisent l'artifice et la fiction, quand la « réalité empirique » elle-même est dénoncée, quand le Moi ne produit plus ses décrets absolus et ineptes, seule demeure l'obscurité du Rien : un froid mortel se produit.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 15 mars 2019

La lumière aveuglante du suicide


Quand, sur le coup de deux heures, l'homme du nihil referme son Plutarque pour contempler la surface moirée de l'étang de Soustons, il a le sentiment de voir s'y étaler les couleurs pures en lesquelles se décompose la lumière aveuglante du suicide (c'est là tout le contraire de la connaissance confuse qu'on a si souvent relevée chez les héros raciniens).

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 14 mars 2019

Une conjecture désespérante


Si Gragerfis se trompe, si l'homicide de soi-même n'est pas « le dernier recours d'une liberté rebelle aux déterminismes intolérables imposés du dedans ou surgis du dehors », mais s'explique au contraire par une incapacité du Dasein à maîtriser ses affects — ce qui revient à y voir un geste dans lequel justement s'appesantit le déterminisme —, alors la situation de l'étant existant est véritablement désespérée ; alors... il ne reste plus qu'à se pendre.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 11 mars 2019

Contribution au Grand Œuvre


Le suicidé philosophique dévoue toute sa ferveur à constituer quelque communion avec le Rien. Il ne dépend pas de sa volonté ni même de son talent de conférer à son œuvre la grâce ultime d'un style ; ce n'est pas là l'affaire d'une ardeur isolée, mais le fruit d'une obstination unanime. Cependant, eût-il entrepris sans espérer, qu'il n'aurait pas perdu sa peine. Il a travaillé pour sa part à rapprocher tant soit peu l'imprévisible accomplissement de la merveille : l'extinction du « monstre bipède ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 9 mars 2019

Pour empêcher les cheveux de tomber


« Mettez en poudre de la graine de persil et poudrez-vous-en la tête pendant trois soirs différents ; vous recommencerez chaque année, et vos cheveux ne tomberont jamais. Une solution plus économique encore, préconisée par le philosophe Longin, est tout simplement de... se pendre. Mais oui ! » (Pierre-Joseph Buc'hoz, Manuel cosmétique et odoriférant des plantes, Paris, Bernard, 1800)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)