lundi 5 novembre 2018

Les deux fonctions de l'idée du Rien


L'idée du Rien remplit deux rôles principaux à l'égard des nihiliques : elle leur sert d'assiette et concourt à leur nutrition. Mais en raison du peu d'exigence de l'homme du nihil en matière de substances inorganiques assimilables, on peut dire que la première fonction est bien plus importante que la seconde.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune femme lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

Rites funéraires des Égyptiens


Faire couler le cerveau par les narines à l'aide d'un ferrement approprié, n'est-ce pas là le rêve de tout homme que sa pachyméninge tyrannise ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Malchance d'Olybrius


En 472, Ricimer, général de l'Empire romain d'Occident, entre en conflit ouvert avec le nouvel empereur Anthémius. Contre lui, il appelle alors Olybrius, qui bénéficie d'une certaine légitimité comme ancien gendre de Valentinien III, et dispose de l'appui de la classe sénatoriale et du roi des Vandales Genséric.
Olybrius débarque en Italie et est proclamé empereur devant Rome assiégée en avril 472. Mais une fois liquidé Anthémius, Ricimer, qui commandait l'armée d'Italie, décède en août 472. Olybrius quant à lui n'a pas le temps de régner : il décède à son tour en octobre 472.


(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Présence contradictoire


On considère le « Suisse » que l'on vient d'expulser, et il en résulte toujours une stupeur philosophique. Je suis dans ce « Suisse », et je n'y suis pas. Il est moi et non-moi. — On désire une analyse délicate de ceci.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 4 novembre 2018

Interlude

Jeune femme lisant Forcipressure d'Étienne-Marcel Dussap

Vrai refuge


Il y a dans la pensée de l'homicide de soi-même quelque chose de gracieux et de doux qui, dans les jours de malheur, nous vient en aide et nous fait supporter l'adversité avec résignation et courage. ― L'amitié ?... vain mot. L'amour ?... dérision cruelle. Mais le Rien que dispense un colt Frontier ou un flacon de taupicide ! Voilà le vrai refuge !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Manque d'ambition ?


Je pratique un genre méprisé : le vocable 1.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

1. Il s'agit sans doute du vocable « reginglette ». (Note de l'éditeur.)

Mille et unième façon de s'oublier


Suivre à la trace les idées de Salluste, les étiqueter et les classer constitue une tâche que beaucoup ont trouvée absorbante.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

L'actrice Natalie Portman lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Régénération compensatoire


De multiples expériences menées par les savant modernes l'ont montré : après une joie passagère, le dégoût d'exister de l'homme du nihil se reconstitue « aussi vite que la tête d'une hydre d'eau douce après qu'on l'a sectionnée » (Higgins et Anderson, 1931).

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Sarisses (page de journal)


28 novembre. — Théophraste, dans son Historia Plantarum, indique une longueur de 18 « cubes » soit un peu moins de six mètres, pour les sarisses des phalanges séleucide et ptolémaïque. Cependant, son texte signale que sous Alexandre, les sarisses étaient plus courtes. Arrien de Nicomédie, quant à lui, leur donne 4,9 mètres, et Asclépiodote estime que la taille de la sarisse fluctuait entre 4,6 et 5,5 mètres au IV e siècle avant Jésus-Christ. — La connaissance ? Un terrain mou, marécageux, et plein de roseaux.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Scintillement dans les ténèbres


La pensée de se détruire qui allège et mobilise le suicidé philosophique, l'haeccéité qui l'épaissit, composent par leur alternance infiniment rapide un vrai mouvement vibratoire et font papilloter et scintiller la suave idée du Rien.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

Initiation


Pointant son index osseux d'herméneute, l'idée du Rien initie l'homme à des scènes essentielles : René Crevel se suicidant au gaz dans son appartement parisien, Leopoldo Lugones ingérant un mélange de cyanure et de whisky, Nicolas De Staël se jetant par la fenêtre de son atelier d'Antibes, Paul Celan plongeant dans la Seine les poches lestées de cailloux, etc., ainsi que fait le centaure Chiron dans l'éducation d'Achille.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Un hardi pionnier


À notre connaissance, Sanctius est le premier à avoir classé l'hypallage parmi les tropes.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Nerfs


L'idée du Rien, malgré ses extraordinaires propriétés antipyrétiques et analgésiques, s'avère impuissante à protéger l'homme du nihil contre l'angoisse d'exister. — « Ici s'ouvre le procès du système nerveux », dirait le penseur mondain Paul Valéry.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 3 novembre 2018

Interlude

Jeune femme lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Écorces de garou


Voici comment Cuvier, dans son Cours complet d'histoire naturelle, résume le résultat des recherches de Vauquelin sur les écorces de garou : « Primo, le principe irritant des daphnés est primitivement une huile volatile. Secundo, ces plantes sont d'autant plus irritantes que leur végétation a plus de vigueur, parce qu'alors elles contiennent une plus grande quantité d'huile volatile. Tertio, cette huile se convertissant peu à peu en résine, la force irritante des daphnés diminue en proportion. »

— Ne croirait-on pas reconnaître, dans ces « daphnés » ou « garous », le fétide et rébarbatif réel, et dans cette « huile volatile », l'urticante idée du Rien ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Tout le monde ment


Denys d'Halicarnasse trouve le style de Xénophon « inférieur à celui d'Hérodote en élévation et en éclat, parfois diffus, souvent négligé ». M. Frédéric de Rougemont, au contraire, trouve au style de ce grand historien du monde païen « un charme inimitable qui ne peut se comparer qu'à celui du pieux Fénelon ». — Qui croire ?

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Déclin du Moi


« Autrefois, alors qu'il était encore amateur de bon bordeaux, il aimait ponctuer ses adresses au Grand Tout de quelques décharges du colt Frontier qu'il gardait toujours dans une poche de sa redingote, mais désormais son pied goutteux le maintenait dans une stricte tempérance. »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune femme lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Périlleuses nuits


Ce n'est pas pendant le jour, lorsque l'action du soleil est dans toute sa force, que l'idée du Rien est le plus redoutable. C'est au contraire lorsque cet astre s'est retiré de l'horizon, lorsque, chez l'homme, l'activité de l'exhalation cutanée et pulmonaire se repose, que lui vient en général la pensée de se détruire.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Fin de parcours


« Terminus, monsieur », dit la voix bourrue du Grand Tout au-dessus de ma tête. 

— L'obscurité, la pluie, la folle poignance du pachynihil, les faubourgs du non-être...

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Ce qui s'appelle « avoir du pot »


Dans une lettre écrite en 1793, le philosophe Johann Gottlieb Fichte déclare qu'il a découvert « un nouveau fondement » sur lequel pourra s'édifier le système de la philosophie en sa totalité. 

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune fille lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Une étonnante invention


Vers 1794, le philosophe Johann Gottlieb Fichte décide d'associer les propriétés élastiques de l'air aux principes de l'idéalisme transcendantal. Le Moi gonflable était né. Plus tard, l'existentialiste Martin Heidegger lui apporte une étonnante résistance aux chocs et aux secousses les plus violentes. Il greffe sous l'enveloppe du Moi une carcasse formée de concepts (avenance, conjointure, devancement, facticité, etc.) distribués en étoile, eux-mêmes recouverts par plusieurs nappes de fils rigides. Son invention, qu'il baptise Dasein, obtient un succès fulgurant qui ne devait jamais se démentir.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Page de journal


5 novembre. — Selon Théophraste, le temps est un accident du mouvement, lui-même conséquence nécessaire de toute activité. Par ailleurs, parlant du séneçon commun, il note que l'erigeron fleurit presque toute l'année et que c'est une plante potagère peu estimée.

(Théasar du Jin, Journal ontologique critique)

Traitement de choc


« Afin de faire perdre au philosophe sa fétidité, on a essayé divers agents : l'eau bouillante, l'alcool, l'éther, l'essence de térébenthine, l'acide acétique, une solution alcoolique de potasse... ; mais ces agents s'avèrent trop brutaux : ils réduisent quelquefois "l'ami de la sagesse" à une petite masse punctiforme dans laquelle on ne peut plus distinguer aucune trace de concept. J'en dirai autant de la cuisson, qui peut offrir des avantages pour les philosophes volumineux, mais qui doit être regardée comme un procédé en général très médiocre. » (Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, tome III, Masson et Fils, Paris, 1870, p. 544)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)