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mercredi 6 mai 2020

Paradoxe de l'amitié


Le paradoxe de l'amitié est un phénomène découvert par le sociologue Scott L. Feld, qui consiste en ceci qu'un individu possède en moyenne moins d'amis que ses amis. Il ne s'agit d'un paradoxe qu'en apparence, car ce phénomène bien réel peut s'expliquer par certaines propriétés mathématiques des « réseaux sociaux » (l'inégalité de Cauchy-Schwarz notamment). Fait remarquable, l'homme du nihil constitue un cas d'inapplicabilité de la règle car il n'a pas d'amis : il est ce qu'on appelle vulgairement un « rémi ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 5 mai 2020

Déplaisir


Après qu'il eut été comme qui dirait « mis au monde », l'homme du nihil se trouva fort marri (il eut un extrême déplaisir) de se voir affublé d'un Moi.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

lundi 4 mai 2020

Source


Dans le recueillement et la concentration, l'homme se saisit dans son écrasante solitude. Qu'il persévère, qu'il pénètre plus avant dans le mystère de son intériorité, le voici animé, s'abreuvant à la source d'eau vive qui ruisselle en lui : le pachynihil.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 3 mai 2020

Paradoxe de Moravec


Le paradoxe de Moravec tient en ceci que « le plus difficile en robotique est souvent ce qui est le plus facile pour l'homme ». Énoncé par le roboticien Hans Moravec, ce paradoxe indique qu'il est beaucoup plus facile de faire simuler par un programme informatique le raisonnement de haut niveau que les aptitudes sensorimotrices humaines. Selon Marvin Minsky, cette situation paradoxale peut s'expliquer par le fait que, lorsque le cerveau humain maîtrise parfaitement une tâche, celle-ci ne s'exécute pas consciemment et n'est donc pas reconnue comme difficile. Il n'en va pas de même des tâches faisant intervenir des notions complexes telles que celle de pachynihil. Et il est exact qu'attraper un tournevis dans une boîte à outil paraît — à tort s'il faut en croire Minsky — plus facile que de concevoir que « rien n'est » !

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 2 mai 2020

Paradoxe du barbier


Le conseil municipal d'un village vote un arrêté qui enjoint à son barbier de raser tous les habitants masculins du village qui ne se rasent pas eux-mêmes. Comment le barbier va-t-il échapper au désespoir, si ce n'est par la pensée que « rien n'est » et qu'il peut, grâce au taupicide, quitter à tout instant ce « monde de néant » ?

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mercredi 29 avril 2020

Paradoxe sorite


Le paradoxe sorite, aussi appelé paradoxe du tas de sable, s'énonce de la façon suivante : d'une part, un grain isolé ne constitue pas un tas ; d'autre part, l'ajout d'un grain ne fait pas un tas d'un non-tas. On en déduit qu'il est impossible de constituer un tas par l'accumulation de grains. Ce paradoxe repose sur l'absence de définition quantitative précise du tas. Comme l'existence — en particulier celle de l'homme du nihil —, le tas est un concept vague et sa modélisation nécessite l'emploi de la logique floue. Dans le cas de l'existence, on peut aussi utiliser un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 28 avril 2020

Paradoxe d'Abilene


Par un torride après-midi de juillet, les Thompson jouent aux dominos sur le porche de leur maison située dans la banlieue d'Abilene, au Texas. Il y a là Fred et Mabel Thompson, ainsi que les parents de cette dernière, Albert et Judy, venus leur rendre visite. Soudain, Albert lance : « Et si on se pendait ? » Mabel répond : « Ça a l'air d'être une bonne idée. » Fred, bien qu'il ait des réserves en raison de la chaleur, a peur de passer pour un rabat-joie et dit : « Ça me semble bien. J'espère juste que Judy est d'accord. » Celle-ci dit alors : « Bien sûr que je suis d'accord. Ça fait longtemps que j'éprouve la pénible sensation de vivre isolée dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. Ça suffit comme ça. »
Aussitôt dit, aussitôt fait, tout le monde se pend. Pourtant, un observateur capable de lire dans les pensées aurait pu constater qu'aucun des protagonistes ne souhaitait véritablement se pendre (ils auraient préféré utiliser, qui le taupicide, qui le revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe).
La principale leçon à tirer de cette anecdote est que, dans certaines conditions, un groupe non structuré peut entériner des décisions par consensus alors qu'en fait, aucun des participants ne soutenait la proposition initiale (et aucun n'aurait voté en faveur de celle-ci si un vote à bulletin secret avait été organisé).


(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 26 avril 2020

Paradoxe de Doppelchor


Le paradoxe de Doppelchor est un paradoxe que le penseur « nihilique » Raymond Doppelchor présenta dans une de ses conférences, et qui touche à l'incohérence assez particulière de la phrase suivante : « Quelque chose est mais je ne crois pas que quelque chose soit ». La légende veut que Ludwig Wittgenstein, qui en avait entendu parler, surgît chez Doppelchor au milieu de la nuit en insistant pour que ce dernier lui répétât sa conférence. Mais l'acariâtre Doppelchor, qui — selon Gragerfis — « en avait soupé de l'empirisme logique et des empiristes logiques », conseilla à l'auteur du Tractatus « d'aller se faire voir chez Plumeau ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

lundi 20 avril 2020

D'œuf et de poule


Supposons qu'un « ami de la sagesse » demande à un quidam pris au hasard : « Qu'est-ce qui est apparu en premier : l'œuf ou la poule ? » Si le quidam répond : « C'est l'œuf », l'ami de la sagesse lui demande : « Mais qui a pondu cet œuf ? » Si au contraire le quidam répond : « C'est la poule », l'ami de la sagesse lui rétorque : « Mais cette poule sort bien d'un œuf, non ? » Pour résoudre ce paradoxe, l'approche causale classique relève de la sémantique : on peut discuter du sens donné au mot œuf, voire discuter du concept de poule. L'approche nihilique, plus radicale, consiste à affirmer qu'il n'y a « pas plus d'œuf ni de poule que, révérence parler, de beurre au prose » — puisque rien n'est.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 18 avril 2020

Chat de Schrödinger


Un chat est enfermé dans une boîte avec un flacon de gaz mortel et une source radioactive. Dès qu'un certain seuil de radiations est atteint, un marteau brise le flacon, le gaz est libéré et le chat meurt. Selon l'interprétation de Copenhague (censée donner une « interprétation cohérente » de la physique quantique), le chat est à la fois vivant et mort — et cette double affirmation peut sembler quelque peu surprenante. Mais si l'on remplace le chat par un « nihilique », il n'y a plus lieu de s'étonner puisque l'homme du nihil est constamment dans un état où les catégorisations habituelles (ici la vie ou la mort) perdent leur sens !

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mercredi 8 avril 2020

Aux limites du dicible


L'angoisse et le désespoir sont les deux données de base de la « philosophie » de l'homme du nihil — données qui se situent toujours aux limites du dicible. Comment, en effet, dire la douleur d'exister, la douleur atroce, implacable, qui décompose le Dasein et exacerbe la conscience, sinon par des approches fragmentaires — au moyen, par exemple, de vocables tels que lagéniforme, gloméruleux et zingibéracé ?

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 7 avril 2020

Petit monde


Comme l'a finement remarqué son exégète Gragerfis, « toute la métaphysique de l'homme du nihil n'est qu'une psychologie ésotérique ». Ce que confirme l'homme du nihil lui-même : « Je n'ai lu que dans un seul livre, dans mon propre livre, dans moi-même ». C'est donc en lui-même, ce « petit monde » image du « grand monde » (le pachynihil), qu'il a trouvé la clé des problèmes qui le préoccupaient, à commencer par celui de l'haeccéité !

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

lundi 6 avril 2020

Muraille


Chez l'homme du nihil, la muraille n'est jamais assez close ni assez épaisse. Mais il ne fortifie que par acquit de conscience — car il ne le sait que trop : l'affreux finit toujours par s'infiltrer.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 5 avril 2020

Revigoration nihilique


« Rien de tel que de se retremper dans le flot torrentueux du pachynihil, pour en retirer des vestiges mouvants et pour humer directement sa force. » (Lettre de l'homme du nihil à Balthus datée du 19 juillet 1934)

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 4 avril 2020

Secousse


La vision du Rien, par sa puissance, par sa vastitude, ne peut que bouleverser la normalité d'une existence soumise à la médiocrité et au sordide de la « réalité empirique ». À l'équilibre banal du quotidien succèdent les tensions de la condition charismatique. Tous les récits de l'homme du nihil insistent sur le radical contraste entre la détresse qui précède la révélation du pachynihil et la sublimité de l'illumination elle-même. Dans une lettre à Georges Ribemont-Dessaignes, il déclare vivre dans une angoisse permanente : « Je suis continuellement empli d'une crainte qui me fait trembler ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

jeudi 2 avril 2020

Connaissance par le Rien


Chez l'homme du nihil, l'idée du Rien n'est pas seulement un guide spirituel mais aussi une source de connaissance. Il l'écrit clairement dans son journal (à la date du 17 octobre 1948) : « Au reste, pourquoi lire Spinoza, Fichte ou Gabriel Marcel, là où préexiste un enseignement intérieur, là où l'onction du pachynihil instruit de tout ? »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mercredi 1 avril 2020

Un point de vue imprenable


Celui qui s'est choisi le Rien pour demeure — comme c'est le cas de l'homme du nihil — circonscrit d'un seul regard la cylindrique inanité de l'être.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 31 mars 2020

Ascèse intellectuelle


En choisissant de signifier le Rien par le grumeleux vocable reginglette, l'homme du nihil s'oppose à toute tentative d'inclure le pachynihil dans une notion qui se tiendrait pour suffisante à le définir ; il attend donc de nous la modestie qu'il pratique si naturellement lui-même et le consentement à une ignorance finale qui est, selon lui, le vrai savoir ; bref, il attend de nous plus de renoncements qu'il ne nous promet de satisfactions dogmatiques.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

lundi 30 mars 2020

Immanence du Rien


L'homme du nihil trouve dans l'étude du Rien un enseignement supérieur à celui de la Bible : « Le Rien est la force qui dans chaque objet et depuis sa création agit sur l'intrinsèque. Le Rien est partout dans le cosmos. Sa présence et son immanence assurent la structure harmonieuse du créé. »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 29 mars 2020

In extremis


Dans sa Philosophie morale, Jankélévitch prétend que « si la mort est bien ce qu'elle doit être, à savoir un indéchiffrable et profond mystère méontique, elle est tout le contraire d'une solution ». Et il ajoute que « la guérison de la migraine par le revolver est une solution qui n'en est pas une, puisqu'il nous enlève la vie en même temps que la douleur ». — « Ça alors ! » s'exclame l'homme du nihil qui, n'ayant jamais considéré cet aspect de la question, s'apprêtait justement à traiter son « asthénie existentielle » à l'aide d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. 

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)