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jeudi 29 décembre 2022

Ressemblances

 

Le poëte Baudelaire trouvait dans l'acte d'amour une ressemblance avec la torture ou avec l'excision d'un panaris, « plus qu'avec une tête de chien couché, en tout cas ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 27 février 2022

Un insupportable raseur

 

Aujourd'hui, l'Ecclésiaste se verrait prescrire du Prozac ou tout autre substance médicamenteuse permettant de voir « la vie en beau ». Il arrêterait de proclamer la futilité et l'inanité de toute action humaine, ce qui nous ferait des vacances.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 29 décembre 2021

Malheuleux superlatif

 

Kierkegaard était malheuleux ; Baudelaire était malheuleux ; Hölderlin était malheuleux ; Edgar Poe était malheuleux ; Tchekhov était malheuleux ; Fernando Pessoa était malheuleux ; le « Grandiloque des Carpates » était lui aussi, malgré tout, malheuleux. Mais l'homme du nihil est encore plus malheuleux que tous ces malheuleux. Car il n'a même pas le talent pour exprimer comme il le faudrait son « malheul ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 17 décembre 2021

Agence générale de la misanthropie

 

À quelques exceptions près (Charles Baudelaire, Thomas Bernhard, Théasar du Jin), les misanthropes sont aussi détestables que le reste de l'humanité. Exécrer le monstre bipède est, il est vrai, à la portée du premier venu. La notion de « club des misanthropes » est donc aussi inepte que celle de « club des suicidés philosophiques ». De tels conglomérats ne pourraient être que des nids de bisbilles.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 27 novembre 2021

Non

 

L'homme du nihil est, selon Gragerfis, « l'homme qui dit non » : non à la réalité empirique, non au vouloir-vivre, non au destin, non au dadaïsme, non à Duvalier et au macoutisme, non à la vie et à l'instinct, non au Moi, non aux hygiénistes qui voudraient le vacciner contre l'inéluctable au risque de le transformer en cheval, en crocodile ou en femme à barbe. Et cependant qu'il dit non, il dit aussi l'alternative cruelle, à chaque instant, de la vie et de la mort, rejoignant curieusement le Baudelaire d'Un mangeur d'opium.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 24 juillet 2021

Question d'habitude

 

L'ennui, ce « monstre délicat » dont parle Baudelaire dans le premier poëme des Fleurs du mal, est toute la vie de l'homme du nihil. Mais s'il faut en croire ce dernier, « on se fait à tout, même à se faire chier ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 12 janvier 2020

Exécration


Plus exhaustif qu'un Baudelaire, l'homme du nihil exècre non seulement la tyrannie de la face humaine, mais aussi les miroirs convexes, les « dispositifs », et les citateurs de Giorgio Agamben.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

jeudi 9 janvier 2020

Armée belge


« Dans l'armée belge, on n'avance guère que par le suicide. » (Charles Baudelaire, La Belgique déshabillée) — « Comme dans l'intelligence métaphysique du monde ! », s'exclame l'homme du nihil.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mercredi 1 janvier 2020

La femme (toujours elle)


« La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable », a dit Baudelaire. Et elle l'est, en effet !

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 16 avril 2019

Fadeur de l'existence


Je cherche des terreurs nouvelles, des vertiges plus larges, des angoisses inéprouvées.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

jeudi 18 octobre 2018

Noirceur


Dans son poëme Obsession, Baudelaire confesse qu'il « cherche le vide, et le noir, et le nu ». Ceci, à certains égards, ne laisse pas d'être obscur, mais est assurément le sombre aveu d'une sombre tristesse et montre que le poëte partageait quelques penchants avec le suicidé philosophique !

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

lundi 10 septembre 2018

Dormir


Quand l'homme du nihil n'est pas occupé à dilacérer son Moi, il passe son temps à dormir (ou à s'y efforcer). Comme le poëte Baudelaire, il pourrait s'exclamer : « Je veux dormir ! Dormir plutôt que vivre ! » Car dans le sommeil, il dépouille sa pâteuse redingote d'haeccéité pour se vautrer avec délices dans le Grand Indéfini d'Anaximandre, et cette voluptueuse fusion avec l'Un lui ferait presque voir « la vie en beau ».

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mercredi 5 septembre 2018

Vie étriquée


L'homme du nihil n'a cure des imbéciles qui jugent morne, étriquée, sans panache, la vie qu'il mène dans son « cagibi rienesque ». Comment ces « marioles de l'existence », ne voient-ils pas que ce n'est pas sa vie, qui est morne, étriquée, sans panache, mais la vie ! Comparer ce margouillis à un indigeste clafoutis, comme le fait Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain, lui semble encore par trop bénin.

À l'instar du poëte Baudelaire, il a commencé par chercher « des parfums nouveaux, des fleurs plus larges, des plaisirs inéprouvés », mais il a vite compris.


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

vendredi 17 août 2018

Métathéorème de Frege


En métalogique et en métamathématique, le théorème de Frege est un métathéorème qui affirme que les axiomes de Peano de l'arithmétique peuvent être dérivés en logique du second ordre à partir du principe de Hume. Le philosophe écossais expose ce principe à la fin du livre I de son Traité de la nature humaine. Il dit que « le Moi est supposé stable et substantiel, alors que toutes les impressions sont variables. Il n'y a donc pas d'impression à partir de laquelle nous pourrions dériver une idée du Moi. En conséquence, le Moi, s'il est une idée, est une idée fictive, et le suicidé philosophique poursuit une chimère quand il se propose d'écraser son Moi en se jetant du haut d'un immeuble ».

L'homme du nihil, d'une part considère ce raisonnement de Hume profondément vicié, d'autre part ne voit pas très bien comment on peut en dériver les axiomes de Peano, fût-ce en logique du second ordre. Ce brouillamini métalogique le fatigue et, comme les chats de Baudelaire, il préfère chercher « le silence et l'horreur des ténèbres ».


(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

samedi 23 juin 2018

Satisfaction guaranteed (or your money back)


Comme le notait déjà Baudelaire en 1855, « l'étant existant est tellement américanisé par ses philosophes zoocrates et industriels qu'il a perdu la notion des différences qui caractérisent les phénomènes du monde physique et du monde moral, du naturel et du surnaturel ». 

Avec la « machine à suicide » — le Thanatron — du docteur Kevorkian, un nouveau palier est franchi, et c'est à l'américanisation de l'homicide de soi-même que l'on assiste. Tout ici-bas doit-il donc finir en farce, jusqu'à l'idée si noblement sophistiquée de la mort volontaire ?

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

vendredi 25 mai 2018

Auto-analyse


Le suicidé philosophique envisage froidement sa déchéance (car il se tient, comme le poëte Baudelaire, pour un déshérité de la vie, un paria) et quand il en examine les causes, il le fait avec une intuition remarquable : ce qui fait de lui un paria, dit-il, c'est l'idée du Rien qui habite en permanence sa pachyméninge. 

Sa tendance continuelle à voir en toute chose le Rien sous-jacent met un obstacle à son travail, à ses devoirs, et l'empêche même de concevoir aucune pensée autre que celle de se détruire.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mercredi 16 mai 2018

Pullulement


Comme le poëte Baudelaire et le biologiste Paul Ralph Ehrlich, l'homme du nihil voit dans le pullulement humain un sujet majeur de dégoûtation. 

Ehrlich raconte dans The Population Bomb (1968) que sa « prise de conscience de la monstruosité bipède » remonte à « une nuit chaude et nauséabonde à Delhi, où les gens passaient leur main à travers la fenêtre du taxi pour mendier. Les gens déféquaient et urinaient. Les gens s'accrochaient aux bus. Les gens élevaient des animaux. Des gens, des gens et encore des gens ». Il s'était empressé de retourner à son hôtel parce qu'il avait « peur de la foule ». 

Dans son livre, Ehrlich préconise « le développement d'agents de stérilisation de masse ». L'homme du nihil ne peut que souscrire à ce projet, mais n'étant pas en position de le mettre en œuvre, il doit pour l'heure se contenter d'« aphoriser tous les affreux ».

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)