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lundi 7 juin 2021

Bouchon

 

L'oubli que procure le sommeil est la seule consolation qui s'offre à l'homme accablé par la temporalité du temps, la mortalité de l'être mortel, l'haeccéité — sans préjudice d'un éventuel panaris et des bassesses d'une « mégère difforme au faciès d'hippopotame ». Alors, quand le philosophe Blaise Pascal dit que « Jésus sera en agonie jusqu'à la fin du monde », et qu'en conséquence, « il ne faut pas dormir pendant ce temps-là », l'homme du nihil trouve qu'il « pousse un peu le bouchon ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 16 mai 2021

Insoutenable légèreté

 

Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre palléale de mollusque (en compagnie des branchies et du tube digestif).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 29 décembre 2019

Un être pascalien


L'homme du nihil n'est pas de marbre : le silence éternel des espaces infinis fait naître en lui un « traczir à tout casser ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mercredi 9 janvier 2019

Points de vue


Les philosophes, de Çankara à Pascal et à Leibniz, ont défini volontiers la réalité comme un ensemble de rêves bien liés. L'homme du nihil, lui, la voit plutôt comme une « tourte » nauséabonde abandonnée au pied d'un mur par un malotru, dans laquelle il doit faire très attention de ne pas poser le pied.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 17 octobre 2018

Horror vacui


En 1654, Otto von Guericke porte un coup fatal à l'hypothèse de l'horror vacui qui, supposant que la nature, à l'encontre de l'homme du nihil, déteste le vide, avait été pendant des siècles un écueil pour les philosophes et les savants. Dans la spectaculaire expérience qu'il réalise à la cour de Frédéric Guillaume I er de Brandebourg, il raccorde deux hémisphères de cuivre de 51 centimètres de diamètre (les fameux « hémisphères de Magdebourg ») et ôte l'air de l'intérieur de ceux-ci. Il attache ensuite chacun des hémisphères à un attelage de huit chevaux et montre que les « bourrineaux » sont incapables de les séparer. Il remet l'intérieur des hémisphères à pression atmosphérique, et les hémisphères se séparent facilement !

Pour arriver à un tel résultat, von Guericke s'était inspiré des expériences sur les fluides de Torricelli et de leur interprétation correcte par Blaise Pascal (« le moi est haïssable »).

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

samedi 15 septembre 2018

Catachrèses pascaliennes


Ce gouffre que Pascal « avait avec lui se mouvant », ne serait-il pas une métaphore du Rien ? Et le choc que reçut le penseur clermontois quand la vérité « lui apparut si vive qu'il en fut comme effrayé », ne fait-il pas penser à un vase subitement exposé à un feu de réverbère ?

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mercredi 12 septembre 2018

Brodequins


Pendant la soirée, le Bohémien, se trouvant de loisir, reprit en ces termes la suite de son histoire :

« La vie est un long supplice des brodequins, pensée renouvelée de Blaise Pascal. »

Comme le Bohémien en était à cet endroit de sa narration, on vint l'appeler, et lorsqu'il fut sorti, Velasquez dit d'un air assez triste : « J'avais bien prévu que les histoires du Bohémien s'engrèneraient les unes dans les autres ! »


(Jean-Paul Toqué, Manuscrit trouvé dans Montcuq)

samedi 21 juillet 2018

Sphère infinie


L'homme du nihil, qui n'hésite jamais devant les pensées inouïes, a repris plusieurs fois l'image de la sphère infinie « dont le centre est partout et la circonférence nulle part » 1, dans des ouvrages dont il est probable que Pascal a eu connaissance. Ce n'est toutefois ni Dieu ni la Nature qu'il décrit ainsi, mais le terrible Rien.

1.  Cette image apparaît pour la première fois, s'il faut en croire Gragerfis, dans une compilation anonyme du XII e siècle, un écrit pseudo-hermétique, le Livre des XXIV philosophes.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

lundi 2 juillet 2018

Théorème de Brianchon


Le théorème de Brianchon stipule que les diagonales joignant les sommets opposés d'un hexagone sont concourantes si et seulement si cet hexagone est circonscrit à une conique.

Ce théorème dû au mathématicien français Charles Brianchon est, quoique formulé d'une façon moins élégante, l'exact dual du fameux théorème de Pascal qui dit que « le Moi est haïssable ».


(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

dimanche 24 juin 2018

Bien senti


« Que le cœur de l'homme est creux et plein d'ordure ! », a dit Pascal. Précurseur de l'homme du nihil, le philosophe clermontois n'hésite pas, dans ses Pensées, à utiliser les images les plus brutales pour « conchier » l'étant existant, qu'il appelle notamment un « imbécile ver de terre » !

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

samedi 23 juin 2018

Vie facticielle et mobilité


En 1919, Heidegger reprend ses cours à l'Université de Fribourg et commence à acquérir une certaine notoriété parmi les amateurs de bizarre. Anticonformiste dans l'âme, il entreprend une critique radicale de la tradition philosophique, notamment dans le Rapport Natorp, un état de ses travaux qu'il adresse en 1922 au professeur Paul Natorp, où il procède à une critique sévère de la métaphysique dite de la « présence » attribuée à Aristote et base de sa Physique.

La métaphysique traditionnelle, on le sait, définit l'être comme l'identité dans la présence. Bien que la phénoménologie husserlienne ait cherché à dépasser ce cadre, elle n'y est jamais vraiment parvenue. Husserl était un être profondément antinihilique, convaincu que l'identité est plus fondamentale que la différence, la proximité plus originaire que la distance et la présence antérieure à toute espèce d'absence et de négativité. Dans la seconde de ses Logische Untersuchungen, il rejette avec brusquerie la définition métaphysique de l'être-en-soi comme ce qui transcende la conscience et est indépendant d'elle, et déclare que toutes les définitions métaphysiques de la réalité (Realität) doivent être écartées.

Le rusé Heidegger s'engouffre dans la brèche et esquisse, dans le Rapport Natorp, une phénoménologie de la temporalité à travers la description de la vie facticielle qui en constitue le thème principal. Dans la troisième partie de son cours de 1921-1922, il associe vie facticielle et mobilité : « En tant que déterminité principielle de l'objet de notre discours (vie facticielle), nous posons en principe la mobilité ». Pour cerner le phénomène de cette Bewegtheit, Heidegger propose, dans une note du cours, le terme d'inquiétude (Unruhe) en se référant à Pascal (Pensées, I-VII) : « La mobilité de la vie facticielle peut être provisoirement interprétée et décrite comme inquiétude. Le comment de cette inquiétude, en tant que phénomène entier, détermine la facticité. »

Autrement dit, le Dasein « en situation de mobilité 
» est un être perpétuellement inquiet, ce que confirme Madame Edmée de La Rochefoucauld dans son beau livre L'angoisse et les écrivains : « Traverser la rue. Rouler en automobile, appréhension constante. Crainte latente de l'accident, de la mort. Pierre Curie tué par un camion. Émile Verhaeren qui manque une marche dans le train de Rouen et glisse sous le wagon. Jean Follain renversé par un taxi place de la Concorde. À chaque instant dans la ville, sur la route, la mort menace, est à éviter. »

(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)