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lundi 14 janvier 2019

Omnia vanitas


L'idée du Rien — comme d'ailleurs la matière fécale qui en est en quelque sorte le corollaire — avertit l'homme qu'il n'y a pas d'entreprise à ce point pressante et incontestable qu'il ne trouve pas avantage à maintenir à son égard une distance salutaire. Elle lui donne la hauteur voulue pour voir l'objet de sa préférence ou de son obstination comme une sorte de mirage inconsistant, que quelques gouttes de taupicide suffisent à dissiper.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 12 janvier 2019

Le langage abscons du pachynihil


L'idée du Rien jaillit d'une source mystérieuse, qui paraît plus profonde et plus intérieure, plus sûre et plus vraie, que les travaux incertains de la raison pure. Elle parle en nous un langage dénué de sens, à moins qu'on ne le tienne pour la révélation des secrets les plus obscurs de l'univers, ceux qui restent interdits à notre lucidité et qui dominent notre destin.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 6 janvier 2019

Page de journal


14 octobre. — Le réticulum de Cajal-Fusari situé dans les muscles est probablement un organe tubulaire homologue de l'idée du Rien que l'on trouve dans les cellules nerveuses et épithéliales des suicidés philosophiques. Cette généralisation, timidement indiquée par Veratti, doit être, d'après nous, raffermie résolument. Nous en persuade une grande quantité d'analogies morphologiques, structurales et physiologiques, qu'il serait fastidieux d'énumérer ici.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

jeudi 3 janvier 2019

Boussole


« C'est comme si l'idée du Rien m'avait aidé, comme quelque Petit Poucet, à retrouver mon chemin perdu dans le margouillis de l'existence, à m'affranchir par instants des limites d'un être précaire, membre interchangeable d'une espèce elle-même provisoire. » (Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 31 décembre 2018

Illumination


« Au début des années cinquante, alors que je contemplais le corps d'un suicidé que l'on venait de retirer de la Seine, il m'apparut que l'idée du Rien était l'aboutissement d'un tâtonnement millénaire, d'une expérience cosmique, d'une puissance de rupture dont la fission de l'atome venait de procurer un terrible exemple. Par elle, le monde avait sans doute commencé. Elle seule existe sur les étoiles encore sans vie. Je décidai aussitôt d'en faire l'alpha et l'oméga de ma pensée. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 21 décembre 2018

Limon noir


Comme le Nil, l'idée du Rien charrie un précieux limon noir : c'est un fleuve nourricier. Et ainsi que l'a souligné Gragerfis : « ce fleuve bienfaiteur, il ne tient qu'à chacun d'en accroître, fût-ce pour une part infinitésimale, les antiques alluvions ». — Comment ? Mais par l'homicide de soi-même !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 20 décembre 2018

Attrition


27 août. — Selon Saint Irénée de Lyon, « l'attrition est une douleur et une détestation du Moi, causée ordinairement par la considération de la difformité ou laideur d'iceluy, et qui a pour principe l'idée du Rien qui excite la pachyméninge et la porte au désespoir. »

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

jeudi 13 décembre 2018

Page de journal


22 septembre. — L'idée du Rien arpente en somnambule les corridors de ma pachyméninge, à longues foulées mécaniques, avec une obstination dans la férocité dont même la philosophie allemande n'offre que de rares exemples.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

dimanche 9 décembre 2018

Ordalie du nihil


L'idée du Rien se propage en rougeoyant dans les sinuosités de la pachyméninge, comme une étincelle à travers un cordon Bickford, jusqu'au moment où elle s'éteint — cas du « nihilique en peau de lapin » — ou déclenche un feu d'artifice — cas du suicidé philosophique.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 8 décembre 2018

Autre désespéré


La lourde masse déchiquetée d'un autre suicidé philosophique, retiré celui-là du lac Supérieur, paraît s'enorgueillir de pouvoir montrer, malgré son épaisseur, l'effilé, l'émacié propre au nihilique et qu'on ne constate jamais sur les sectateurs du Grand Tout. Il fait savoir qu'il fut porté à une terrible incandescence par l'idée du Rien, puis laissé à refroidir interminablement au fond d'eaux calmes, où une lente chimie, sans en émousser les aspérités, le recouvrit d'une patine polychrome.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 5 décembre 2018

Vigueur du pachynihil


Jamais plante ne fut plus vivace que l'idée du Rien : même le linceul de glace infusible de la raison pure ne peut en arrêter la croissance svelte.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 3 décembre 2018

Une idée vorace


L'idée du Rien est carnivore. Les êtres dont la pachyméninge s'ouvrent à cette idée sarcophage sont dévorés par elle en quarante jours, les dents exceptées. Elle boulotte aussi les miroirs, les brosses, les vêtements et les chaussures de l'infortuné. C'est Thrasylle le Mendésien qui l'affirme.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Ornement de la vie


L'idée du Rien se dresse sur les escarpements de la montagne Ling-nan, élégante et belle, bien qu'elle n'ait pas subi l'action du ciseau ou de la doloire. On l'emploie comme ornement et comme remède aux innombrables horreurs de l'existence. C'est une panacée. Elle guérit les ulcères malins, les fistules ; elle chasse les fantômes, les mauvais esprits. Elle éloigne les miasmes. Cette idée est chose merveilleuse.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 2 décembre 2018

Calcin


Comme l'idée du Rien, les déchirements du calcin peuvent amener des explosions.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

samedi 1 décembre 2018

Canaux


Dans la pachyméninge de l'homme du nihil, des canaux de feu étendent un peuple de radicelles que ne guette aucun épuisement prochain. Qu'un geste, un mot, rappelle le caractère insensé de l'existence, et voici leur fontaine bruire et miroiter, déverser l'ardente coulée du Rien dans les rigoles ménagées pour leur incandescence par la finesse réfractaire où elle se faufile et s'étale, pour finalement déboucher dans la mer plate que les savants appellent pensée de l'homicide de soi-même.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 23 novembre 2018

Germe


L'expansion de l'idée du Rien dans la pachyméninge, comme la croissance du « cas » dans le boyau culier, imposent avec insistance l'idée d'un développement personnel, qui obéit, dans un univers qui l'exclut, à l'impérieuse fatalité d'un germe.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Suprématie de l'idée du Rien


Les concepts qui furent jadis façonnés par les philosophes grecs, comme ceux qui sont aujourd'hui forgés par les phénoménologues et les empiristes logiques, ont assurément plus de prestance et d'éclat que l'humble idée du Rien. Mais il leur manque cette beauté d'astre ouvert, de corolle en expansion.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 21 novembre 2018

Immarcescible


Rescapée des ébullitions philosophiques et des incandescences conceptuelles, intouchée par la tourbe grisâtre du quotidien, resplendit la beauté pathétique du Rien. De même, aujourd'hui encore, la foudre vitrifie le sable du désert en baguettes barbelées (s'il faut en croire Gragerfis).

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 18 novembre 2018

Consolation de la philosophie


Arétaze, dans son Histoire de Phrygie parle de l'idée du Rien, que l'on trouve sur le mont Tmolus — et aussi dans la pachyméninge de l'homme du nihil. Si un eunuque la rencontre, il n'a plus de répugnance pour sa castration et la supporte désormais avec intrépidité. Mais cette trouvaille est fort rare.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 17 novembre 2018

Rien nu


Comme qui, parlant des fleurs, laisserait de côté aussi bien la botanique que l'art des jardins et celui des bouquets — et il lui resterait encore beaucoup à dire —, ainsi, négligeant la nihilologie, écartant les arts qui du Rien font usage, le suicidé philosophique parle du Rien nu, fascination et gloire, où se dissimule et en même temps se livre un mystère plus lent, plus vaste et plus grave que le destin d'une espèce passagère.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)