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lundi 11 février 2019

La glorieuse incertitude du « faire »


La défécation est une aventure où, jusqu'au dernier instant, demeure une incertitude périlleuse et salutaire. De la machine, l'objet sort impeccable mais toujours identique ; et de la graine, au temps voulu, la même tige, la même fleur, avec la même splendeur. Tandis que du « boyau culier » !...

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 10 février 2019

Morphologie du « cas »


Pourquoi les choses — si véritablement « choses » il y a — sont-elles comme elles sont ? Pourquoi tel excrément a-t-il la forme d'une tourte, quand tel autre mérite bien le surnom de « cigare japonais » que lui attribue le vulgum pecus ? Parmi les spécialistes, plusieurs théories s'affrontent, chacune privilégiant une influence particulière parmi celles qu'inévitablement subit le sujet déféquant. L'un croit que dans l'économie réside la cause dernière de la conformation du « cas » : il invoque la distribution des richesses, le régime de la propriété, la baisse des salaires, la lutte des marchés... Un autre, cependant, aperçoit la raison d'être de toute chose dans un ensemble de conflits psychologiques dont l'énergie sexuelle est le ressort principal, sinon unique. Pourquoi pas ? Mais ces théories, à se concentrer sur l'artiste, oublient trop le chef-d'œuvre sur lequel il s'agissait au départ d'apporter des lumières. Ne peut-on regarder cette réussite de l'art comme un signe qui se suffit à soi-même, témoignage absolu et comme anonyme, qu'il faudrait tenir comme tombé du ciel, qui seul enfin est digne d'attention et non celui qui l'a fait ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Art pour l'art


Platon, Lucrèce et Dante avaient des ambitions plus étendues que l'homme-sur-le-trône — le fameux « étant déféquant » des existentialistes. Philosophie, physique, théologie, rien ne les effrayait. Un vaste dessein les tenait, et non celui de ciseler quelque bibelot exquis, d'un travail irréprochable, mais dont l'utilité demeure mince, même si on ne le réduit pas à n'être qu'ornement.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 9 février 2019

Mission de dépaysement du « Suisse »


En général, les excréments ne sont pas appréciés pour leur utilité ou pour leur grâce. À l'inverse, c'est précisément parce qu'on ne sait ni à quoi ils servent, ni en quoi ils peuvent plaire, qu'ils retiennent l'attention. Ils semblent des intrus dans le décor ordinaire de la vie et invitent la rêverie à les restituer à un autre monde où ils ne paraîtraient pas déplacés. Ils remplissent de cette manière une mission de dépaysement et réjouissent certains cœurs lassés d'une existence qui leur semble, comme par obligation, faussée dans son principe par les rigueurs de la logique ou de la morale. De tels êtres font alors volontiers, par contraste, leurs délices du fécal. — En imagination, il va de soi !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 8 février 2019

Art impossible


Diffuses et envahissantes, les sensations qui viennent de l'excrément ne sont pas susceptibles d'abstraction. Elles intéressent la muqueuse de trop près et exclusivement. Aucune dissociation ne se produit en elles entre la perception, le plaisir et la représentation. Aussi n'y a-t-il pas d'art qui puisse employer le « cas ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 7 février 2019

Renoncement


Dans la Lettre de Hofmannstahl, Lord Chandos, devant un arrosoir ou des rats qu'il voit fuir dans la cave, se sent en état d'extase et impuissant à exprimer par les mots humains son émotion. Il renonce à écrire. De même, dans le Journal de Gragerfis, l'auteur, paralysé par la trop haute idée qu'il se fait de la défécation, renonce à « faire ». Quant au suicidé philosophique, il « pousse le bouchon » encore plus loin et c'est à « perpétrer de coupables exsufflations » qu'il décide de renoncer, pour devenir — espère-t-il — une « pierre dure rotacée ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Facilité apparente


Stimulé par le jus de pruneau, le « boyau culier » découvre une adresse souveraine qu'on croirait surnaturelle, pour produire d'emblée des merveilles comme ne parviennent à en concevoir ni l'industrie ni le calcul ni le génie même. Elles n'ont coûté pourtant ni veilles ni sueurs. La mollesse préside à cette prodigalité.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 6 février 2019

Anthropomorphisme fécal


Il semble bien que les hommes aient été généralement impressionnés par l'excrément. Sans doute est-ce là le fait d'une obscure identification facilitée par son aspect remarquablement anthropomorphe. L'aspect anthropomorphique d'un élément paraît en effet une source infaillible de son emprise sur l'affectivité humaine. Ainsi en va-t-il par exemple des vampires et des mandragores. Or l'excrément ne rappelle pas seulement la forme humaine par son aspect général, mais il a, comme l'homme, la faculté de tourner la tête pour suivre des yeux ce qui a fixé son attention !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 5 février 2019

L'homme, prolongement du « cas » ?


« J'ai cessé peu à peu de considérer l'homme comme extérieur à la nature ou comme sa finalité. Il va sans dire que, de la nature, je n'exclus pas, au contraire, l'excrément, dont l'homme me semble le prolongement extrême et dont il continue aux antipodes de l'univers et par d'autres moyens les démarches obscures. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 2 février 2019

Dualisme minoen


Les scènes de défécation représentées sur les fresques de Knossos montrent bien le dualisme fondamental de la société minoenne : l'extrême élégance de l'art au service des plus nocturnes phénomènes vitaux. Tel un « boyau culier », le monde des anciens Crétois paraît être régi par des forces profondes, des impératifs dyonisiaques, des impulsions telluriques. On est loin de l'intellectualisme des Milésiens, incomparablement plus riche en fibres, solubles et insolubles !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 1 février 2019

Un moderne Fantômas


L'excrément joue, dans l'imaginaire moderne, le rôle que tenait jadis dans le roman policier le fameux « Homme-aux-verres-fumés » si bien décrit par Pierre Véry dans Les Métamorphoses : « l'empereur de l'épouvante, le maître des transformations saugrenues, celui qui modèle à volonté son visage et dont le costume, perpétuellement changeant, défie toute description ; celui à qui ne s'applique aucun signalement..., celui sur qui les balles ne portent pas, sur qui s'émoussent les lames, qui absorbe les poisons comme d'autres le lait ». — Ces quelques traits ne peignent-ils pas le « Suisse » tout entier et tout nu ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Saucissons


19 décembre. — « Elles [les matières accumulées] peuvent former des saucissons ayant une consistance uniforme de mortier épais, des scybales au-dessus desquelles sont des matières molles ou liquides. Le n° 363 du musée Dupuytren montre l'iléon obturé par une seule boule fécale concrète du volume d'une grosse noix. — La quantité des matières peut aller à quatre livres (Lévi), — et même à treize livres (Lemazurier). » (A. Duchaussoy, « Anatomie pathologique des étranglements internes », in Mémoires de l'Académie impériale de médecine, Tome 24, Paris, J.-B. Baillière, 1860)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Sacralité du « cas » en Afrique


Hermann Baumann discerne dans l'ensemble des mythes africains la figure d'un démiurge guérisseur, démon de la campagne et du maquis, qui trouve habituellement sa matérialisation concrète dans l'excrément. Parmi ces dieux malodorants, on peut citer, au premier plan, Kaggen des Boschimans, Nava, des Khun, Gamab, des Heikom et des Bergmada, Hise des Naron, Huwe des Khun de l'Angola, mais il faut aussi mentionner comme leur étant étroitement apparentés Tule chez les Azande, Tere chez les Banda, Mba chez les Babua, Nvene chez les Mogwandi, Azapane chez les Mangbetou et Leh chez les Barambo, participant dans une mesure variable de deux types extrêmes particulièrement nets : Kaggen, l'étron fuselé — le « cigare japonais » — qu'adorent les Boschimans, et Ananse, l'excrément en forme de tourte vénéré par les Aschanti, à l'ouest du Soudan.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 31 janvier 2019

Monarque temporaire


Il semble bien qu'il faille reconnaître dans l'excrément un exemple du monarque temporaire, prêtre, sorcier et dieu tout ensemble, si bien défini et illustré par Frazer. Les témoignages de Platon, de Strabon et de Denys d'Halicarnasse se laissent aisément interpréter à cette lumière.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 29 janvier 2019

Jettatura


Le nom de stercoris, prophète, que les anciens ont donné à l'excrément, est significatif. Son apparition annoncerait la famine, sa sinistre teinte un malheur à toutes les créatures qu'il dévisage. Aristarque rapporte qu'on lui attribuait le mauvais œil. On emploie son nom pour désigner les gens insolents. À Rome, son pouvoir magique était très connu : si quelqu'un tombait malade, on lui disait : « l'excrément t'a regardé ». Il paraît même avoir joué un rôle religieux défini : il figure en effet sur une monnaie proserpinienne, à côté de l'épi sacré des Mystères d'Éleusis. Dioscoride enfin rapporte qu'on l'utilisait comme médicament.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 27 janvier 2019

Un déguisement peu ragoûtant


Dans son désir de fusionner avec le Grand Indéfini d'Anaximandre, l'homme du nihil s'assimile non seulement au végétal ou au minéral, mais encore à l'excrément. Ainsi, un suicidé philosophique décrit par Poulton affecte la ressemblance avec une fiente d'oiseau, en un mimétisme parfait de forme, de couleur et de consistance 1. De même, un nihilique du British Museum apparaît au repos comme un petit amas allongé, blanchâtre à l'une de ses extrémités et noir à l'autre, tout à fait identique à une déjection de mésange. Posés sur la même feuille, un excrément réel et le zélateur du Rien sont indiscernables.

1. E.-B. Poulton, The colors of philosophical suicidees, Intern. scient. series, t. LXVIII, Londres, 1890.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 26 janvier 2019

Automate


L'excrément, par ses seules mœurs cavernicoles, possède déjà des titres suffisants pour expliquer l'intérêt qu'on lui porte, l'émotion qu'il suscite communément. Mais ce ne sont pas les seuls. Il se présente de plus, avertit M. Léon Binet, comme « une machine aux rouages perfectionnés, capable de fonctionner automatiquement ». — Et il est de fait que sa reptation dans le « boyau culier » paraît inconsciente et spontanée, pour tout dire automatique !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 22 janvier 2019

Mimétisme stercoral


On le sait depuis les travaux de Frobenius, les « crottes » sont capables de prendre à peu près n'importe quelles forme et couleur pour se fondre dans l'environnement où le hasard les a placées. Ce mimétisme de l'excrément illustre de façon quelquefois hallucinante le désir humain de réintégration à l'insensibilité originelle, qu'il faut rapprocher de la conception panthéistique de la nature, fréquente traduction philosophique et littéraire du retour à l'inconscience prénatale, autrement dit au pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 21 janvier 2019

Sacralité du « cas » en Provence


Il semble qu'il faille se ranger à l'opinion de De Bomare qui écrit que, dans toute la Provence, l'excrément est regardé comme sacré, et qu'on évite de lui causer le moindre dommage.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 20 janvier 2019

Dégoûtants Gioghis


29 novembre. — « Enfin Walther Schulzius (Ost-indianische Reise, lib. 4, c. 10) cite une tribu de l'Inde, dite Gioghi, qui ne prend aucun aliment sans y ajouter de la bouse de vache, et qui se barbouille la face et les cheveux avec cet excrément. » (Pierre Jannet, Jean-François Payen et Auguste Veinant, Bibliotheca scatologica, 1850)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)