Affichage des articles dont le libellé est taupicide. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est taupicide. Afficher tous les articles

mardi 7 mai 2019

Machines métaphysiques


Le revolver Smith & Wesson, le puits busé, le flacon de taupicide, le rasoir de type « coupe-chou », sécrètent un nihilisme ; ce sont des machines métaphysiques. Autour d'elles notre monde se vide, se décolore, tombe en pièces. L'édifice entier de la réalité empirique, autrefois si rassurant, tombe sur vous et vous écrase. — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 20 avril 2019

Positivisme logique


« L'homicide de soi-même, écrivait en 1932 Rudolf Carnap, est le moyen d'expression adéquat, la métaphysique le moyen d'expression inadéquat d'un sentiment de l'existence. » Pour surprenante qu'elle puisse paraitre, cette déclaration n'a rien que de logique venant du flambeur invétéré du Cercle de Vienne. On sait à quel point Carnap a réduit l'aire de pertinence du langage, évacuant les énoncés non vérifiables, les concepts sans fondement « positif », toutes les facilités de l'expression abstraite qui font illusion et encombrent. Or, une fois mis au rancart tout ce « saint-frusquin » (Gragerfis), que reste-t-il pour exprimer son sentiment de l'existence sinon le taupicide ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 17 avril 2019

Enchaînement fatidique


Plongé dans le malaise vague et douloureux de l'haeccéité, l'étant existant se prend d'horreur non seulement pour le souvenir et l'espérance, mais pour la pensée même. Il fait alors l'emplette d'un couteau de cuisine ou d'un flacon de taupicide et se lance à corps perdu dans la « jouissance épouvantable » de l'homicide de soi-même.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 9 avril 2019

Rapatriement express


D'après Gragerfis, l'haeccéité est « le point extrême de l'exil » et le taupicide nous « rapatrie » en nous rendant les vraies dimensions de notre nature.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 26 mars 2019

Choses du passé


D'une enfance provinciale, de ses attaches familiales dans le Rouergue et le Quercy, pays de causses pierreux, l'homme du nihil a gardé la mémoire de choses qui sont désormais, bien que d'hier seulement, d'un autre âge : le train omnibus, la lumière intime de la lampe à huile, le « taupicide foudroyant Moulin »... Bref, le décor d'une vie plus lente, plus délibérée, où l'on pouvait apprivoiser une durée qui n'était pas encore celle de notre hâte frénétique, mais celle plus sereine des saisons de la terre, et aussi toucher des objets qui n'étaient pas seulement de consommation mais pouvaient aussi, en plus de petits mammifères fouisseurs, servir à exterminer le Moi.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 13 mars 2019

L'étrange fascination du Rien


Le pachynihil irrite en nous une attente sans nom. La fascination du Rien nous persuade, pour lui appartenir, de quitter jusqu'au souci de notre vie. Elle nous dépouille par la seule promesse de nous combler ; et si, pour commencer, nous avons pu rêver de dompter le néant, les rôles ont tôt fait de s'inverser : nous voici passifs et paralysés, ayant renoncé à notre volonté propre pour nous laisser habiter par l'impérieux appel du taupicide — et de l'absence.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 4 mars 2019

Inversion


L'inversion est une technique logique d'inférence immédiate par laquelle le suicidé philosophique conclut d'une proposition donnée (par exemple, « la vie est belle et les gens sont gentils ») une autre proposition contredisant le sujet primitif (par exemple, « je dois sans tarder ingurgiter du taupicide »).

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 27 janvier 2019

Emprise magique du Rien


Les analyses de Gragerfis sont ici précieuses : le Rien n'est pas la simple absence d'être ; il y a quelque chose de positif en lui. Alors que l'être est aussi vaporeux qu'une barbe à papa, le Rien est « étoffé », il touche directement l'individu, l'enveloppe, le pénètre et même passe au travers : ainsi « le Moi est perméable pour le Rien tandis qu'il ne l'est pas pour l'étant — existant ou subsistant, n'importe. » La sensation de mystère que fait éprouver le taupicide ne viendrait pas d'autre chose.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 25 janvier 2019

Tentation du vide


Selon Gragerfis, l'homicide de soi-même serait à définir correctement comme une incantation fixée à son point culminant et ayant pris le suicidé à son propre piège. Dans cette affaire, le taupicide apparaît comme un moyen, sinon un intermédiaire. La fin semble bien être l'assimilation au pachynihil. On dirait qu'il s'exerce une véritable tentation du vide.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 23 janvier 2019

Tentative de la dernière chance


Après avoir discuté avec Hosteen Frank Sam Nakai, l'homme du nihil décida, plutôt que de se tourner illico vers le taupicide, de se faire exécuter d'abord un « Chant du Sommet de la Montagne » afin de voir s'il pourrait retrouver hozho. Il serait toujours temps d'aviser ensuite...

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 14 janvier 2019

Omnia vanitas


L'idée du Rien — comme d'ailleurs la matière fécale qui en est en quelque sorte le corollaire — avertit l'homme qu'il n'y a pas d'entreprise à ce point pressante et incontestable qu'il ne trouve pas avantage à maintenir à son égard une distance salutaire. Elle lui donne la hauteur voulue pour voir l'objet de sa préférence ou de son obstination comme une sorte de mirage inconsistant, que quelques gouttes de taupicide suffisent à dissiper.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 13 janvier 2019

Une illusion tenace


La « réalité empirique » use d'innombrables stratagèmes pour faire croire au vulgum pecus qu'elle existe. Quoique dessillé autant qu'il est possible, l'homme du nihil continue d'éprouver le prestige d'un tel mirage et doute qu'on puisse échapper toujours à sa muette éloquence. Souvent, il y a succombé par entraînement naturel. Mais comment faire autrement, quand on subit les affres d'un panaris, qu'on est tyrannisé par une mégère difforme au faciès d'hippopotame, ou qu'un infernal pigeon dépose sur votre redingote ou votre gabardine sa fiente putride ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 10 janvier 2019

Capitulation


L'acte défécatoire, où il est visible qu'une sorte rudimentaire d'hypnose joue le rôle principal, ne renseigne guère sur la minute ultime où soudain la conscience capitule et sombre. C'est plutôt dans l'homicide de soi-même qu'il faut chercher le témoignage de la puissance effroyable du pachynihil : au cœur d'une absence — celle que procure le taupicide —, il règne, fascination pure, sans obstacle ni partage.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 5 janvier 2019

Romance sans paroles


Les émotions qui gagnent le nihilique à la vue d'un flacon de taupicide ne sont pas comme les tourbillons de mots qui naguère le précipitaient dans l'insaisissable, elles l'introduisent au sein d'une simplicité profonde. La majesté du taupicide ne saurait lui faire oublier l'inutilité essentielle des choses. L'effusion qu'il éprouve ne présente aucun caractère positif, elle n'est qu'une heureuse acceptation du néant, et que la résignation morose qui la suit.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 27 décembre 2018

Couleur optique


Sur les ailes de certains papillons, par exemple le Mars changeant — mais on pourrait également citer le morpho —, le gris poussière du Grand Tout bascule d'un coup dans le bleu électrique du Rien suivant l'incidence de la lumière. De telles métamorphoses n'ont rien pour étonner l'homme du nihil : que la morosité le prenne, qu'il soit exposé à l'idéalisme fichtéen, et un banal flacon de taupicide lui paraît soudain un chatoyant paradis.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 21 décembre 2018

Un ami précieux


Élargissant sans cesse le cercle d'une solitude où il se condense peu à peu en un amas punctiforme, le nihilique en vient à reconnaître dans le taupicide son seul ami véritable. Situé à l'extrême de la taciturnité, le nitrate de baryum qui en constitue la partie principale est placé du même coup aux antipodes de l'homme et de la pensée. On le devine contenir en sa masse impassible la totalité des transformations possibles de la matière, sans rien en exclure — surtout le néant.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 13 décembre 2018

Malaise


Qui n'éprouve soudain le heurt de deux mondes incompatibles ? Que la femme paraisse, et voici le sentiment d'inquiétante étrangeté — parfois d'un rouge de braise, souvent d'un violet d'iode ou de fuchsine — aussitôt amorcé. La philosophie du pachynihil s'affirme alors comme l'un des rares truchements permettant à l'homme de retrouver le calme.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 4 novembre 2018

Vrai refuge


Il y a dans la pensée de l'homicide de soi-même quelque chose de gracieux et de doux qui, dans les jours de malheur, nous vient en aide et nous fait supporter l'adversité avec résignation et courage. ― L'amitié ?... vain mot. L'amour ?... dérision cruelle. Mais le Rien que dispense un colt Frontier ou un flacon de taupicide ! Voilà le vrai refuge !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 18 octobre 2018

Pente savonneuse


L'homme du nihil, qui souffre de naissance d'une « fêlure » à la Scott Fitzgerald, tente d'abord de se raccommoder en expérimentant le retrait jusqu'à l'extrême de la sécession. Après quelques années de vagabondage solitaire dans le désert de Gobi de l'existence, il se jette dans une union fichtéenne de l'humain et du divin, qui échoue à son tour. En désespoir de cause, il se tourne alors, soit vers le muscadet, les huîtres et les bigorneaux, soit vers le taupicide, selon que sa nature est épicurienne ou que son tempérament le porte à la mélancolie. Dans les deux cas, il passe aux yeux de l'omnitude pour un « homme perdu ».

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

samedi 13 octobre 2018

Volonté de puissance


L'homme, qui n'est d'abord qu'un germe informe, emploie toutes ses forces à créer et à perfectionner les instruments de cette puissance qui — croit-il — est appelée à dominer la parcelle de réalité empirique où il trémousse son Moi. Mais le moment de son apogée touche de près celui de sa décadence ; l'inanité de l'existence l'empoigne à la gorge, l'idéalisme allemand lui ôte toute espérance, et bientôt, une cuillerée de taupicide restitue sa dépouille à l'empire des lois de la nature inanimée.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)