jeudi 21 septembre 2023

Surnoms

 

Émile dit Mimile, d'accord, André dit Dédé, admettons, Gustave dit Tatave, ça peut encore se comprendre, mais Simon dit Pierre ???
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Les conquérants

 

S'il faut en croire José-Maria de Heredia, on trouve à Palos de Moguer (en Andalousie) beaucoup de routiers et donc aussi beaucoup de restaurants de routiers. Mais attention : ces routiers sont souvent ivres (d'un rêve héroïque et brutal).
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Doute au carré

 

Le doute le plus térébrant est celui, étrangement ignoré par Descartes, qui consiste à douter de la pertinence même de douter.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Être Soupault

 

Une enquête rapide suffit à l'établir, personne ne veut être Soupault. Mais la question est : pourquoi ? Peut-être que les gens ont déjà assez à faire à être eux-mêmes ? Peut-être qu'ils ne veulent pas se compromettre en cosignant un livre intitulé Les Champs magnétiques avec l'exécrable André Breton ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 20 septembre 2023

Un affreux pastis

 

« Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, ou comme cestuy-là qui conquit la toison...
— Non.
— Comment ça, non ?
— Ce sont deux poëmes différents. Tu yoyotes.
— Comment ça, deux poëmes différents ?
— L'un est d'Alfred de Musset, l'autre de Joachim du Bellay.
— Eh bien ça alors ! Ça me la coupe ! Bon diousse de bon diousse !
— Eh oui. C'est peut-être triste mais c'est ainsi. »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Husserl et le pélican

 

Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux, le philosophe Edmond Husserl court sur le rivage en le voyant au loin s'abattre sur les eaux et lui crie : « Toute conscience est conscience de quelque chose ! Toute conscience est conscience de quelque chose ! » Depuis le temps que ça dure, le pélican en a ras la casquette. Comme il aimerait, le pélican, envoyer le phénoménologue aux cinq cents diables, et avec lui tous les « amis de la sagesse » !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Parle à ma main

 

Un jour, en Vendée, le Dasein heideggérien a assisté à un spectacle équestre où il y avait — oublie-moi — un Hun !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Joie de vivre

 

Pour retrouver la joie de vivre qu'il a perdue à sa naissance, le nihilique prie saint Antoine de Padoue — pour l'instant sans résultat. Si ça continue, il va devoir s'adresser à sainte Rita (les causes désespérées) ou à Michel Gillibert (les handicapés de la vie).
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mardi 19 septembre 2023

Révolte métaphysique

 

L'être est un margouillis exophtalmique et le Dasein en bave des ronds de chapeau. Doit-il se révolter, comme semble le préconiser à demi-mot Albert Camus ? Sans doute, mais comment ? En envoyant des lettres salaces à Maria Casarès ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Un pas grand chose

 

À la question « Qui suis-je ? », le nihilique n'apporte pas exactement la même réponse qu'Oberman. La sienne est : « Pour l'univers, rien ; pour moi, rien non plus. En résumé : pas grand chose. » Pour un peu, il s'identifierait au Rien, n'était ce panaris qui le fait cruellement souffrir !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Gueule asymétrique

 

À la fin de sa vie, Joris-Karl Huysmans se plaignait d'avoir « une gueule asymétrique ». Il avait une grosseur à la joue due à son cancer de la mâchoire. « Dieu m'a sapé », soupirait-il. Dieu... la vie... mieux vaut ne rien dire, on risquerait d'être grossier.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Sens de la vie

 

On se plaint de ce que la vie n'a pas de sens, mais quand on essaie d'imaginer quel sens elle pourrait avoir, on sèche. Alors autant faire « jore » que ça n'a pas d'importance...
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 18 septembre 2023

Catéchisme

 

« Alors Judas a fait la poucave et les Romains ont arrêté Jésus. Mais ensuite, Judas n'a pas pu supporter la gênance et il s'est pendu.
— Oh, fan de chichourle ! Pécaïre ! Des bartavelles, tu dis ? »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Biographie du Grandiloque

 

Émile Cioran commence sa carrière « au fond du monde ignoble des viscères, des muqueuses et des humeurs, parmi une foisonnante et trouble fermentation ». C'est sa période « fœtus », qui va de fin 1910 à début 1911. Le 11 avril 1911, il se retrouve à l'air libre. Très vite, anxieux de s'exhausser à l'impérissable et de faire oublier son origine immonde, il se lance dans l'écriture d'aphorismes, encouragé en cela par sa « muse » Simone Boué. En 1949, avec la parution de son Précis de décomposition, il s'empare du titre de « négateur universel » jusque-là détenu par le grec Pyrrhon. Mais ce n'est qu'en 1986, avec ses Exercices d'admiration, qu'il devient véritablement célèbre. « J'ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès », confie-t-il au professeur Basile Munteanu. Son œuvre, ironique et apocalyptique, est marquée du sceau du pessimisme, du scepticisme et de la désillusion.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Golmon

 

Maurice Blanchot passe pour un homme grave et même austère, mais il paraît que dès qu'il était seul, il se lâchait et faisait le « golmon ». D'après Roland Barthes, il est arrivé plus d'une fois que Georges Bataille ou Pierre Klossowski se présentent chez lui alors qu'il faisait le « golmon » et lui disent : « Alors Maurice ? On fait le golmon ? »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Magie de la poésie

 

Les poëmes, ça va quand on est bien disposé, mais quand on est d'humeur caustique c'est une autre histoire. Tout vous paraît alors d'un niais... Ainsi, Apollinaire avec son pharaon et ses vagues de briques. Carre-les-toi dans le fiak, tes vagues de briques, hé, pot de pisse !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

dimanche 17 septembre 2023

Un gars sensé

 

Le philosophe Wittgenstein n'était pas tellement partisan qu'on cherche à exprimer l'ineffable. Face à l'ineffable, il trouvait qu'il valait mieux « fermer sa boîte à camembert ».
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Le nihilique, un éternel adolescent ?

 

Si vous saupoudrez vos commentaires désabusés (sur l'être et tout ce qui s'ensuit) de références à Joseph de Maistre et à Tacite, on ne vous taxera pas d'immaturité car « ça fait sérieux », et pourtant... Qui, sinon un éternel adolescent, pourrait soutenir sérieusement que « rien n'est » ou — variante — que « tout pue » ? On peut supposer que, vers l'âge de dix-sept ans, quand il a vu à quoi ressemblait le « monde des adultes », le nihilique a été victime d'un « choc septique », et que sa croissance intellectuelle s'en est trouvée bloquée. Mais attention ! Ce n'est qu'une hypothèse ! Il est possible après tout qu'il dise vrai, que rien ne soit et que tout pue !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Méditation cartésienne

 

Quand on visite un aquarium, on en vient fatalement à se poser la question : « Pourquoi les poissons ont-ils tous des gueules de con ? Serait-ce une preuve de l'existence de Dieu ? »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Encore une belle journée

 

Le soleil vient de se lever. On attend l'ami Ricoré, avec son pain et ses croissants, mais au lieu de l'ami Ricoré, c'est la pensée que « rien n'est » qui surgit — suivie immédiatement par la pensée que tout est vain, que l'homme vit isolé dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. Alors on suit le conseil du « négateur universel » Émile Cioran, on se recouche et on gémit. Tout ça ne va donc jamais finir, sacré nom d'une pipe ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

samedi 16 septembre 2023

À la chicote !

 

Pour avoir donné des titres prétentieux à ses recueils de poëmes, comme Le Marteau sans maître et Recherche de la base et du sommet, le poëte René Char mériterait de subir le supplice de la chicote (un fouet à lanières tressées, traditionnellement en cuir d'hippopotame ou de rhinocéros). On verrait alors s'il recherche toujours la base et le sommet, le couillon !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Prélude à la dissolution du Moi

 

Pour se préparer à la mort, il faut désapprendre à dire « je ». On dira plutôt « exposition de bétail », « manufacture de tabac » ou « laine à tricoter ». Compris, les pots de pisse ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Une infernale troïka

 

Carpe diem, qu'ils disent... On voudrait bien, mais quand on est suffoqué par l'absurde camusien, horrifié par la malrucienne condition humaine, et pris en sus d'une sartrienne nausée, jouir de l'instant présent est tout simplement impossible. Camus, Malraux, Sartre, ces trois auteurs nous auront décidément fait beaucoup de mal. Ils ont fait de nous des « handicapés de la vie ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Das Sein ist ein verdammter Scheißkerl

 

Étang de Soustons, deux heures de l'après-midi. Les Heidegger sont allongés sur un transat.
« Alors, Martin ? Tu n'as toujours pas trouvé ? Ce que c'est que l'être ?
— Non. Et j'en ai ras la casquette. Je ne peux plus le voir en peinture, ce bon diousse d'être. Au cul, l'être ! Au cul, le mariage d'André Salmon !
Mein Gott ! Donnerwetter ! »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 15 septembre 2023

Avouaille

 

« Une boule de campagne, s'il vous plaît.
— Et avec ceci ?
— Avec ceci, j'aimerais vous informer que contrairement à ce que s'imagine le vulgum pecus, le chanoine Docre n'a pas pour prototype l'abbé Boullan mais un chapelain de Bruges appelé Van Hæcke.
— C'est noté. Bon après-midi. Avouaille !
— Avouaille ! »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Croyance vraie de vraie

 

Quand il entendait du Bach, le « négateur universel » Émile Cioran croyait. Il croyait même en italique !!!
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Coup de tonnerre

 

Le 9 juillet 1891, Joris-Karl Huysmans confie à l'abbé Mugnier qu'il est « obscène de cervelle ». C'est un coup de tonnerre. Il ajoutera plus tard (le 5 janvier 1898) qu'il n'aime que les saints un peu « persillés » !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Situations de handicap


Le ministre Louis Mexandeau disait souvent qu'il préférait son état à celui d'un mec sans cul, car lui pouvait au moins s'asseoir sur un tabouret.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

jeudi 14 septembre 2023

I buried Paul

 

À la fin des Logische Untersuchungen de Husserl, certains ont cru entendre le phénoménologue murmurer « I buried Paul ». Il est assez tentant de reconnaître en ce Paul le philosophe Franz Brentano, mais Husserl a toujours affirmé qu'il marmonnait en réalité Preiselbeersoße (sauce à la canneberge).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)