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dimanche 7 octobre 2018

Un ennemi tenace


Certains individus superficiels ont cru pouvoir fuir leur Moi et son odiosité en quittant la ville, pour aller en Suisse, en Italie, aux eaux ou aux bains de mer. Durant un temps variable, ils sont tranquilles ; mais ce calme n'est que passager : leur ennemi secret ne tarde pas à retrouver leur trace, et le bourrellement recommence.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Débâcle existentielle


Si quelque chose est capable de nous donner une idée de notre faiblesse, c'est bien l'état où nous nous trouvons quand l'excrément « fait sa tête de mule » et s'arc-boute dans le côlon. Incapable de faire aucun usage de son organe culier, le constipé a besoin de secours de toute espèce. Sa vie incertaine et chancelante paraît devoir finir à chaque instant. À peine a-t-il la force nécessaire pour exister, et pour annoncer par des gémissements dignes du prophète Jérémie les souffrances qu'il éprouve.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

samedi 6 octobre 2018

« Ce petit lénitif, en attendant le reste... »


La présence sous son oreiller de son colt Frontier, symbole, avec son canon de dix centimètres, de la mort accueillante, et la résolution d'y chercher le refuge, sont pour le suicidé philosophique le seul moyen de retrouver le calme.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Hermétisme fécal


« Les alchimistes n'ont pas laissé que de travailler sur les excrémens humains; on a prétendu en tirer un sel auquel on a attribué de très-grandes vertus : il faut dit-on, pour cela prendre des excrémens après qu'ils ont été séchés au soleil de l'été. On fait brûler cette matière jusqu'à ce qu'elle devienne noire ; on en remplit des creusets ou pots, et on la réduit en cendres au feu le plus violent, et de ces cendres on tire un sel fixe ; ou bien on prend des excrémens humains desséchés ; on les arrose avec de l'urine épaissie par l'évaporation ; on laisse putréfier ce mélange, ensuite on le met en distillation ; on mêle ensemble les différens produits qu'on a obtenus, et on réitère plusieurs fois le même procédé. Ce travail est très dégoûtant et d'une parfaite inutilité. » (Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Mis en ordre et publié par M. Diderot ; & quant à la partie mathématique, par M. d'Alembert)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Autoblocage


Dans la constipation, le sujet déféquant est, comme le dirait le philosophe Jankélévitch, tout à la fois l'organe et l'obstacle.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

lundi 1 octobre 2018

Sol phénoménologique de la mondanité


« Le flux ininterrompu de la temporalisation, en tant qu'il assure les toutes premières congruences synthétiques de l'activité intentionnelle, représente en effet le sol phénoménologique le plus profond de la mondanité. »  (Raphaël Célis, La mondanité du jeu et de l'image selon Eugen Fink, Revue Philosophique de Louvain, 1978).

— Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !


(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Tribulations météorologiques


Lorsque, dans les rigueurs de l'hiver, les vents ont enlevé du haut des billons la neige qui les recouvrait, ou lorsque dans les moments les plus critiques du printemps, le soleil fond cette neige pendant le jour, et que l'eau contenue dans les rigoles régorge sur les billons et s'y gèle pendant la nuit, l'inanité de l'existence jaillit soudain, éclatante, et la pensée de l'homicide de soi-même envahit la pachyméninge d'une façon presque insoutenable.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Théorie de l'argumentation


Dans leurs controverses philosophiques, les Anciens, au dire de Vitruve, se servaient de deux sortes de béliers, le bélier suspendu et le bélier à rouleaux. L'un et l'autre étaient composés d'une très forte poutre, armée, à son extrémité, d'une masse de fer qui avait ordinairement la forme d'une tête de bélier : on donnait à cette poutre un mouvement oscillatoire dans un plan horizontal, et on produisait par son moyen des chocs violents qui ébranlaient les concepts de l'adversaire.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

dimanche 30 septembre 2018

Catalepsie conceptuelle


Mystagogue dévoyé, le philosophe tente de masquer la plus rugueuse vérité, le Rien, en se servant de l'outil le plus vil, le concept. Mais vainement : car il ne produit que de la « catalepsie conceptuelle ».

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Cubofuturisme et homicide de soi-même


Ivre de cézannisme géométrique, le cubofuturiste se donne pour programme de pulvériser, à travers son travail du mouvement et du dynamisme plastique, les « structures empaillées de l'étant subsistant ». Parfois, exténué et cédant à la facilité, il se précipite tout simplement dans un puits (cas de Vladimir Bourliouk).

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Une créature vomitive


Suivant Dupasquier, l'exposition à un autre Moi que le sien propre peut amener des désordres dans les fonctions digestives du sujet pensant. Sans admettre qu'autrui exerce directement une action fâcheuse sur le tube digestif, il est certain que sa vue provoque le dégoût, et que partout on a reconnu la nécessité de s'y dérober.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Recherche expérimentale


« Quand de longues méditations dans le silence de mon cabinet m'eurent fait naître l'idée d'un rapport intime entre la perte plus ou moins absolue de la parole et l'altération plus ou moins profonde des lobules antérieurs du cerveau, je résolus de mettre cette idée à l'épreuve des faits en m'enfonçant le crâne à la région frontale par une pierre lancée avec violence. » (Théasar du Jin, Recherches cliniques sur moi-même, Paris, J.-B. Baillière, 1825)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

samedi 29 septembre 2018

Erreur de calcul


Mais pendant que Doppelchor, armé, guettait, le Moi n'était pas du tout dans le métro. Il rentrait en bus.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Antidote à l'haeccéité


Selon Gragerfis, l'unique solution, pour supporter le cauchemar d'exister, est de dompter le Moi par le muscadet dès huit heures du matin.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Antiquité du Moi


« Le Moi, d'extraction fort ancienne, a vécu en Europe alors que les grands ours (Ursus spelæus et arctoideus), les hyènes (Hyæna spelæa, intermedia et prisca), les grands félins (Felis spelæa), les éléphants (Elephas primigenius), le rhinocéros à narines cloisonnées (Rhinoceros tichorinus) et d'autres animaux non moins remarquables, dont la race a été anéantie, abondaient dans nos contrées. Si les gisements d'haeccéité qu'on a signalés en Amérique sont authentiques, le Moi y aurait été contemporain des mastodontes et des grands édentés dont on recueille si abondamment les débris dans cette partie du monde. » (Paul Gervais et Pierre-Joseph van Beneden, Zoologie médicale : exposé méthodique du règne animal, Baillière et fils, Paris, 1859)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)