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mardi 16 avril 2019

Affliction


À l'instar de l'Ecclésiaste, le suicidé philosophique considère que le monde extérieur n'est que néant et vanité : « Que l'on résiste ou que l'on cède à notre environnement, tel un cheval nous galopons vers la fin. N'est-ce pas vraiment affligeant ? Les gens prétendent que l'immortalité existe, mais à quoi peut-elle bien servir ? Le corps se décompose, et avec lui l'esprit. N'est-ce pas la chose la plus affligeante ? » (Songeries néantiques, p. 59)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 15 avril 2019

Résurgences lexicales


« Reginglette », « glomérule », « lagéniforme », « zingibéracé » : peut-être s'agit-il simplement d'extraits issus de la parole commune, du fonds social de la conscience linguistique ; mais peut-être aussi, plus passionnellement, de mots très chers, médités par l'homme du nihil en dehors de sa pratique de la dilacération du Moi, ou prononcés par ses « amis » (Gragerfis), ses proches, en des situations précises et traumatisantes dont le souvenir, soudain, vient rider la surface de son « conscient intérieur ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Une ribambelle de tribulations


Les déboires auxquels s'expose le Dasein quand il se lance dans la traversée de l'inhospitalier « désert de Gobi de l'existence » sont si nombreux « qu'il faudrait, pour les citer tous, des dénombrements plus longs que ceux d'Homère, de Rabelais ou de Cervantès, quand Don Quichotte désigne à Sancho Pança les illustres paladins qu'il croit apercevoir, à travers la poussière, dans la grande armée des moutons. »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 14 avril 2019

Une affreuse mascarade


Pour le constipé, le séjour périodique dans les « goguenots » est à la fois un exutoire, une torture rituelle d'expiation, un délire surréaliste, une célébration de la folie.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Prêcher d'exemple


« Voir clair » (Gragerfis), être « dans l'immédiate proximité du Rien » (Banquine), « écarter les rideaux qui nous séparent du pachynihil » (Doppelchor). Et puis, par l'homicide de soi-même, propager cette révélation, aider les autres à s'ouvrir à leur tour.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 13 avril 2019

Grands Anciens


Les suicidés philosophiques nous aident à transcender les structures utilitaires, à retrouver la vie profonde. Ils nous mettent en présence de l'invisible, de l'illimité, de l'indicible que nous portons en nous. — All right, chaps ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 12 avril 2019

Éclat de l'éphémère


Grâce au jus de pruneau, le constipé savoure enfin le « prodigieux éclat de l'éphémère ». Ce qui jamais peut-être ne reviendra brille en effet pour lui d'une tragique intensité : « ... le cas n'apprend qu'en sa défaite à embaumer ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Nostalgie du Rien


Exclu du rêve, de la contemplation, exempt de tout désir et de tout idéal, l'homme du nihil se sent devenir pierre. Pour lui, le monde est « un brugnon pourri dont le noyau est du vide ». Seule l'autre réalité — le pachynihil — lui permet encore de supporter l'existence. Sans cette ouverture, celle-ci n'est plus que cendre morte, désert de poussière. Le pachynihil, c'est « très exactement cela en nous qui se rétracte quand nous entendons parler de séries algébriques », écrit un auteur qu'il connaît bien, Robert Musil. Mais comment recouvrer cette part d'insaisissable si ce n'est par l'homicide de soi-même ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 11 avril 2019

Jachère


À la fois puissante, persistante et pédonculée, insaisissable, indéfinissable,
l'idée du Rien ressemble un peu à ce que le psychologue américan John Tussord appelle des « jachères » : espaces vides de projets — hormis peut-être celui de « tout faire sauter » —, moments d'inaction pratique, où se concentre l'attention contemplative, moments où la conscience s'ouvre, regarde, écoute avec une intensité neuve, où la pensée de se détruire fige et passe à l'état cristallin. Il est alors temps « de quitter la Faucille et de redescendre à Mijoux, pour arriver à Saint-Claude par Septmoncel »...


(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Vache de raison pure


Non seulement la raison pure nous empêche de développer nos dons, mais elle vide, autour de nous, la nature, n'en faisant qu'un matériau, un espace abstrait, un pur fantôme. Elle nous oblige à nous purifier

        « de cela que la voix ne peut nommer, de cela
        que nul pied à coulisse ne saurait mesurer...
 »


Résultat aberrant ! L'absurdité massive de l'étant plus que jamais nous écrase, nous asphyxie, nous encercle ! — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 10 avril 2019

Un éternel perdant


Non content d'être un « perdant de la mondialisation », le suicidé philosophique est aussi un « perdant de la mondanité » (au sens du philosophe Eugen Fink et au sens où il n'est jamais invité dans les coquetèles).

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 9 avril 2019

Rapatriement express


D'après Gragerfis, l'haeccéité est « le point extrême de l'exil » et le taupicide nous « rapatrie » en nous rendant les vraies dimensions de notre nature.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Les révélations de la constipation


Il faut, pour vivre, préférer le mensonge à la vérité. Garder les yeux fermés. Comment, en effet, continuer à vivre quand on a vu le pachynihil ? Mais qu'un manque de fibres, solubles ou insolubles, déclenche en l'homme une constipation opiniâtre, et aussitôt tout se défait autour de lui, le voilà dans une nuit de solitude et de misère — celle des fameux « goguenots » —, dévoré par la pensée du néant avec une incroyable soudaineté. On pense, devant cet « exilé du cas » (Gragerfis), à l'Ilitch de Tolstoï, à l'homme du souterrain de Dostoïevski, au Salavin de Duhamel, au Clamence de Camus, etc. : une expérience de nature religieuse, mais d'où Dieu — et non seulement le « Suisse » — est absent.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 8 avril 2019

Le pachynihil contre les robots


À vivre parmi des machines, nous nous habituons à une certaine mentalité, dite « objective » : aspirés au dehors, écartés de nous-mêmes, nous nous trouvons affrontés à une logique à laquelle, jusque dans nos révoltes, nous devons nous soumettre. Heureusement, Pulflop a montré expérimentalement que cette « logique des cupulifères » ne résistait pas à l'action corrosive du pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Un « douteux »


L'homme du nihil ne cesse de se dire partagé, errant, en quête d'une vérité qui le fuit. Les certitudes l'étonnent, lui paraissent suspectes et ne lui font guère envie : « ma nature... manque de certitude », avoue-t-il à Charlotte Dufrêne, sa « gouvernante » (Gragerfis), avant de tout miser sur le double zéro.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 7 avril 2019

Conscience sociale du suicidé philosophique


Le suicidé philosophique est parfaitement sensible aux distorsions sociales, aux inégalités qui défigurent notre civilisation. Mais il sent aussi que les révolutions et les réformes auront beau faire, il y a dans l'être un facteur inhumain, quelque chose qui mine le Dasein et auquel on ne peut échapper qu'au moyen du taupicide ou d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe : la vraie « lutte finale » est celle qui doit écraser l'odieuse haeccéité.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Vaincre le doute


« Rien ne caractérise mieux l'homme du nihil que cette faculté de fonder sa vie sur un abîme », écrit Stylus Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. Mais l'adhésion au pachynihil n'est souvent qu'un peut-être, une incertitude oscillant entre le doute et la conviction. Seul le véritable « athlète du Rien », autrement dit le suicidé philosophique, parvient à faire de l'incertitude une certitude négative et à ne plus douter du néant. Pour lui, les choses sont claires : « il n'y a pas plus d'étant que de beurre au prose ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 6 avril 2019

Mon chien Pipik


Une fois éliminés les fous, les imbéciles, les salops et les individus qui « exultent dans leur Moi circulaire », qui reste-t-il avec qui l'on puisse « fraterniser » ? Pas grand monde. D'où la grande popularité des chiens...

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

L'aiguillon de la mort


Dans son Journal, Gragerfis imagine un Dasein qui ignorerait qu'il est mortel, et dit que l'existence d'un tel Dasein « aurait à peu près la sapidité d'une pièce pour flûtes, orchestre et dispositif électronique de Pierre Boulez ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 5 avril 2019

Question schopenhauerienne


Sur quoi fonder la certitude du pire, si ce n'est sur l'existence de vocables tels que reginglette et gloméruleux ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)