dimanche 21 avril 2019

Page de journal


7 mai. — Sous Psamménit, fils d'Amasis et son successeur, le cruel Cambyse, roi de Perse, envahit l'Égypte, tua le roi et les principaux citoyens, exerça partout une égale fureur et y mit le comble par le meurtre sacrilège du bœuf Apis.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant Georges Sim et le Dasein de Maurice Cucq

     Dans cet opus, le pénétrant Maurice Cucq éclaire d’un
     radical quinquet la passion que nourrissait Simenon pour
     la philosophie, et tout particulièrement pour l’infernale
     créature heideggérienne, le fameux « Dasein ».

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     « A real page-turner ! » (The New York Review of Books)


Une idée vivifiante


L'idée du Rien n'est pas un jeu, un divertissement en marge de la vie : elle nous est indispensable ; elle nous ranime en débrouillant nos relations avec la « réalité empirique ». Bref, elle nous rend à nous-mêmes en même temps qu'elle nous ramène à notre vraie patrie : le pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Bouffonnerie de l'ipséité


Être ceci ou cela, quel grotesque !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Un « roi de la déconne »


6 mai. — Xénophane croit que, par ses parties inférieures, la terre a jeté des racines à une profondeur infinie, et qu'elle est un composé d'air et de feu.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

samedi 20 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

    Avez-vous jamais eu l'impression que « rien n'a de sens » ?
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Phares


Les suicidés philosophiques sont les médiateurs du « lointain » ; ils ont, comme disait Vigny, le « regard tourné vers l'horizon [du Rien] » ; ils nous entraînent ainsi au-delà de nous-mêmes. Leurs œuvres fulgurantes et brutales sont « de petites lanternes où brille le reflet du pachynihil » (Gragerfis), lumière qui nous attire, nous appelle parce qu'elle est accordée à ce qu'il y a en nous de plus secret. C'est pourquoi « tout homicide de soi-même s'ouvre comme une porte, comme une fenêtre », nous aidant à respirer mieux.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Acétabule


L'acétabule, cette cavité où s'insère la patte de derrière des insectes, a elle aussi sa place dans la réalité empirique, immense capharnaüm de tous les déclassés.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Crocus


5 mai. — Selon Idace, c'est au début du cinquième siècle que Crocus, roi des Vandales, fit irruption dans les Gaules. Grégoire de Tours, cependant, place cette irruption dans le troisième siècle. Se peut-il qu'il ait confondu avec un autre Crocus ?

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant l'Apothéose du décervellement de Francis Muflier

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Positivisme logique


« L'homicide de soi-même, écrivait en 1932 Rudolf Carnap, est le moyen d'expression adéquat, la métaphysique le moyen d'expression inadéquat d'un sentiment de l'existence. » Pour surprenante qu'elle puisse paraitre, cette déclaration n'a rien que de logique venant du flambeur invétéré du Cercle de Vienne. On sait à quel point Carnap a réduit l'aire de pertinence du langage, évacuant les énoncés non vérifiables, les concepts sans fondement « positif », toutes les facilités de l'expression abstraite qui font illusion et encombrent. Or, une fois mis au rancart tout ce « saint-frusquin » (Gragerfis), que reste-t-il pour exprimer son sentiment de l'existence sinon le taupicide ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 19 avril 2019

Révulsif


Les vésicatoires, les sinapismes et les rubéfiants agissent assez souvent comme des révulsifs. Le monstre bipède — le fameux « autrui » du philosophe Levinas — également.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Tonnerre


4 mai. — Le vénérable Bède dit que saint Ceadde, qui fut évêque d'York au septième siècle, avait une peur effroyable du tonnerre ; et que quand il s'élevait quelque orage, il se mettait en prières et rassemblait le peuple à l'église pour apaiser la colère divine.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

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Mutisme intempestif de l'étant existant


Qui sait si le Dasein n'est pas à chaque instant spectateur de la procession sacrée du Graal ? Pareil à Parsifal, il regarde sans comprendre et demeure muet. Il ne prononce pas la question salvatrice qui abolirait le sortilège : « Pourquoi y a-t-il en général de l'étant, et non pas plutôt rien ? » Hypnotisé par les « structures empaillées de la raison pure », il passe à côté de ce qui lui rendrait la vraie vie : le pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Outrage


La matière fécale — la « merdre » — est, comme le furent jadis les magasins Dufayel (selon Léon Bloy), « un outrage et un défi permanent à la vie surnaturelle ».

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Fèves


3 mai. — Parmi les Anciens, Aristoxène est le seul qui ait dit que Pythagore mangeait souvent des fèves.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

jeudi 18 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

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Interrogatoire


Le gendarme : « Alors, mon petit père ? Il paraît qu'on est un homme solitaire, en quête de soi-même, ardent à deviner le secret de sa propre charade ?
 

L'homme du nihil : Ça se peut. Et alors ? C'est interdit ?
 

Le gendarme : Et à part ça, qu'est-ce qu'on fait dans la vie ?
 

L'homme du nihil : Ce ne sont pas vos oignons, mais je vous le dis quand même : je dénombre au jour le jour les vicissitudes lassantes et monotones de mon néant.
 

Le gendarme : C'est bon. Je ferme les yeux pour cette fois. Mais n'y reviens pas. »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Irréalité du « Suisse »


L'excrément ressemble au Léviathan de qui une nageoire ou quelques écailles émergent seules des flots : la matière en est trop compacte pour que le regard puisse l'interpréter, et il en résulte une impression d'irréalité.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Prémonition


2 mai. — Valère Maxime raconte que Brutus eut le triste présage du sort qui l'attendait à la bataille de Philippes.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

   Les théorèmes, axiomes et autres lemmes vous font caguer ?
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Un destin beckettien


La pente naturelle du Dasein l'amène à mettre tôt ou tard sa vie en miettes. Peut-être se figure-t-il inconsciemment qu'en devenant un « débris », il fera taire le « mugissement du vide » dans son conscient intérieur ? — Ô vanité ! ô néant ! « ô aueuglement estrange des hommes ! »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Recours désespéré


Frappé d'hydropisie existentielle, j'eus recours à ce purgatif inhumain, médiéval : l'idéalisme fichtéen.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Nomos


1er mai. — Il ne suffit pas, selon Archytas, que le nomos soit kalos et agathos, il doit être aussi antipéponthos.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

mercredi 17 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

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Hölderlin et le Rien


Dans son étude sur Hölderlin, Edmond Chassagnol insiste sur l'expérience déterminante que fut pour le jeune homme la découverte du Rien. Il n'avait encore vu que des rivières comme le Neckar : apercevoir le Rien l'a bouleversé. Stupeur et saisissement, révélation de l'illimité. De telles rencontres sont à part et peuvent marquer une existence : on sait que les dernières années de la vie de Hölderlin se déroulent dans l'ombre de la folie, chez le menuisier Ernst Zimmer à Tübingen.

Ce n'est qu'après avoir livré la dernière partie de son étude à Katkov que Chassagnol s'aperçut de sa terrible méprise : il avait confondu le Rien avec le Rhin et pris pour Hölderlin le peintre Eugène Boudin !


(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Reptilisme jankélévitchien


Tel un python à tête noire, le temps avance par reptation au moyen des mouvements de ses côtes — monotone, sempiternel processus cérébelleux !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Un endroit à éviter


30 avril. — Le lac de Clitor, selon Eudoxe, donne du dégoût pour le vin à ceux qui boivent de ses eaux.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)