samedi 11 mars 2023

Cafard

 

Émile Cioran aime le mot cafard. Bien qu'il soit en général sensible aux nuances, il ne voit pas que ce vocable est assez « bébête » et qu'on l'attendrait plus dans la bouche d'une pécore que sous la plume d'un « négateur universel ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Bach, la tarte aux poireaux et la momie

 

D'après le professeur Munteanu, le « négateur universel » Émile Cioran voyait en la musique de Bach le seul moyen — hors la pensée de l'homicide de soi-même et la tarte aux poireaux de Simone Boué — de « dissiper son spleen plombé d'antique momie ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 10 mars 2023

Impuissance du bouddhisme zen

 

Ni le bouddhisme zen, ni l'entreprise maritainienne placée sous le signe du thomisme, encore moins le merleau-pontisme, ne parviennent à donner un sens à la séquelle de minuscules anecdotes en quoi consiste une vie humaine (par exemple le remplacement d'un chauffe-eau). 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Périèque de l'existence

 

À cause qu'il est un périèque, le nihilique ne participe pas à la vie politique de la cité. Mais à vrai dire, il ne participe pas à la vie en général. Car périèque, il l'est aussi de l'existence. Un périèque, donc... — mais dynamitier ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

L'idée du bonheur chez l'homme et le ruminant : une analyse comparative

 

Les « vaques » s'estiment heureuses quand elles ont de l'herbe à boulotter. Mais l'homme a une conception plus raffinée du bonheur. Il veut être « aimé », le céoène ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Décapage de l'âme-logogriphe

 

Pour décaper son âme-logogriphe, le nihilique n'a pas trouvé mieux que le muscadet. Il s'y met dès huit heures du matin. Il dit qu'il prend des « capsules ontologiques ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 9 mars 2023

Tout se transforme

 

Que devient l'âme humaine, après que la mort a brisé les liens qui l'enchaînaient au corps ? Une jolie corbeille de mésotrons, voilà ce qu'elle devient. Nous répétons : une jolie corbeille de mésotrons — que l'on peut, si on le désire, poser sur une briquette de chondrite carbonée ou sur un dessus de cheminée. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Éternité retrouvée

 

Le « vieux jeton » échappe à la temporalité du temps. Il vit dans une étroite éternité semblable à celle que lui procuraient jadis — quand il n'était encore qu'un « moujingue » — les manèges pour enfants. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Protestons contre l'absurdité universelle !

 

Le mot cuisse, quintessence de l'esprit dadaïste.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Problème d'appât ?

 

Descartes pensait avoir conçu le parfait moulinet de la méthode, mais quand il sortit de son poêle pour l'essayer dans un canal de Leyde, il fit chou blanc. Ça ne « mordait » pas. Les « poiscailles » étaient insensibles à sa « preuve par le parfait » ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 8 mars 2023

Débraillement de la mort

 

On a tendance à se représenter la mort comme un dandy tiré à quatre épingles, on l'imagine vêtue d'une jaquette ou d'une redingote, mais la plupart du temps, quand elle se présente, elle est fagotée à la six-quatre-deux ! Il lui arrive même de sortir « en cheveux » ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Inflation

 

Les salaires stagnent, le prix des denrées augmente, si ça continue, on va se retrouver à poil de Nicosie ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

À la librairie

 

« Vous avez quelque chose sur le dégoût d'exister ?
— Oui, j'ai de l'Émile Cioran. Il n'est pas mal pour les commençants.
— Très bien. Va pour de l'Émile Cioran. Mettez-m'en une grosse. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

On s'y perd

 

Si vous cherchez dans la littérature une réponse à la question « comment vivre », bon courage. Entre Bartleby qui préférerait ne pas et Barkis qui veut bien, il y a de quoi être déboussolé. Comment savoir sur quel pied danser ? Qu'il est pénible d'être livré à soi-même ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 7 mars 2023

Un gars pas contrariant (suite)

 

L'être est, lui a-t-on dit. C'est un peu difficile à croire, mais comme Barkis, le nihilique veut bien. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Qui ?

 

On vit parce qu'il faut vivre (soi-disant) ; mais on le fait la mort dans l'âme. Qui nous consolera d'exister ? Pas la philosophie ! Peut-être le pape François ?  
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

À la louche

 

L'écrivain suédois Stig Dagerman estime que le besoin de consolation de l'homme est grand comme deux terrains de football à peu près. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un douloureux hiatus

 

Heureux ! Heureux celui dont le dehors coïncide avec l'image qu'il se fait de lui-même ! Atrocement « malheuleux », en revanche, celui qui, âgé de quinze ans in petto, dix-sept à tout casser, est prisonnier d'une défroque de « vieux jeton !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

 

lundi 6 mars 2023

Viscose

 
Heidegger déconseille au Dasein de porter des sous-pulls en viscose, car d'une part ça gratte, d'autre part le Dasein est alors « empêtré » et « empêché » de retrouver son être le plus propre, que seule la conscience authentique de la mort peut lui restituer. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Gnothi seauton

 

« Et toi ? Qui es-tu ?
— Je suis — vous n'allez sans doute pas le croire — un véritable sandre du lac Balaton. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Hédonisme pachynihilique

 

Humer le Rien comme on se saoule. Tout simplement, sans penser à demain — à ce « demain » qui vient toujours un peu trop vite. Mais sans penser non plus aux adieux (d'avec la réalité empirique) qui quelquefois se passent un peu trop bien (suicide au monoxyde de carbone, comme Stig Dagerman) . 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

La seule hypothèse


L'homme, s'il est quelque chose, doit être un papillon rêvant qu'il est Tchouang-tseu. Ce n'est pas possible autrement. Toute autre conjecture serait pépiage. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 5 mars 2023

Anniversaire

 

On est du trois février comme on est de Bezons : sans espoir. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un calembour

 

Étang de Soustons, deux heures de l'après-midi. L'hygrométrie de l'air est nulle. Dans une épaisseur hostile de verre pilé, deux quidams discutent.
« Monsieur et madame Manvussa ont deux fils, dit le premier. Comment s'appellent-ils ?
— Je ne sais pas, répond le second. Pierre et Paul ?
— Non. Gérard et Alex.
— Hein ?
— Oui. Parce que Gérard Manvussa et Alex Manvussa.
— Ah, bon.
— Oui, mon ami. C'est ce qu'on appelle un calembour.
— Si j'étais seul, je me jetterais instantanément à l'eau. Jamais je n'ai ressenti avec une telle violence le besoin de mettre un terme à tout ça. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Rosserie du Grandiloque

 

Dans son captivant livre de souvenirs consacré à Émile Cioran, le professeur Munteanu rapporte que le « négateur universel », jaloux du succès de la Cantatrice chauve de son ami Ionesco, avait surnommé ce dernier un « boulimique maréchal de l'absurdie ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Visitation

 

On est allongé sur un canapé en laine, abruti de fatigue existentielle et de dégoût, ressassant la pensée que la vie est une courge amère, quand soudain on entend un léger grouillement. Il est là ! Il est vivant ! Le Rien ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 4 mars 2023

Rumination

 

Non seulement la solitude existe, mais elle vous congèle le cerveau. Elle annule le présent et fait remonter le passé à la surface. On revit ses échecs antérieurs au lieu d'en confectionner de nouveaux. Comme la mort (selon Jankélévitch), la solitude est un « état malaisant ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Impotence balavoinesque du nihilique

 

C'est le printemps. Sur le cep, le sarment gaillardit. La nature peut. La nature sait. Mais toi, tu ne peux pas, tu ne sais pas, et tu restes planté là. Oui : comme le chanteur Daniel Balavoine. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un être disgracié

 

Le nihilique ? Il est là où se terre le blaps. Dans l'obscurité. Dans les décombres — à la Rebatet. Comme le blaps, il se nourrit d'excréments et projette un liquide nauséabond (sous forme d'aphorismes) lorsqu'il est menacé. Comme le blaps, il a mauvaise réputation. « Blaps présage de mort ». Ça vous dit quelque chose ?  
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)