mercredi 21 juin 2023

Un-fucking-believable

 

Le nihilique veut bien accepter un certain nombre de bizarreries de la part du monstre bipède, mais qu'il forme des projets, alors là, ça passe les bornes.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Libellula depressa

 

La libellule déprimée est un insecte odonate appartenant à la famille des libellulidés. Très commune en Europe, on la rencontre jusqu'en Asie centrale. Ce qui la distingue des libellules « normales », c'est le sentiment camusien qu'elle éprouve de vivre isolée dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. Les symptômes qui l'affectent — tristesse pathologique ; perte d'intérêt pour les activités professionnelles, sociales et familiales ; sentiment de culpabilité et d'échec ; diminution de l'estime de soi ; difficultés à se concentrer sur une tâche et à prendre des décisions —, ont un retentissement majeur sur sa vie, notamment sur le plan socioprofessionnel. Le risque de suicide est particulièrement élevé et concerne dix à vingt pour cent de ces petits insectes.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 20 juin 2023

Voir les comédiens

 

Parfois, quand la tristesse de vivre le poigne, le nihilique se dit qu'il devrait peut-être aller voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens qui arrivent viens. Histoire de se distraire un peu et d'oublier pour un instant qu'il est un être-pour-la-mort. Mais il les connaît trop, ces comédiens, ces musiciens, ces magiciens. Ce sont des pauvres cons. Ils ne sont même pas distrayants.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Cancel culture

 

« Le père mort, les fils vous retournent le champ. Deçà, delà, partout ; si bien qu'au (Francis) bout de l'an, il en rapporta davantage. » Dans cet extrait du Laboureur et ses enfants, on remarque une allusion à la Milice française, certainement involontaire de la part de La Fontaine mais qui fait un peu tache. Ne vaudrait-il pas mieux remplacer le passage scabreux par « à la (Francis) fin de l'année » ? Par respect pour les victimes ? Quitte à sacrifier la métrique ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un « homme de fer » de la philosophie

 

Ludwig Wittgenstein est le Robert Dacier de la philosophie. Comme le célèbre et paraplégique détective, il se livre à des investigations, et d'une. Et de deux, même s'il ne pourchasse pas les brigands en fauteuil roulant, il traque les « limites du sens », et on peut dire que c'est à peu près la même chose (en étant coulant).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un plan diabolique

 

La femme est une créature essentiellement vénale. Son rêve est d'épouser un riche laboureur sentant sa mort prochaine. Mais c'est rare que ça marche.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

lundi 19 juin 2023

Bonhomme Charon

 

Chaque fois qu'un Polacre dit « no to nie », le nihilique a envie de lui demander « des Enfers ? »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Merveilleux Jacques Aubert

 

Honneur ! Honneur à Jacques Aubert, ce grand spécialiste de Joyce ! Dont les splendides traductions ont enchanté notre enfance ! Euh...
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Aspects du mythe

 

Mircea Eliade était féru de mythes, c'était chez lui une véritable obsession. Il parlait même de mythes à l'abbesse. Et quand son ami le négateur lui en faisait le reproche, il répondait que ce n'était pas grave, qu'il s'agissait seulement de mythes abolis.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

À dormir debout

 

Dans Mon voisin le Totoro, le Totoro est une sorte de gros patapouf qui joue de l'ocarina. Il y a aussi des créatures qui ressemblent à des boules de suie et qui portent le nom de susuwatari. En général, l'histoire est « à dormir debout ». Mais la vie du nihilique ? N'est-elle pas, elle aussi, « à dormir debout » ? Et le nihilique n'a pas même l'excuse d'avoir été créé dans les studios Ghibli ! Puisqu'il est de Bezons !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

dimanche 18 juin 2023

Artisanat

 

Le nihilique n'aime pas trop qu'on lui demande s'il a « un projet dans l'artisanat ». Par politesse, il répond quand même (il dit que non). Jusqu'à preuve du contraire, pense-t-il, l'homicide de soi-même, ce n'est pas de l'artisanat.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Colloque de Buenos-Aires

 

Bioy Casares : Dis donc, Roré ?
Borges : Si ?
Bioy Casares : Donde esta la tortilla ?
Borges : Qué ? 
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Du beau ! Du sublime !

 

Le pire qu'il puisse arriver à un écrivain, c'est d'être lu. Surtout par des pochetées qui s'amusent à lui saper le moral en lui disant que ce qu'il écrit est « très beau et très fort », « d'une beauté transcendante », ou encore « lucide, sublime et bouleversant ». S'il n'arrête pas d'écrire après ça, c'est qu'il en tient une bonne couche.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un volucre superlatif

 

Plus véloce qu'un pouillot, plus fascié — et plus pupulant ! — qu'une huppe, plus proyer qu'un bruant, plus à gorge blanche qu'un rougequeue, le nihilique est la quintessence des oiseaux de nos campagnes. Dans ses rêveries d'un promeneur solitaire, tout au moins.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 17 juin 2023

Mieux que le jus de pruneau

 

Avec l'homicide de soi-même, finis les problèmes de constipation (conceptuelle et autre).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Vie machinale

 

Il faudrait pouvoir vivre machinalement. Sans y penser. Comme Henri Michaux dans ses bons jours. Mais lui était belge. Quand on est de Bezons, c'est une autre histoire.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Ce cher visage du passé

 

Que reste-t-il des billets doux ? Hein ? Et des mois d'avril ? Et des rendez-vous ? Quand on est un « vieux jeton » ? C'est simple : il en reste peau de révérence parler zob. L'impression malaisante d'avoir été pris pour un couillon. C'est tout.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Les polyèdres

 

En société, il faut faire très attention, on a vite fait de passer pour un original — ou pis ! — si on ne surveille pas ses paroles. Mais heureusement, dans le secret de son « conscient intérieur », on peut faire l'andouille tout son saoul, on peut proclamer que le réel est zingibéracé, l'infini infundibuliforme, etc. Pourtant, il y a des gens, on mettrait sa tête à couper qu'ils ne font jamais les andouilles, même intérieurement. Ça fait un peu peur, des gens comme ça.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 16 juin 2023

Ponérologie

 

« Dans le vocabulaire de la théologie, le terme ponérologie désigne l'étude du mal. Et surtout de la genèse du mal.
— Sans blague ? Et ça se fait comment, cette étude ?
— Ça consiste surtout à observer les personnes du sexe. Elles sont toujours à tramer quelque chose, tu vois.
— Ah.
— Ouais »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Tentation d'exister

 

Le nihilique, c'est bien simple : moins il existe, plus l'existence le fait chier. D'ici à ce qu'il décide de changer son fusil d'épaule et succombe à la « tentation d'exister », comme Mimile... Mais non.... Il ne faut quand même pas pousser grand-mère dans les orties... Il ne va pas se mettre à écrire des aphorismes. C'est déjà assez gênant.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Littérature bovine

 

Albert Cohen n'est pas tellement fameux comme écrivain, mais il a traité Marguerite Yourcenar de grosse vache, et ça, c'est quand même quelque chose. « Comment une pareille grosse vache, et aussi moche, peut-elle écrire ? » a-t-il dit, exprimant tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Corinne ou l'Italie

 

N'est-ce pas Madame de Staël qui a dit : « Aux sites de Bologne, je préfère les mines de Pompéi » ? — Finalement non, ce n'est pas Madame de Staël. Mais ç'aurait pu. Car elle était assez portée sur la chose, paraît-il.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

jeudi 15 juin 2023

Pauvre Leopardi

 

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la vie n'a pas été tendre avec le poëte Leopardi. Il était bossu, souffreteux, et personne n'en avait rien à foutre de ses poëmes. Souventes fois, il était complètement découragé et il disait qu'il était « mûr pour la mort ». Ce qu'il lui aurait fallu pour supporter tout ça, il n'y a pas de doute, c'est un petit coup de « vermouth des intrépides », mais dans la maison familiale de Recanati, il n'y avait pas plus de Vulcani que de beurre au prose. Le poëte a quand même réussi à tenir jusqu'à trente-huit ans, on se demande comment. Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Le recours aux Mahatmas

 

Perclus de solitude, incapable de « trouver le joint » avec ses congénères qui tous croient dur comme fer au « quelque chose » —, le nihilique fait comme Madame Blavatsky : il entretient des communications avec des Mahatmas plus ou moins invisibles.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Une pensée familière

 

Deux ou trois fois par semaine, l'idée de l'homicide de soi-même, sympathique et fraîche comme une barrique de muscadet, surgit dans notre « conscient intérieur ». Au début on est un peu décontenancé, puis on s'y fait, puis on l'attend comme une vieille amie.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un odoriférant cachot

 

Au dire du Dante, la deuxième bolge de l'enfer se signalait par une odeur excrémement désagréable car les adulateurs et les flatteurs y étaient plongés dans un fleuve de révérence parler merde.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mercredi 14 juin 2023

Un Pessoa de Ploubezre

 

La vie du nihilique avait été si terne, si étriquée, si dépourvue d'événements, qu'il se croyait en droit de dire « avoir commis tous les crimes, hormis celui d'exister ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Effondrement inopiné du Grandiloque

 

Le « Grandiloque des Carpates » Émile Cioran paraissait infatigable dans la négation. Il décochait ses flèches avec la vigueur d'un chaman hurluberlu de Lambayeque. Son ami Ionesco vantait ses qualités de « finisseur » et chacun s'attendait à le voir clouer le bec à l'être une bonne fois pour toutes. Hélas ! Vaincu par la démence sénile, il ne put « terminer en costaud » !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un salop capable de tout

 

Il arrive au nihilique d'envier « l'homme de la Nature et de la Vérité ». Ce dernier, c'est évident, se sent dans le réel comme un poisson dans l'eau. Il s'y déplace sans encombre et sans angoisse. Il est même capable de conduire un break !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)