lundi 31 juillet 2023

Lagéniforme

 

L'univers du nihilique est en forme de bouteille. En effet, wittgensteinien comme il est, les frontières de son langage déterminent les frontières de son univers — or il se trouve qu'il connaît le mot lagéniforme.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un myste

 

Le nihilique a été initié aux mystères du Rien. Mais il a juré le silence. C'est un myste !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

dimanche 30 juillet 2023

Objectif mort

 

Sorte de Sergueï Pavlovitch Korolev de la névrose autopropulsée, le nihilique surveille la trajectoire de sa déchéance existentielle à l'aide d'un cinéthéodolite. Jusqu'à présent, elle était nominale, mais soudain, tout part en révérence parler couille. Sénescence... caducité... décrépitude... « Corrigez ! Mais corrigez donc, sapristi ! »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Lueur d'espoir

 

Les garagistes de La Bourboule sont de parfaits abrutis. Par conséquent... la perfection existe ! Elle est de ce monde ! Tout n'est pas perdu !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

La solitude : analyse critique

 

L'avantage de la solitude, c'est qu'on peut être con, vieux et moche sans avoir à se sentir gêné. Il n'y a pas gêne ! L'inconvénient de la solitude, c'est... euh...
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Aux chiottes les choses

 

S'enfouir dans un dictionnaire et s'y claquemurer, pour ne plus avoir affaire à la « réalité empirique » que par ouï-dire. Les mots ! Les mots plutôt que les choses !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 22 juillet 2023

Bourrelles

 

Ce n'est pas « les mensonges » qu'Emmanuel Berl aurait dû dire. « Je hais les bourrelles qui vous ont fait tant de mal. » Voilà ce qu'il aurait dû dire.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Mes équipes

 

« À cette occasion, je voudrais remercier mes équipes pour le travail accompli.
— Tes équipes ? T'en as combien ?
— J'ai une équipe cynophile.
— Si t'en as qu'une, il faut dire que tu remercies ton équipe, alors.
— Je trouve que ça fait mieux de dire “mes équipes”. Ça fait plus important.
— T'es vraiment un pot de pisse, toi. »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Triangulation existentielle

 

D'après René Maheu, dans le couple Sartre-Beauvoir, c'est Jean-Paul qui portait le théodolite.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Mots

 

Si le « négateur universel » Émile Cioran avait découvert que Simone Boué le trompait avec un garagiste de La Bourboule, le premier mot qui lui serait venu à l'esprit aurait été extermination, le deuxième tête de delco et le troisième joint spi.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 21 juillet 2023

Psychokinésie

 

Si vous haïssez quelqu'un — par exemple une mégère difforme au faciès d'hippopotame — avec suffisamment de force, ce quelqu'un finira par exploser, par imploser, ou par recevoir un pot de fleur sur le cassis. C'est en tout cas ce qu'affirme Tchouang-Tseu dans son Classique véritable de Nanhua — et ce qu'espère ardemment le nihilique.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Biglosité du « roseau pensant »

 

Le philosophe Blaise Pascal croyait que la nature était l'image de Dieu. Mais si on regarde mieux, on s'aperçoit qu'elle ressemble plutôt à une tête de chien couché.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Non discursivité du tathâta

 

Selon Nagarjuna, le tathâta, autrement dit l'« ainséité » — qui désigne chez les bouddhistes la véritable nature de la réalité à un moment donné —, a pour caractère d'être non discursif, donc de ne pouvoir s'exprimer par la parole. La réalité n'est pas verbale ! Elle est incommunicable et atroce, comme le pensait Lugones ! Après ça, il ne faut pas s'étonner si certains s'en vont, taciturnes et seuls, chercher la mort dans le crépuscule d'une île.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Gueuloir


 
Comme Flaubert, le nihilique a son « gueuloir ». Et on y entend de ces choses... Des « zingibéracé », des « pots de pisse »... Heureusement qu'il n'y a pas de voisins (ça se passe dans sa tête).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

jeudi 20 juillet 2023

Santo subito

 

Ce n'est pas dans cent sept ans que le nihilique veut être canonisé mais tout de suite. Santo subito ! Ainsi, il sera à l'abri du besoin (métaphysique). Il n'a peut-être pas fait de miracles, mais il a mené une vie exemplaire dans le Rien — et ce n'a pas été de la tarte.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Thaumaturgie

 

S'il faut en croire les Évangiles, Jésus était capable de réaliser d'extraordinaires tours de force, comme de changer l'eau en un « effrayant pichtegorne » ou encore de multiplier les pains (il était assez batailleur).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Deux types équivoques

 

Le zélateur du Rien et le théologien ont plusieurs points communs. Tout d'abord, ils se meuvent chacun dans l'étrange et l'invérifiable (le divin pour l'un, le pachynihil pour l'autre). Ensuite, tous deux méprisent les « amis de la sagesse », leurs « concepts » et leurs « phénomènes ». Enfin, leur commerce de l'étrange et de l'invérifiable leur donne un petit air vicieux qui les fait regarder avec méfiance par le vulgum pecus.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Une imagination fertile

 

Le nihilique se dit que si le monde extérieur n'existe pas réellement mais n'est qu'une création de son « conscient intérieur », alors il a fait un beau gâchis. Mais il y a tout de même une chose dont il est fier, c'est la chimie, avec son tableau périodique, ses électrons de valence, ses béchers, ses erlenmeyers, ses pipettes graduées, ses coefficients stœchiométriques et ses enceintes adiabatiques. Il fallait y penser. Ce n'est pas tout le monde qui aurait pu inventer un truc pareil.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mercredi 19 juillet 2023

Le nihilique, cet inconnu

 

Le nihilique ne connaît personne et personne ne le connaît. À son estime, ce n'est pas plus mal. Ainsi, il n'a pas besoin de faire « jore » qu'il est comme ci ou comme ça. Il peut rester indéterminé tout son saoul, comme il sied à quelqu'un que l'être n'a jamais emballé.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

On aura tout vu

 

Quand on y réfléchit, le simple fait que le Dasein porte des chaussettes est une preuve contre l'immortalité de l'âme.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Né trop tard

 

Quoiqu'il n'ait jamais couru après les honneurs, le nihilique aurait été flatté d'être reconnu comme « le chantre de l'absence douloureuse ». Malheureusement, c'était déjà pris (par Georges Perec).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Sacripant

 

Qui ose reconnaître qu'il n'est pas heureux est un petit sacripant.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 18 juillet 2023

De quoi avons-nous besoin ?

 

Lao-Tseu, Tchouang-Tseu, Confucius... Ces Chinois nous font suer, avec leur « sagesse ». Ce n'est pas de sagesse que nous avons besoin mais de... de quoi au fait ?... De taupicide ! C'est de taupicide que nous avons besoin ! Pour fuir la malrucienne condition humaine !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un précurseur du hollandisme

 

Une légende urbaine prétend que le poëte futuriste Vladimir Maïakovski, au moment de s'envoyer une « bastos » dans le buffet, aurait crié : « Le changement c'est maintenant ! » Cela semble très douteux, mais même si cette histoire est apocryphe, une chose est indéniable : en un clin d'œil, la condition du poëte fut effectivement modifiée du tout au tout.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Du ridicule (en veux-tu en voilà)

 

Le nihilique ne sait rien de plus ridicule que le terme Costaricien pour désigner un habitant du Costa Rica — à part peut-être les « œuvres » du « plasticien » Christo.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Sibou

 

Au Costa Rica, les Bribris et les Cabécares adorent le dieu Sibou. C'est même, s'il faut en croire l'anthropologue Malinowski, leur « dieu tutélaire ». Mais ici, attention. Dans la mythologie de ces Indiens, aussi bizarre que celui puisse paraître, le frère de Sibou est... un tapir ! — Ces Bribris... et ces Cabécares... « comme même » !...
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

lundi 17 juillet 2023

L'adieu aux petits pois

 

Quand on était jeune, on aimait bien les petits pois. Mais maintenant qu'on s'est pénétré de l'inanité de toute chose, on ne voit plus, dans l'acte de manger des petits pois, qu'une gesticulation solitaire et funèbre au-dessus du néant — comme sont aussi, dans un autre genre, les « œuvres » du « plasticien » Christo.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Pas de quoi rire

 

Il y a des ceusses qui se consolent d'avoir à mourir en se disant que dans cette vie, ils auront tout de même beaucoup ri. Mais pas le nihilique. Il faut dire que si l'on excepte la fois où il a entendu le mot diptérocarpacée, il n'a pas ri des masses. Pourquoi aurait-il ri ? Qu'est-ce qu'il y avait de risible, dans ce « monde de néant » ? La bêtise ? Mais la bêtise n'est pas risible, elle est plutôt désespérante. S'il avait dû montrer quelque émotion, le nihilique aurait fait comme Héraclite, il aurait pleuré sur le flux du devenir.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Le Rien, c'est pas pour les caves

 

Nihilique n'est pas à proprement parler un métier, mais si ça l'était, ce serait un « métier en tension » — et même en tension de Laplace. Le Rien n'est pas une sinécure. Il met les nerfs à rude épreuve !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)