lundi 28 août 2023

Souris verte du Rien

 

Quelqu'un qui croit au quelque chose, vous ne le convaincrez pas que rien n'est. Les sectateurs de l'être — les « quelque-chosistes » — sont insensibles à l'argumentation. Comme saint Thomas, ils veulent voir. Mais le Rien n'est pas une souris verte que l'on peut attraper par la queue et montrer à ces messieurs ! Il faut le sentir !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

dimanche 27 août 2023

Promenade impossible

 

Si le nihilique était de Biarritz ou même d'Anglet, il ne traînerait pas à la Chambre d'amour. Le nom est trop cucul et gnangnan pour son goût. L'amour ! Il vous en foutra, de l'amour, lui, tuouaouar ! De toute façon et quoi qu'il en soit, il est de Bezons, alors la question ne se pose pas.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Ce que Dieu est et n'est pas

 

Le théologien apophatique dit de Dieu qu'il n'est pas baisant, et le cataphatique que c'est un vrai fidgarce.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Coup de moule

 

Dans ce « monde de néant », tout est également sordide, abject, ennuyeux, et il n'existe de grandeur qu'à le crier sur les toits. Or par un « coup de moule » extraordinaire, c'est justement ce que le nihilique passe son temps à faire !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Classification

 

Dans son Histoire du dense et du rare, Francis Bacon, de façon assez inattendue, range parmi les choses denses le bigorneau.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 26 août 2023

Épongement final

 

Après tout, pourquoi ne pas le dire ? La « source inverse, qui éponge » dont parle Roger Caillois à la fin de son livre, c'est... « sa Majesté la mort » ! Mais oui ! Elle nous éponge si bien qu'elle nous restitue au pachynil. Mais vous l'aviez peut-être deviné ? 
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un déçu du vocable

 

La position quant au langage du Lord Chandos de Hofmannstahl pourrait se résumer par cet aphorisme à la Wittgenstein : « Puisqu'on ne peut rien dire, il faut se taire. » Lord Chandos est un déçu du vocable. Il a d'abord tenté de dire les choses, mais ça n'a pas marché. Alors puisque le langage « pue du cul », puisque les mots sont insuffisants et faux, le mieux est encore de « fermer sa boîte à fromage ».
P.S. : Merde à celui qui le lira, signé Bigeard.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un pis-aller : le pennemie

 

Quand le Dasein veut se faire un sandwich et qu'il n'y a plus de baïette, il utilise du pennemie (à condition d'avoir pensé à en acheter).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Horreur du pain (Hommage à George Sand)

 

Il est vain de vouloir juger un homme : ils sont trop nombreux à l'intérieur et on ne ferait pas le poids s'il leur prenait l'envie de vous coller un « pain ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 25 août 2023

Imitation de Li Po

 

Devant le vin, le soir a surpris le nihilique. Les fleurs tombées couvrent sa limouse et son falzar. Ivre, il poursuit la lune dans l'eau. Est-ce qu'il se prendrait pour Li Po, astheûre ? Il y a des fois, il attige !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Envoûté !

 

On espère toujours que sa tête d'autrefois va revenir, sa tête de quand on était jeune, mais c'est le contraire qui se produit : on ressemble de plus en plus à une momie. Serait-on, comme le Mômo, victime d'un envoûtement ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Gaffe schopenhauerienne

 

Après une visite au bagne de Toulon, Arthur Schopenhauer, alors adolescent, écrit dans son Journal de voyage : « Il n'y a pas à dire, c'est beau, une ville, la nuit ! » — Il avait pris le bagne de Toulon pour le philosophe Jean Grenier !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Détresse mortelle d'Ionesco

 

Dans sa maison  qui était plutôt un appartement , le « négateur universel » Émile Cioran regardait par la fenêtre Ionesco venir à lui et frapper chez lui. « Émile ! Émile ! Ouvre-moi ! Ou l'Absurde me tuera !
— Eugène, entre et viens — me serrer la main. »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

jeudi 24 août 2023

Botanique

 

En cours de sciences naturelles, quand il était adolescent, le nihilique a étudié les pétaux et les sépaux. Mais il n'en a pas retenu grand chose. Il se souvient vaguement qu'il y avait aussi les étamines et le pistil.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Révélation claudélienne

 

Le nihilique a vécu une expérience claudélienne, mais ce n'était pas à Notre-Dame, c'était dans un aéroport ; et il n'a pas vu la Sainte Vierge mais tout un tas de têtes de con. Il s'est demandé ce qu'il faisait là — dans « l'espèce humaine » — vu qu'il ne se sentait rien de commun avec toutes ces têtes de con. Et soudain, les écailles sont tombées de ses yeux : il n'était pas véritablement un sapiens sapiens ! Il avait dû être adopté !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Les inspirés

 

On peut se creuser les méninges pendant cent sept ans, on ne trouvera pas réponse plus ridicule à la question « Que faites-vous dans la vie » que « Je suis poëte ». Ils s'y croivent, les inspirés !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un comble de bougre

 

Le chanteur Léo Ferré trouvait que c'était extra, mais en fait ça ne l'est pas du tout. Au contraire, c'est archinul. La vie, c'est-à-dire. Conclusion : soit le chanteur Léo Ferré était bigleux, soit il mentait. Réflexion faite, c'est sûr, il mentait. Salop, va ! Ça t'amuse, de provoquer les personnes « nihiliques », hein ? Attends un peu, tu vas voir comme c'est extra. Pauvre con !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mercredi 23 août 2023

La gênance de penser

 

Quand on s'imagine qu'on ne pense à rien, on se trompe. On pense à des bêtises, au vocable reginglette, à un point mathématique, à la preuve par le parfait conçue par Descartes — ce philosophe « au poêle » —, aux microscopiques polyèdres ajourés des radiolaires, à ce que vous voulez, mais on pense à quelque chose. Et c'est bien malheureux, car penser à quelque chose vous donne l'air d'un couillon.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Arbol de la muerte

 

« Et je m'endormirai à l'ombre du mancenillier. » L'ombre du mancenillier passait jadis pour vénéneuse. Les poëtes suicidaires (entre autres José-Maria de Heredia) avaient coutume d'y faire la sieste. C'était une sieste, hélas, remplie de crabes (comme sont les sites pour les bains).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Infusibilité du nihilique et question

 

Le nihilique est pratiquement infusible. Même soumis à la fulminance d'une mégère difforme au faciès d'hippopotame, il ne fond pas. Alors ? Quelle fournaise fut assez ardente pour lui donner pareille apparence d'éponge pétrifiée ? 
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Aux chiottes les « mules »

 

Le nihilique refuse absolument de porter des « mules ». Des savates, il pourrait peut-être encore l'accepter, mais des « mules »... c'est totalement hors de question. Il n'aime pas le mot, et puis il est atteint d'acédie monastique — alors les « mules »...
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 22 août 2023

Des visiteurs insistants

 

Le nihilique raconte : « Lundi matin, le concept d'angoisse, le traité du désespoir et la pensée de l'homicide de soi-même sont venus chez moi pour me serrer la pince. Comme j'étais parti, la pensée de l'homicide de soi-même, se faisant le porte-parole du groupe, a dit : “Puisque c'est ainsi, nous reviendrons mardi.” Et de fait, ils sont revenus. »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Pensée-boomerang

 

Tout ce qu'on dit du monstre bipède, on peut se l'appliquer à soi-même. C'est ça qu'est terrible (mon vieux).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Dernier des Mohicans

 

Kafka faisait-il « jore », lui aussi ? Cette question est difficile à trancher, mais des indices sérieux laissent à penser qu'il faisait « jore ». Bientôt, il ne va plus rester qu'un seul écrivain à ne pouvoir être suspecté d'avoir fait « jore » : l'austère Roger Caillois.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Jusqu'au-boutisme nihilique

 

Le nihilique dénonce le vivre contre nature en ne vivant pas du tout. Si les gens le savaient, ils diraient sans doute qu'il « pousse le bouchon » — mais heureusement, personne ne s'en préoccupe.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

lundi 21 août 2023

Par le fer et par le feu

 

Paul Celan et Ghérasim Luca se sont tous deux suicidés en se jetant dans la Seine, dans « l'onde amère où tout s'oublie ». Henri Michaux a rendu hommage à Paul Celan dans une « Méditation sur la fin de Paul Celan », mais il n'a pas rendu hommage à Ghérasim Luca dans une « Méditation sur la fin de Ghérasim Luca » vu qu'à la mort de ce dernier lui-même était déjà, comme cela s'appelle, « décédé » (il ne s'est pas jeté dans la Seine mais a été percuté accidentellement par un train de marchandises).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Paroles, paroles

 

Il faudrait pouvoir se taire une bonne fois, cesser d'inonder le monde de ses « aphorismes », rejoindre la niobite et la proustite à l'extrême de la taciturnité... Mais c'est plus fort que soi, on cause, on s'épanche... Le Moi, quel phraseur !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Vents poétiques

 

Chaque fois qu'il mangeait un haricot de mouton, le poëte Baudelaire avait des vents, et c'était pareil pour le poëte Verlaine (celui-ci avait même, semble-t-il, des « vents mauvais » qui l'emportaient deça, delà, pareil à la feuille morte). Quant aux poëtes Arthur Rimbaud, Tristan Corbière et Germain Nouveau, ils n'aimaient pas le haricot de mouton et n'en mangeaient pratiquement jamais. On ne peut donc pas dire.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un tordu

 

Cela paraît presque « inc'oyable », mais le poëte Baudelaire voulait que sa « bonne amie », quand elle serait morte ou quasi, dise aux insectes nécrophores qui la mangeraient de baisers qu'il avait gardé la forme et l'essence divine de ses amours décomposés !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)