samedi 23 septembre 2023

Morale de l'inconfort

 

Comme le fakir hindou, le nihilique adhère à une morale de l'inconfort. Il est capable de rester une vie entière le prose entre deux chaises, entre l'être et le néant, ni ceci ni cela.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Un terrible vocable

 

Plus on progresse dans l'étude du Rien, plus on se convainc que le vocable strapontin dissimule de très redoutables mystères.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Recherches odysséennes

 

Le nihilique a contribué aux recherches odysséennes en identifiant certains sites décrits par Homère. Il a notamment situé l'île de Calypso dans Sontcuq (Lot) — ce qui lui a valu de souffrir quelque temps de « constipation conceptuelle opiniâtre ».
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

vendredi 22 septembre 2023

Un chauve qui pouvait

 

Le nihilique n'a pas été créé cardinal par le pape Innocent VII lors du consistoire du 12 juin 1405, mais l'évêque Antonio Calvi, si.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Schopenhauerisme viticole

 

Le pessimiste nous fait penser à ce vigneron dont le meursault évolue qui, voyant que l'on dresse un gibet dans la cour, croit que c'est à lui qu'on le destine et se dit que décidément, la vie ne se présente pas sous les meilleurs auspices de Beaune.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Un préjugé sans fondement

 

Contrairement à ce qu'affirme la sagesse populaire, le maire d'Eu (Seine-Maritime) n'est ni sale ni petit.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Une stupéfiante coïncidence

 

Quand on découvre que l'écrivain Charles Bukowski et le joueur de rugby à treize Puig-Aubert dit Pipette sont nés au même endroit : Andernach, en Allemagne — le lieu même où Charles le Chauve fut défait par les fils de Louis le Germanique —, on ne peut s'empêcher de penser que cela veut dire quelque chose. Quelque chose, oui, mais quoi ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

jeudi 21 septembre 2023

Surnoms

 

Émile dit Mimile, d'accord, André dit Dédé, admettons, Gustave dit Tatave, ça peut encore se comprendre, mais Simon dit Pierre ???
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Les conquérants

 

S'il faut en croire José-Maria de Heredia, on trouve à Palos de Moguer (en Andalousie) beaucoup de routiers et donc aussi beaucoup de restaurants de routiers. Mais attention : ces routiers sont souvent ivres (d'un rêve héroïque et brutal).
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Doute au carré

 

Le doute le plus térébrant est celui, étrangement ignoré par Descartes, qui consiste à douter de la pertinence même de douter.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Être Soupault

 

Une enquête rapide suffit à l'établir, personne ne veut être Soupault. Mais la question est : pourquoi ? Peut-être que les gens ont déjà assez à faire à être eux-mêmes ? Peut-être qu'ils ne veulent pas se compromettre en cosignant un livre intitulé Les Champs magnétiques avec l'exécrable André Breton ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 20 septembre 2023

Un affreux pastis

 

« Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, ou comme cestuy-là qui conquit la toison...
— Non.
— Comment ça, non ?
— Ce sont deux poëmes différents. Tu yoyotes.
— Comment ça, deux poëmes différents ?
— L'un est d'Alfred de Musset, l'autre de Joachim du Bellay.
— Eh bien ça alors ! Ça me la coupe ! Bon diousse de bon diousse !
— Eh oui. C'est peut-être triste mais c'est ainsi. »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Husserl et le pélican

 

Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux, le philosophe Edmond Husserl court sur le rivage en le voyant au loin s'abattre sur les eaux et lui crie : « Toute conscience est conscience de quelque chose ! Toute conscience est conscience de quelque chose ! » Depuis le temps que ça dure, le pélican en a ras la casquette. Comme il aimerait, le pélican, envoyer le phénoménologue aux cinq cents diables, et avec lui tous les « amis de la sagesse » !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Parle à ma main

 

Un jour, en Vendée, le Dasein heideggérien a assisté à un spectacle équestre où il y avait — oublie-moi — un Hun !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Joie de vivre

 

Pour retrouver la joie de vivre qu'il a perdue à sa naissance, le nihilique prie saint Antoine de Padoue — pour l'instant sans résultat. Si ça continue, il va devoir s'adresser à sainte Rita (les causes désespérées) ou à Michel Gillibert (les handicapés de la vie).
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mardi 19 septembre 2023

Révolte métaphysique

 

L'être est un margouillis exophtalmique et le Dasein en bave des ronds de chapeau. Doit-il se révolter, comme semble le préconiser à demi-mot Albert Camus ? Sans doute, mais comment ? En envoyant des lettres salaces à Maria Casarès ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Un pas grand chose

 

À la question « Qui suis-je ? », le nihilique n'apporte pas exactement la même réponse qu'Oberman. La sienne est : « Pour l'univers, rien ; pour moi, rien non plus. En résumé : pas grand chose. » Pour un peu, il s'identifierait au Rien, n'était ce panaris qui le fait cruellement souffrir !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Gueule asymétrique

 

À la fin de sa vie, Joris-Karl Huysmans se plaignait d'avoir « une gueule asymétrique ». Il avait une grosseur à la joue due à son cancer de la mâchoire. « Dieu m'a sapé », soupirait-il. Dieu... la vie... mieux vaut ne rien dire, on risquerait d'être grossier.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Sens de la vie

 

On se plaint de ce que la vie n'a pas de sens, mais quand on essaie d'imaginer quel sens elle pourrait avoir, on sèche. Alors autant faire « jore » que ça n'a pas d'importance...
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 18 septembre 2023

Catéchisme

 

« Alors Judas a fait la poucave et les Romains ont arrêté Jésus. Mais ensuite, Judas n'a pas pu supporter la gênance et il s'est pendu.
— Oh, fan de chichourle ! Pécaïre ! Des bartavelles, tu dis ? »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Biographie du Grandiloque

 

Émile Cioran commence sa carrière « au fond du monde ignoble des viscères, des muqueuses et des humeurs, parmi une foisonnante et trouble fermentation ». C'est sa période « fœtus », qui va de fin 1910 à début 1911. Le 11 avril 1911, il se retrouve à l'air libre. Très vite, anxieux de s'exhausser à l'impérissable et de faire oublier son origine immonde, il se lance dans l'écriture d'aphorismes, encouragé en cela par sa « muse » Simone Boué. En 1949, avec la parution de son Précis de décomposition, il s'empare du titre de « négateur universel » jusque-là détenu par le grec Pyrrhon. Mais ce n'est qu'en 1986, avec ses Exercices d'admiration, qu'il devient véritablement célèbre. « J'ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès », confie-t-il au professeur Basile Munteanu. Son œuvre, ironique et apocalyptique, est marquée du sceau du pessimisme, du scepticisme et de la désillusion.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Golmon

 

Maurice Blanchot passe pour un homme grave et même austère, mais il paraît que dès qu'il était seul, il se lâchait et faisait le « golmon ». D'après Roland Barthes, il est arrivé plus d'une fois que Georges Bataille ou Pierre Klossowski se présentent chez lui alors qu'il faisait le « golmon » et lui disent : « Alors Maurice ? On fait le golmon ? »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Magie de la poésie

 

Les poëmes, ça va quand on est bien disposé, mais quand on est d'humeur caustique c'est une autre histoire. Tout vous paraît alors d'un niais... Ainsi, Apollinaire avec son pharaon et ses vagues de briques. Carre-les-toi dans le fiak, tes vagues de briques, hé, pot de pisse !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

dimanche 17 septembre 2023

Un gars sensé

 

Le philosophe Wittgenstein n'était pas tellement partisan qu'on cherche à exprimer l'ineffable. Face à l'ineffable, il trouvait qu'il valait mieux « fermer sa boîte à camembert ».
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Le nihilique, un éternel adolescent ?

 

Si vous saupoudrez vos commentaires désabusés (sur l'être et tout ce qui s'ensuit) de références à Joseph de Maistre et à Tacite, on ne vous taxera pas d'immaturité car « ça fait sérieux », et pourtant... Qui, sinon un éternel adolescent, pourrait soutenir sérieusement que « rien n'est » ou — variante — que « tout pue » ? On peut supposer que, vers l'âge de dix-sept ans, quand il a vu à quoi ressemblait le « monde des adultes », le nihilique a été victime d'un « choc septique », et que sa croissance intellectuelle s'en est trouvée bloquée. Mais attention ! Ce n'est qu'une hypothèse ! Il est possible après tout qu'il dise vrai, que rien ne soit et que tout pue !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Méditation cartésienne

 

Quand on visite un aquarium, on en vient fatalement à se poser la question : « Pourquoi les poissons ont-ils tous des gueules de con ? Serait-ce une preuve de l'existence de Dieu ? »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Encore une belle journée

 

Le soleil vient de se lever. On attend l'ami Ricoré, avec son pain et ses croissants, mais au lieu de l'ami Ricoré, c'est la pensée que « rien n'est » qui surgit — suivie immédiatement par la pensée que tout est vain, que l'homme vit isolé dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. Alors on suit le conseil du « négateur universel » Émile Cioran, on se recouche et on gémit. Tout ça ne va donc jamais finir, sacré nom d'une pipe ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

samedi 16 septembre 2023

À la chicote !

 

Pour avoir donné des titres prétentieux à ses recueils de poëmes, comme Le Marteau sans maître et Recherche de la base et du sommet, le poëte René Char mériterait de subir le supplice de la chicote (un fouet à lanières tressées, traditionnellement en cuir d'hippopotame ou de rhinocéros). On verrait alors s'il recherche toujours la base et le sommet, le couillon !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Prélude à la dissolution du Moi

 

Pour se préparer à la mort, il faut désapprendre à dire « je ». On dira plutôt « exposition de bétail », « manufacture de tabac » ou « laine à tricoter ». Compris, les pots de pisse ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)