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dimanche 12 mai 2024

Oxygène du possible

 

Dans Le Trésor de Rackham le Rouge, lorsque les Dupond-Dupont oublient de pomper, la situation de Tintin rappelle celle de George Floyd : he can't breathe.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mercredi 1 mai 2024

Ça très mauvais

 

Dans l'Oreille cassée, Hergé rend un discret hommage à l'auteur du Bréviaire du chaos : l'Indien qui guide Tintin jusqu'au territoire des terribles Arumbayas s'appelle Caraco. Comme son modèle, cet Indien nourrit une vision désespérée de l'existence. Quand on lui parle de la vie, du monde, il répond : « Ça très mauvais. Moi pas aller. »
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mercredi 13 mars 2024

Complémentaires

 

« C'était un couple bien assorti. Il ressemblait au professeur Bergamotte, et sa femme à la momie de Rascar Capac. »
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mardi 27 février 2024

Fils d'Abraham

 

Qu'a bien pu penser le fils d'Abraham, quand il a vu son père lever son couteau sur lui et qu'il l'a entendu dire qu'il fallait trouver la voie ?
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

dimanche 18 février 2024

Tintin et le problème du temps

 
« Le présent en soi est comme le point en géométrie ! Le présent en soi n'existe pas ! Ce n'est pas une donnée immédiate de notre conscience ! Nous sommes sauvés, mon vieux Milou ! »
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

samedi 27 janvier 2024

Hou-Kou

 

À l'instar du fameux radjaïdjah, la pensée que « rien n'est » est un poison qui rend fou. Le nihilique est dans de beaux draps ! Le professeur Fan Se-Yang pourrait peut-être trouver un antidote, mais pour le rencontrer, il n'y a pas trente-six solutions, il faut se rendre à Hou-Kou. Seulement, avec la crue du Yang-Tsé-Kiang et tout ça...
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

jeudi 5 octobre 2023

Bada

 

Parce qu'il pense que « rien n'est » — et sans doute aussi parce qu'il a une tête de coupable —, le nihilique est tenu pour responsable de tout ce qui ne va pas dans la « réalité empirique ». Les punaises de lit, c'est lui ! Les tulipes de Jeff Koons, c'est lui ! On lui fait porter le bada ! Cela, non seulement le rend mélancolique, mais lui fait penser à Ramón Bada, ce criminel qui, aidé de son complice Alonzo Perez, tente de s'emparer du fétiche des Arumbayas pour subtiliser le diamant qu'il contient.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 14 novembre 2022

Timidité insigne de Calys

 

Quand, dans l'Étoile mystérieuse, le professeur Calys demande à Tintin s'il aime les caramels mous, on sent bien que ce qu'il aimerait lui demander, en fait, c'est pourquoi il y a en général de l'étant et non pas plutôt rien.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 30 octobre 2022

Inventivité du suicidé philosophique

 

Le suicidé philosophique est si fertile en inventions, c'est un si rusé compère que ni Madame Yamilah ni le fakir Ragdalam — et ne parlons pas de l'illusionniste Bruno — ne sauraient lire dans son cœur. Dans son ouvrage sur l'homicide de soi-même1, le docteur Claude-Étienne Bourdin rapporte qu'un habitant de Saint-Denis s'occupait depuis plusieurs jours à fabriquer un œuf de carton. À peine eut-il fini qu'il le remplit de poudre, le plaça dans sa bouche, et demandant du feu à sa femme comme pour allumer sa pipe, y mit le feu et se fit sauter la cervelle !

1. Du suicide considéré comme maladie, Paris, Fortin, 1845.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 14 octobre 2022

Passage secret

 

Lorsque Tintin s'exclame : « Mon vieux Milou, nous sommes perdus », Milou lui répond aussitôt : « Suis-moi, Tintin, je connais un passage secret qui va nous permettre de nous échapper ». Or il se trouve que ce passage secret, le nihilique le connaît aussi. Il s'appelle... l'homicide de soi-même.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 7 juin 2022

Effarement rimbaldien

 

Si, par l'effet de quelque miracle, l'homme voyait soudain les choses telles qu'elles sont, il tomberait dans une stupeur au moins égale à celle qui saisit le professeur Bergamotte quand il fut frappé par la malédiction de Rascar Capac.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 9 septembre 2018

L'heure de la fermeture


« On ferme ! » crie en agitant sa cloche le gardien du musée ethnographique qui, quelques minutes plus tard, constatera la disparition du fétiche arumbaya. Ce sont aussi les dernières paroles de l'écrivain Sadegh Hedayat, qui se suicida le 9 avril 1951 dans son appartement de la rue Championnet à Paris.

Qualifié par Gragerfis d'« homme du nihil » et de « pessimiste incurable », hanté par ses démons et vivant en marge de la société, il portait un regard désespéré sur l'absurdité du monde et l'inguérissable folie de l'âme humaine.


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

samedi 8 septembre 2018

Le Travailleur


Le « Monsieur Baxter » d'Objectif Lune n'est pas un humaniste, c'est le moins que l'on puisse dire. Ce monstre froid au cerveau farci de statistiques, qui dirige le Centre de Recherches Atomiques de Sbrodj, incarne la pensée technicienne à l'état pur, qui « met aux prises une volonté agressive et une nature pensée comme matière inerte, simple objet de pénétration et d'information » 1. En comparaison, comme le docteur Rotule, quoique bourru, nous paraît bénin et sensible !

Vers la fin de sa vie, Baxter, du fait d'une carence en fibres, se trouvera momentanément incapable de « faire » et connaîtra enfin le sentiment intérieur de la présence du Rien. Il regrettera amèrement d'avoir consacré ses jours à des fusées, centrales atomiques et autres billevesées, mais il sera trop tard : comme l'a montré le philosophe Jankélévitch, le temps a en effet un caractère odieusement irréversible.


1. Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein, p. 209.

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

vendredi 7 septembre 2018

Frayeurs enfantines


« Pour l'enfant que j'étais, l'univers des cabinets, où j'avais coutume de lire les Aventures de Tintin, c'était le tumulte et l'incertitude, le royaume des périls sournois où des créatures molles, visqueuses — Rastapopoulos, les frères Loiseau, l'ingénieur Wolff —, se conjuguaient aux lames sourdes de ma mélancolie et au roulis de mon âme. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

jeudi 6 septembre 2018

Vengeance haddockienne avortée


Smith est l'agent général à Reykjavik de la Golden Oil qui détient le monopole de la vente de mazout en Islande. Sa compagnie appartenant à l'infâme financier Bohlwinkel, il reçoit l'ordre de ne pas ravitailler l'Aurore afin de favoriser le Peary dans la course vers l'aérolithe.

Quand Smith refuse de lui vendre du fioul, le capitaine Haddock envisage un moment de lui ouvrir le ventre, d'en arracher les entrailles, d'y mettre de l'avoine et d'y faire manger les chevaux, comme firent les naturels d'Ascalon et d'Héliopolis à saint Cyrille, diacre, et aux autres martyrs sous Julien l'Apostat.

Heureusement, il n'est pas contraint d'en arriver à cette extrémité car sa rencontre avec le capitaine Chester lui permet de se procurer du carburant par la ruse. Le vil Smith ne saura jamais à quoi il a échappé !


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

mardi 4 septembre 2018

Ban du piccolo


Dans le Trésor de Rackham le Rouge, le capitaine Haddock reçoit, à la veille du départ du Sirius, une terrible nouvelle. Son médecin, le docteur Daumière, a diagnostiqué chez lui une « insuffisance fonctionnelle du foie » et lui interdit « toutes boissons alcoolisées (vin, bière, cidre, alcools, apéritifs, et cetera) ».

Cette prescription drastique va à l'encontre des préceptes de Pardule, évêque de Laon, qui recommande, pour dompter le Moi, l'absorption de « pivois » dès huit heures du matin.


Pauvre capitaine, condamné à subir passivement les gesticulations et les grimaces du « sinistre polichinelle », de l'« odieux Moi » !

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

lundi 3 septembre 2018

Des célibataires endurcis


Selon toute apparence, les policiers Dupond et Dupont sont des « vieux gars » et on les imagine bien, à l'automne de leur vie, en route vers l'hospice de Gouyette pour y couler des jours paisibles. Mais les deux virtuoses du contrepet supporteront-ils l'ambiance austère qui règne dans cet hospice dirigé par des sœurs ? Et ces dernières pourront-elles se faire à leur humour absurde et pince-sans-rire ? Rien n'est moins sûr...

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

dimanche 2 septembre 2018

Un original


« L'Inde a une multitude de santons ou fakirs, c'est-à-dire de gens qui se sont retirés du monde, et elle en a de toutes les couleurs. Le nombre des fakirs mahométans qu'on y trouve s'élève à huit cent mille, et celui des païens à douze cent mille », nous dit le médecin, botaniste et philosophe suisse Johann Georg Zimmermann dans son livre De la solitude paru en 1756.

Le fakir Cipaçalouvishni est l'un de ces excentriques « santons ». Il semble défier la douleur. Rien ne lui fait peur : ni le verre brisé sur lequel il saute avec entrain, ni les lames aiguisées qui lui percent le corps, ni même la terrifiante haeccéité dont, comme tant d'autres, il doit porter le joug.


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

samedi 1 septembre 2018

Être utile


L'ingénieur Frank Wolff a l'apparence gluante du crapaud et tout en lui respire la veulerie. Il sait que les gens le tiennent pour un fourbe et il en souffre secrètement. Un jour, il tombe sur ce passage de l'Essai sur l'homicide de soi-même dit « à la Polonoise » par le Sieur Manoury 1 : « Je ne m'amuserai point, à l'exemple de l'auteur de l'Égide de Pallas, à prouver l'excellence de l'homicide de soi-même par son ancienneté ou par le rapport qu'il peut avoir avec quelques traits de l'histoire ancienne ; je me contenterai simplement de dire que c'est un passe-temps des plus récréatifs et des plus amusants. La découverte que l'on y fait tous les jours de nouvelles finesses prouve qu'il n'est point d'exercice plus étendu et plus intéressant que l'homicide de soi-même. »

Aussitôt, sa décision est prise : il mettra fin à sa pondéreuse existence en se jetant dans l'espace interstellaire.

Et c'est bien ce qu'il fait dans On a marché sur la Lune, à la stupéfaction de Tintin, du capitaine Haddock, du professeur Tournesol, et des détectives Dupond et Dupont !

Comme Archimède, Galilée, Newton, Papin et Volta, l'ingénieur Wolff n'aura pas été seulement un mélancolique, mais encore un être utile puisque sa mort permettra aux astronautes de disposer d'une réserve d'air suffisante pour rentrer sains et saufs à bon port.


1. Bruxelles, Le Francq, 1796.

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

vendredi 31 août 2018

Manie dissectrice des Chinois


Didi, le fils de  Wang Jen-Ghié, une fois atteint par une fléchette empoisonnée au radjaïdah, devient complètement « maboul » et tente à plusieurs reprises de couper la tête à Tintin au moyen d'un sabre. Au paroxysme de sa folie, il veut même décapiter ses propres parents !

Cette obsession dissectrice n'a rien d'exceptionnel en Chine. Le missionnaire jésuite Antoine Gaubil, dans son livre sur le Chou-king — un des livres sacrés des Chinois, qui renferme les fondements de leur ancienne histoire, ainsi que les principes de leur gouvernement et de leur morale — en témoigne : « Il est souvent fait mention dans le Chou-king des cinq supplices, dont on recommande l'emploi envers les criminels. Le premier, nommé Me, consistoit à faire des marques noires sur le front ; cela étoit nommé ke-ge. Le second nommé Y, étoit de couper le nez, exprimé par tsie-pi. Le troisième nommé Tiao, consistoit à couper les pieds et les jambes jusqu'aux genoux. Le quatrième nommé Kong, consistoit à couper les parties naturelles 1. Le cinquième nommé Ta-pi, étoit de donner la mort. »


1. L'auteur nomme ainsi les génitoires.

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)