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mardi 28 août 2018

De l'incroyable voracité des philosophes


« Un phénomène n'est pas plutôt apparu que les philosophes se jettent dessus et lui mangent les chairs, les artères, les membranes et les tendons, de sorte que le lendemain, il n'en reste plus que le squelette. Si le temps ne réduisoit les os en poussière, il arriveroit dans la suite qu'ils ne sçauroient plus où les mettre, tant ils sont avides de déchiqueter tout ce qui passe à leur portée. » (Joseph Gumilla, Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la philosophie, Avignon, Mossy, 1758)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

lundi 27 août 2018

Bolet de mélèze


La philosophie, ce « stérile pays hérissé de frimas », a ceci de commun avec le bolet de mélèze (Boletus laricis) qu'elle est très coriace. Mais la ressemblance ne s'arrête pas là. Le bolet de mélèze, connu dans le commerce sous le nom d'agaric, constitue un médicament à la saveur douceâtre, un peu désagréable. Comme la philosophie, il entre dans la classe des purgatifs, et on le regarde comme un bon vermifuge.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

samedi 18 août 2018

De la digestion du philosophe


« Un métaphysicien allemand de la grosse espèce, que M. de Réaumur avoit en sa disposition, fut destiné à ces expériences ; il lui fit d'abord avaler un tube de fer-blanc ouvert par les deux bouts, dans lequel il avoit assujetti avec un fil un concept presque aussi long que le tube, mais qui n'avoit qu'environ le tiers de son diamètre ; le philosophe fut mis aussitôt sous une grande cage à poulets, où il eut à syllogiser à son ordinaire. Environ vingt-quatre heures après, le sectateur de Leibniz rejeta ce tube par le bec ; il ne parut avoir souffert aucune pression de la part de son estomac, on n'y voyoit aucun vestige d'aplatissement, et le fil même qui attachoit dedans le concept et qui environnoit de plusieurs tours le dehors du tube, étoit parfaitement sain et entier ; un des deux bouts étoit parfaitement fermé par une sorte de bouchon formé de monades que le métaphysicien avoit précédemment mangées, et imbibé d'une espèce de bouillie qui pénétroit au-delà de la moitié du tube. Le concept qui y étoit renfermé se trouva réduit presque au quart de son premier volume, ce qui en restoit étoit demeuré attaché au fil, et paraissoit couvert d'une bouillie probablement produite par celles de ses parties qui avoient été dissoutes ; il avoit à peu près son ancienne couleur, mais il s'en falloit beaucoup qu'il eût la même consistance : en tirant doucement ce concept avec la pointe d'un canif, on le mettoit en charpie ; son odeur ne ressembloit point à celle de la viande pourrie, elle n'étoit ni aigre, ni pénétrante, mais plutôt fade. » (Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, Paris, 1756)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

vendredi 17 août 2018

Positivisme


Selon Auguste Comte, seules l'analyse et la connaissance des faits vérifiés par l'expérience peuvent expliquer les phénomènes du monde sensible et sauver ainsi l'homme du désespoir. La certitude en est fournie exclusivement par l'expérience scientifique, comme celle qui consiste à enfermer un philosophe dans une vessie pour voir s'il va « produire du concept » — que l'on verrait alors suinter à travers la membrane.

(Raymond Doppelchor, La Suave idée du Rien)

Apophtegme


Plusieurs philosophes se disputent un concept ; mais aucun n'ose tirer trop fort de peur de se faire syllogiser par les autres : — ainsi, les nobles « amis de la sagesse » restent souvent un bon moment comiquement sans bouger, comme des statues, face à face, le concept dans le groin, — éternisant par irrésolution une situation intenable... — le cher concept est pendant ce temps au milieu, comme l'aiguille d'une balance, indiquant qu'équilibre il y a... autant dire : que tous les philosophes sont égaux en lâcheté !...

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mercredi 15 août 2018

Un pou


Le roi Philippe de Macédoine avait, au dire de Froude (Life of Carlyle), chargé un valet de chambre de s'exclamer tous les matins : « Philippos, souviens-toi que tu es un homme ! » — ce qui lui valut plus tard de se faire traiter de « vieil âne pochard ». — Le philosophe, lui, devrait avoir quelqu'un pour lui corner sans arrêt aux oreilles : « Souviens-toi que tu es un pou, l'image même de la déchéance. »

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mardi 31 juillet 2018

Empirisme logique


« L..., âgé de 55 ans, saltimbanque et marchand de cigare, entre à Bicêtre le 15 mai 1860.

Cet homme se livre depuis longtemps à des excès de vin et d'eau-de-vie, et chaque fois qu'il a bu plus que de coutume, il offre un tremblement des mains très caractérisé. Condamné à un mois de prison, il se trouve à peine en liberté qu'il s'abandonne à de nouveaux excès : bientôt, agitation maniaque, hallucinations de la vue, panophobie ; il voit des voleurs qui courent après lui, des assassins qui le menacent, et commet des extravagances.

Puis au bout de quatre jours, son délire se transforme ; il soutient que la réalité n'est rien qui se conçoive seulement "phénoménalement" ou comme le corrélat d'une intuition. Elle n'a, d'après lui, aucun caractère spécifique d'immanence à la conscience, mais constitue une forme d'en soi qui englobe autant les vécus psychiques que les choses et les relations entre choses. Il dit que "l'ordre des contenus de conscience dans l'espace et dans le temps est en même temps le moyen par lequel nous apprenons à déterminer l'ordre transcendant des choses qui se trouvent au-delà de la conscience" ; et que "cette mise en ordre est le pas essentiel qui conduit à la connaissance de ces choses".

Vers la fin de 1860, le délire philosophique diminue progressivement : le malade passe à la ferme Sainte-Anne où il travaille en plein air ; il est doux, facile à conduire, raisonnant assez bien ; conservant toute la netteté de sa parole, mais un peu indifférent et apathique. Dans le courant de janvier 1861, les hallucinations disparaissent, il n'existe plus aucune trace d'idées relatives à la théorie de la connaissance. Le malade sourit lorsqu'on les lui rappelle et les attribue au trouble de son esprit ; il affirme qu'il est guérit, promet d'être plus sobre à l'avenir, et réclame instamment sa sortie, qui lui est accordée le 28 février. » (Jules Baillarger, Des symptômes de la paralysie générale et des rapports de cette maladie avec la folie, Paris, Delahaye, 1869)


(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

dimanche 22 juillet 2018

Gloutonnerie philosophique


« Les philosophes, habitués qu'ils sont à manipuler des concepts équivoques, semblent ressentir un plaisir coupable à se rouler sur les ordures les plus sales et les plus fétides ; ils dévorent les aliments les plus dégoûtants, ils mangent de l'herbe, de la paille, du linge, de la laine, du tabac, des matières fécales ; ils boivent l'urine, l'eau des ruisseaux ; j'ai rencontré dans l'estomac d'un empiriste logique des fragments du linge qui avait fait partie de ses vêtements ; chez un autre, le cæcum était rempli, distendu par un tampon de paille qui avait déterminé une inflammation et la gangrène des membranes intestinales ; ils dévorent tout ce qui tombe sous leurs mains. Un nominaliste britannique à qui je donnais des abricots, les portait d'abord à sa bouche, mangeait la pulpe ; ne pouvant mordre dans les noyaux, il les avalait, comme il avait déjà avalé la pulpe du fruit. Il mangea ainsi neuf abricots de suite, et en eût mangé davantage, si je n'avais craint qu'il n'en fût malade. » (Jean-Étienne Esquirol, De la philosophie considérée sous le rapport médical, hygiénique, et médico-légal, 1838)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mardi 10 juillet 2018

Dangers du concept


Chez les philosophes de profession, il y a des hallucinations des sens qui augmentent graduellement d'intensité. Souvent, dans cet empoisonnement lent par le concept, il y a aussi des sueurs, un grand affaiblissement des forces et des tremblements dans les membres. Lorsque le philosophe a déjà des hallucinations de la vue, de l'ouïe, de l'odorat et du toucher, il s'imagine les approches de la mort, et il n'est pas rare qu'il accouche alors d'un pondéreux traité sur la vanité de toute chose.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

lundi 2 juillet 2018

Philosophisme convulsif


Maladie convulsive épidémique des Allemands; raphania, Linné. — « Dans la troisième période, lorsque la maladie se termine par la guérison, les convulsions cessent ; mais il reste souvent un tremblement des mains, de l'affaiblissement dans la vue, des phénomènes épileptiformes qui reparaissent par intervalle, et un désir irrépressible de "créer des concepts" » (E. Monneret et L. Fleury, Compendium de médecine pratique, Béchet jeune, Paris, 1839)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

samedi 30 juin 2018

Sudation conceptuelle


Ô philosophe ! Ami de la sagesse ! Ce que tu dois suer mon brave !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

jeudi 14 juin 2018

Influence de l'atmosphère


« Macbride prit trois philosophes de l'école spinoziste : il en mit un qui pesoit 138 livres sous un petit récipient d'une machine pneumatique, dont il pompa l'air autant qu'il lui fut possible ; le second qui pesoit 151 livres, fut mis sous un verre de la même capacité du récipient, renversé sur un morceau de cuir mouillé. Le troisième fut suspendu et exposé à l'air libre au Nord ; le thermomètre de Farenheit étoit au soixante et dixième degré. 

Après vingt-quatre heures, le premier philosophe avoit produit 7 à 8 concepts, et avoit une odeur putride ; le second avoit produit deux concepts et demi, et étoit parfaitement doux ; le troisième n'avoit produit aucun concept et étoit sec et parfaitement doux. » (Barthélemy-Camille de Boissieu, Dissertation sur la pratique philosophique, Paris, Des Ventes, 1769) 

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mercredi 13 juin 2018

Vulnérabilité de l'ami de la sagesse


Un philosophe attaqué par l'idée du Rien ne fait en général pas de vieux os. Criblées de piqûres, ses radicelles à concepts se boursouflent et prennent l'aspect de chapelets à grains allongés. Ainsi déformées, elles ne peuvent plus puiser les sucs nourriciers de la réalité empirique ; le cerveau affamé languit quelque temps, ne donne que de chétifs syllogismes, mais est incapable de produire le moindre concept ; enfin l'« ami de la sagesse » se dessèche et meurt. « Le puceron a tué sa nourrice » dirait l'entomologiste Fabre.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mardi 12 juin 2018

Nuisibles


Dans son ouvrage intitulé Les hylophtires et leurs ennemis, le docteur Ratzeburg divise les philosophes en trois classes : les très nuisibles, les distinctement nuisibles, et les indistinctement nuisibles. « Les très nuisibles, dit-il, font périr et estropient une grande foule d'esprits en y injectant leurs doctrines pernicieuses pleines de concepts très venimeux. Les distinctement nuisibles tuent et rabougrissent bien aussi çà et là quelques esprits, mais, pour l'ordinaire, ils ne font que les arrêter d'une manière évidente dans leur croissance. Enfin les indistinctement nuisibles sont, ou trop rares pour pouvoir positivement nuire, ou bien, lorsqu'ils sont nombreux — cas, par exemple, des empiristes logiques —, ils ne corrompent que superficiellement la pachyméninge de ceux qui reçoivent leur doctrine. »

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

vendredi 8 juin 2018

Mœurs du philosophe


« Quoique leur naturel soit essentiellement misanthrope, les philosophes sont cependant susceptibles d'être apprivoisés. Lorsqu'on les prend jeunes, on peut adoucir leur caractère, mais jamais au point de faire que la soif du sang ne s'éveille en eux lorsqu'on leur présente un phénomène. Leur vivacité est très grande : ils courent, sautent, furètent partout, s'introduisent dans les plus petits trous de la "réalité empirique". 

Leur marche est silencieuse et leur position ordinaire consiste à relever leur dos en arc. Ils n'attendent pas leur proie, mais au contraire ils mettent la plus grande activité à la chercher ; la destruction qu'ils font des beautés de la nature et de celles de l'esprit humain est très grande. 

On trouve des philosophes dans tous les pays froids ou tempérés de l'Europe, de l'Amérique et de l'Asie. L'Afrique et la Nouvelle-Hollande sont les seules contrées qui n'en aient point encore fourni. » (Dictionnaire pittoresque d'histoire naturelle et des phénomènes de la nature, Tome cinquième, Paris, 1837)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mercredi 30 mai 2018

Enlisement conceptuel


On ne peut ressentir qu'une pitié immense pour le philosophe, cet avorton au teint cireux qui s'affaire incessamment à disséquer la réalité empirique. C'est l'homme qui s'enlise : on ne voit plus que sa main, qui s'agite encore pour implorer un impossible secours, et la fange conceptuelle l'ensevelit...

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

lundi 28 mai 2018

Concepts urticants


« Chacun sait que le contact d'un philosophe produit une sensation urticante et visqueuse qui est sinon douloureuse du moins désagréable. L'urtication, la viscosité de "l'ami de la sagesse" sont dues à une foule de petits corps, les "concepts", dont le philosophe, sous l'attouchement qu'il a subi, s'est immédiatement hérissé. La plus grande prudence est donc de mise lorsqu'on approche un philosophe. » (Auguste Prenant, Traité d'histologie, Tours, Arrault, 1904) 

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

dimanche 27 mai 2018

Zouaverie philosophique


Lorsque le professeur Tournesol, courroucé au delà de toute expression, entraîne le capitaine Haddock à travers le centre spatial de Sbrodj et, lui désignant un groupe de philosophes occupés à extruder des concepts, s'exclame : « Et ces gens-là, ils font aussi les zouaves, sans doute ? », il ne croit pas si bien dire. Car ces « amis de la sagesse », comme tous ceux qui les ont précédés, s'escriment en vain à disséquer la réalité empirique : tout ce qu'ils parviennent à produire, c'est de la « catalepsie conceptuelle ». Autrement dit, sous couvert d'idéalisme, de nominalisme ou d'empirisme logique, ils « font les zouaves ».

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

samedi 26 mai 2018

Conseil au philosophe


« Épluchez votre cervelle, c'est-à-dire ôtez le sang caillé, la petite peau et les fibres qui renferment la cervelle ; vous la mettrez dégorger dans de l'eau tiède pendant deux heures, pour bien en éliminer toute trace de concept, après vous la ferez cuire entre des bardes de lard, deux feuilles de laurier, des tranches d'oignons, des carottes, un bouquet de persil et ciboule, un verre de vin blanc et du bouillon ; après qu'elle a mijoté une demi-heure au feu, égouttez-la; mettez du beurre noir dessous, et du persil frit dans le milieu. — Vous êtes prêt à aller dans le monde. » (A. Viard, Le cuisinier impérial ou L'art de faire la cuisine et la pâtisserie pour toutes les fortunes, Barba, Paris, 1808)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

mercredi 16 mai 2018

Une triste engeance


« La caste des philosophes se compose de cette multitude d'êtres faibles qui, moralement invertébrés, n'ont pas la puissance de résister aux perfides séductions du concept ou à l'entraînement du mauvais exemple (exempli gratia, Johann Gottlieb Fichte). C'est la plupart du temps parmi les affabulateurs compulsifs que se recrute cette déplorable engeance, dont tous les membres sont sur la pente qui conduit à l'échafaud. » (Mémoires de Vidocq, chef de la police de Sûreté jusqu'en 1827, Paris, Tenon, 1828)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)