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mardi 25 septembre 2018

Taupicide


Lorsqu'il s'agit de combattre un fléau tel que le Moi, il serait insensé de repousser tout moyen qui offre une chance de succès, et le procédé indiqué par Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain — l'ingestion de taupicide — mérite d'autant plus de fixer l'attention et d'être mis en pratique, que le taupicide a fait ses preuves sur le Moi du petit mammifère fouisseur, sans oreilles apparentes et plus ou moins aveugle, qui vit dans des galeries souterraines dites taupinières.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

dimanche 23 septembre 2018

Réconfort


Je trouve plus de réconfort dans un simple flacon de taupicide (ou un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe) que dans tout le Symposium grec.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 21 septembre 2018

Looch


Avez-vous jamais administré du taupicide à votre Moi ? Pour y parvenir, la technique consiste à lui tirer l'oreille pour l'obliger à desserrer la mâchoire. Le Moi ne récrimine guère, c'est tout juste s'il maugrée vaguement, heureux de s'en tirer — pense-t-il — à si bon compte. Son éloquence ravalée avec le pharmakon, il n'émet que des borborygmes avant de se taire à jamais.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

jeudi 20 septembre 2018

Aux grands maux...


Le suicidé philosophique, une fois résolu à faire taire son Moi, ne recule devant rien, pas même devant les pratiques les plus osées du phréno-mesmérisme 1. Mais rien n'y fait, le Moi y est, il y est toujours, et il faut faire appel au médiateur du Rien par excellence : le taupicide.

1. Cette doctrine prétend supprimer l'activité du cerveau frontal pour donner libre carrière à l'occiput.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

Un velléitaire


« Le lendemain soir, il était sur son perchoir et dormait. Alors, une main s'empara de lui et fit le noir, fit le noir immense. »

Exaspéré par l'haeccéité, cette camisole qui l'étouffe et l'écorche jusqu'au sang, l'homme du nihil envie parfois le sort du coq évoqué par Knut Hamsun. Faute de main secourable, une fiole de taupicide fera très bien l'affaire, pense-t-il. Mais ce « noir immense » a tout de même quelque chose d'effrayant... Comme il est un peu lâche, il se recouche, gémit... et le matin suivant, il reste assis en robe de chambre, à la terrasse de la taverne, sur la place du Marché, à boire des verres de « casse-patte », à ruminer la temporalité du temps, la mortalité de l'être mortel... Et puis : « le soir tombe, on n'est plus très jeune ».


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

jeudi 13 septembre 2018

Chasse aux nuisibles


Il serait à souhaiter qu'on pût reconnaître quel est l'aliment favori du Moi, afin de s'en servir pour l'empoisonner, comme on empoisonne les rats et toutes les espèces nuisibles. Le docteur Étienne Rufz, dans son Enquête sur le serpent de la Martinique, relate que M. Barillet, directeur du Jardin des Plantes, conservait un serpent en cage ; l'animal refusait tous les aliments qu'on lui présentait, lorsque ledit Barillet eut l'idée de mettre du lait devant lui : aussitôt le serpent en but avec avidité. — Ne serait-il pas possible de mettre à profit cette observation, en se fondant sur la similitude du Moi et du serpent, et de séduire le « sinistre polichinelle » par un coquetèle de lait et de taupicide ?

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mercredi 12 septembre 2018

Prise de décision dans un univers incertain


L'homme du nihil est pessimiste en ce sens qu'il considère qu'on ne peut pas rattraper les pertes redoutées dans un état très plausible du monde par les gains espérés dans un état moins plausible. Quand il doit prendre une décision, ses instruments de prédilection sont donc le taupicide et l'intégrale de Choquet relative à la nécessité.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

vendredi 7 septembre 2018

Enfance et jeunesse du suicidé philosophique


« Dès l'âge de dix à onze ans, il s'adonna avec passion à la lecture des romans de Georges Perec, qui ne tardèrent pas à accroître cette susceptibilité nerveuse qui s'était annoncée dès sa première enfance. À douze ans, il avait déjà conçu une forte haine de l'haeccéité, et une inclination non moins forte pour le Rien. À treize ans, cette inclination, que le temps n'avait fait que fortifier, fut enfin contrariée par ses parents. Dès lors, taciturnité, morosité, fuite de la société, recherche de la solitude, goût plus passionné encore pour les romans de Georges Perec, et pour finir, recherche fébrile d'un puits busé, d'une corde de violoncelle, d'un flacon de taupicide, d'une falaise du haut de laquelle se jeter, ou d'un petit pan de mur jaune sur quoi se fracasser. »

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

Le mot et la chose


Le philosophe Bergson, qui sans doute n'éprouva jamais le désir de se détruire, prétendait que si l'on avait envie d'ingérer du taupicide, c'était à cause d'un certain charme magique du mot « taupicide », idée qui exaspérait l'écrivain mondain Paul Valéry, car il y voyait un sophisme. « Si j'admets, disait ce dernier, que le taupicide a bon goût (avant toute expérience particulière), c'est à la substance même (qui s'appelle taupicide) que va mon approbation. Si c'est au contraire le mot de taupicide, que j'approuve, je puis le trouver gracieux, sonore, agréable à prononcer, je ne songerais pas à le manger. » — Bon goût ? Le taupicide ? Ô sancta simplicitas !

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

vendredi 31 août 2018

Précepte d'hygiène


La dissociation que Simonide (cité par Plutarque dans ses Préceptes d'hygiène) opère entre l'existence humaine et la réalité éternelle — celle du Rien — aboutit à une sorte de manichéisme qui rend vaine toute la partie temporelle de l'existence, condamne l'homme au désespoir et finalement à l'ingestion de taupicide. Pour l'« homme de la Nature et de la Vérité » qui veut persévérer dans l'être, le premier précepte d'hygiène est donc de ne pas lire Simonide.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Poïkilotherme


Le suicidé philosophique est un être à sang froid. Il s'efforce, comme Cicéron, d'introduire l'équilibre et la mesure dans ses emportements. Il est le contraire d'un frénétique du taupicide ou d'un maniaque de la gâchette.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

jeudi 30 août 2018

Ordalie du taupicide


Il arrive un moment où l'homme du nihil s'interroge : ai-je assez expié ? C'est pour répondre à cette question qu'il se lance dans la talpicidium cohabitatio, se couchant avec son flacon de taupicide qu'il voit comme le symbole de la mort accueillante. Il se situe dans la même sensibilité que des saints comme Firmat ou Giraud de Salles qui, pour défier le tourment de l'haeccéité, livrèrent leur corps au feu. Chez l'homme du nihil, la cohabitation avec le taupicide a valeur d'ordalie, de preuve après l'épreuve ; mais aussi, d'expiation de la faute passée : celle de « s'être trémoussé, comme tout un chacun, dans un univers aberrant » (avec une vigueur tout de même très relative).

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

lundi 27 août 2018

Lemme local de Lovász


Le lemme local de Lovász est un résultat de théorie des probabilités discrètes, relativement trivial, dû à Lászlo Lovász et Paul Erdős. Il considère un ensemble de mauvais événements supposés n'être pas fortement dépendants les uns des autres et affirme qu'il est possible d'éviter tous ces événements à la fois en ingérant du taupicide.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

vendredi 24 août 2018

Remords


L'homme du nihil est, par excellence, l'homme de la nostalgie, de la mémoire. Et il n'y a pas de nostalgie sans un zeste de remords, ce terreau privilégié de l'homicide de soi-même. Ce n'est pas avec notre bonne conscience que nous combinons un suicide réussi, mais avec nos hontes, nos regrets, nos gâchis irréparables, nos blessures béantes qu'aucun épulotique, hormis le taupicide, ne saurait cicatriser.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

jeudi 16 août 2018

Marasme inopiné


L'aspirant à l'homicide de soi-même s'enflamme subito presto quand il entend parler de réussites éclatantes comme celles d'un Crisinel, d'un Crevel ou d'un Rigaut. Il s'échauffe à la vue de tels triomphes, et se repaît de l'espérance flatteuse de réaliser lui aussi le « Grand Œuvre ». Mais à peine les premiers pas sont-ils faits (achat du taupicide ou d'un revolver) que les forces manquent : on s'effraie à la vue de l'espace qu'il faut parcourir, le découragement s'empare de l'âme... Et puis : « le soir tombe : on n'est plus très jeune. »

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mardi 14 août 2018

Prière du suicidé philosophique


« Taupicide ! tu nous a commandé de t'invoquer au jour de notre détresse, et tu nous a promis de nous en délivrer, afin que nous t'en rendions l'honneur et la gloire qui est due à ta divine majesté. C'est ici pour ton serviteur un jour de détresse et d'angoisse. Il n'y a plus rien d'entier en sa chair, et ses os sont tout brisés ; et même son cœur est saisi d'un venin pestilent. Il n'y a que toi seul qui puisses le délivrer de cette maladie qu'on appelle la vie. Car tous les remèdes de la philosophie n'y peuvent rien, ils sont sans efficace. Mais tu peux toute chose. C'est toi, taupicide, qui non seulement guéris les malades les plus désespérés, mais apaises aussi tous les troubles et toutes les agitations de la conscience, et dissipes toutes les vapeurs malignes qui travaillent le Dasein, et qui ne lui donnent aucun repos. Sa langue est attachée à son palais, mais tu vois que son cœur sanglote, et qu'il crie après toi. Que ses soupirs et ses gémissement parviennent jusques au trône de tes éternelles miséricordes, et qu'ils émeuvent tes compassions paternelles. » — Et cetera, et cetera.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

lundi 30 juillet 2018

Intelligence métaphysique du monde


À la question de savoir quelle est la voie d'accès à l'intelligence métaphysique du monde, le suicidé philosophique répond « le taupicide ». Certes, en tant que représentation, le taupicide est un simple phénomène, mais il est aussi un formidable développateur du Rien. Comme tel, il permet à l'étant existant de fusionner avec le Grand Indéfini d'Anaximandre ou — cela revient plus ou moins au même — avec l'Un plotinien, et ce faisant, le Dasein comprend enfin — métaphysiquement ! — le monde.

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

lundi 16 juillet 2018

Hölderlin et le langage poétique


Le dépassement de la métaphysique auquel s'est attaché Heidegger depuis son célèbre « tournant » naît de sa rencontre, au début des années trente, avec la poésie de Hölderlin. Celle-ci va permettre à l'ontologue d'effectuer le « pas en arrière » (Schritt zurück) hors de la métaphysique pour tenter de renouer avec une certaine forme de normalité.

En lisant et relisant les poèmes de Hölderlin le soir au coin du feu face à
sa « mégère au faciès d'hippopotame » (Spitzmaus mit Flusspferdfazies), il dégage trois thèmes tournant autour de la signification du langage poétique, à partir desquels il espère dévoiler l'être de la poésie.
 

Primo, la langue, parce qu'elle projette l'homme « au milieu de l'étant tout entier » est, parmi les biens de l'homme, celui qui est le plus périlleux (der Güter Gefährlichtes) — « à l'exception peut-être du taupicide », ajoute-t-il énigmatiquement dans une note de bas de page ; deuzio, la langue, à qui est interdit le domaine des dieux et donc l'accès à sa propre origine, peut sombrer dans le bavardage quotidien — « Martin, tu reprendras des asperges ? » — et encourir un grand péril ; tertio, la langue a quelque chose à voir avec les positions fondamentales de l'homme vis-à-vis de « l'étant tout entier », autrement dit la langue détermine l'être de l'homme (c'est en particulier, note Heidegger, le cas de mots tels que zingibéracé et forcipressure).

En accordant une place éminente au langage, Heidegger entend relever celui-ci de son usage purement instrumental pour en faire « l'ajointement fondamental du Dasein historique ».

Mais la vogue du Dasein est déjà passée, les Allemands ont d'autres soucis, et l'ouvrage de Heidegger sur la poésie de Hölderlin passe pratiquement inaperçu.


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)

Shakespeare et son critique Glapusz


Tout lecteur attentif de Shakespeare n'a aucun mal à déceler chez cet auteur une forme de scepticisme radical et final qui ne reconnaît pas de support, de plancher ni même de tasseau à l'univers, ainsi qu'une dissolution totale du Moi. Contrairement aux personnages de Marlowe pourvus d'une éléphantesque « volonté de puissance », les créatures shakespeariennes, crispées sur leur soliloque comme le suicidé philosophique sur son flacon de taupicide, sont désespérément engluées dans un conflit intime avec leur « odieux Moi ». Et quand Hamlet dit « there is nothing either good or bad, but thinking makes it so », ne croirait-on pas entendre Sextus Empiricus disserter sur le « ou mâllon » (Esquisses pyrrhoniennes, I, 188) qui signifie dans le vocabulaire du scepticisme pas plus ceci que cela, ou pourquoi ceci plutôt que cela ? 

Mais ici, attention : la méthode appelée isosthénie, qui consiste à opposer à chaque argument un argument contraire de force équivalente, peut conduire le sceptique, s'il n'y prend garde, dans la situation du célèbre âne de Buridan, ou même — horresco referens — à expérimenter le non moins célèbre fauteuil rotatoire des aliénistes — et l'homme du nihil, auquel son pyrrhonisme a souvent coûté cher, est bien placé pour le savoir.

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

lundi 9 juillet 2018

Alceste


Comment le type du misanthrope s'est-il présenté au génie de Molière ? D'après Gragerfis (Journal d'un cénobite mondain), cette pièce est « l'écho de l'indignation, du dédain, de l'amertume qui éclatent au sein d'une âme honnête et élevée devant le spectacle éternellement vomitif que lui présente le monde ».

Le suicidé philosophique éprouve la même indignation, le même dédain, la même amertume, mais il se tourne ordinairement vers le taupicide ou le colt Frontier pour signifier son exécration. N'est pas dramaturge qui veut !


(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)