« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 26 octobre 2018
Memento mori
Lorsque nous nous oublions au point de nous croire immortels, ne sommes-nous pas violemment réfrigérés par ces seuls mots : memento mori ? On prétend que dans l'Antiquité, la phrase était répétée par un esclave au général romain lors de la cérémonie du triomphe dans les rues de Rome. Gragerfis juge cependant plus probable que le serviteur disait « Respice post te ! Hominem te esse memento ! » (« Regarde autour de toi, et souviens-toi que tu n'es qu'un homme ! »), et c'est aussi ce qu'affirme Tertullien au chapitre trente-troisième de son Apologétique.
(Thésar du Jin, Carnets du misanthrope)
jeudi 25 octobre 2018
Canaillerie conceptuelle
Le Concept, condamné antérieurement pour escroquerie sous son vrai nom de Guichard, était devenu directeur de l'hôpital de Königsberg, et chargé d'employer tous les moyens possibles pour tourmenter les philosophes. Selon Johann Gottlieb Fichte, qui fit un bref séjour en cet hospice, il s'acquittait de ses fonctions avec le cynisme et la férocité d'un scélérat.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Jean-Pierre Georges, poëte du renoncement
Après que les prétendants de Pénélope ont été dûment massacrés, Télémaque et deux serviteurs s'emparent de Mélanthios, leur complice.
« Ils amenèrent ensuite Mélanthios par le vestibule et la cour : ils lui tranchèrent le nez et les oreilles avec le bronze cruel, lui arrachèrent les génitoires qu'ils jetèrent crues comme pâture aux chiens, lui coupèrent mains et pieds, étant ivres de colère. » (Jean-Pierre Georges, Odyssée, XXII, 476)
Dans ce passage, on voit que Jean-Pierre Georges, conformément à son habitude, pousse l'autodérision à un degré de raffinement extrême, sans tomber dans les deux écueils qui guettent les amateurs du genre : la préciosité et le narcissisme. Ce n'est pas en vain qu'il est surnommé l'« athlète chinonais du Rien » !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un scélérat méconnu
« Si le monde connaissait le Moi aussi bien que je le connais, Messieurs, il l'échangerait dans ses paraboles contre la gerboise damasquinée ou le saumâtre caméléon. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Voie sans issue
L'homme du nihil, seul face à lui-même, s'angoisse, et il devient alors urgent de fuir. Dans sa quête frénétique d'une issue, il se lie au phénomène, s'inscrit dans l'espace mondain et le temps devançant. Mais c'est en pure perte, car les catégories de l'espace et du temps pur ne peuvent être circonscrites phénoménologiquement. — Ô vanité ! ô néant ! « ô aueuglement estrange des hommes, gloriatur in malitia sua ! »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mercredi 24 octobre 2018
Un incessant bourrellement
« C'est ainsi que je vécus de longues années, dans une apparence de splendeur, entouré des hommages de l'omnitude, mais, au milieu de tous ces fastes, dans une profonde mélancolie qui s'aggravait encore du fait de la présence constante du vocable reginglette à l'arrière-plan de ma pachyméninge. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un passe-temps comme un autre
J'étudie les boues liquides, la poussière, les scories infundibuliformes.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Une fin laborieuse
« Malgré les efforts des chevaux qui étaient jeunes et vigoureux (et peut-être trop) ce dernier supplice durait depuis plus d'une heure, sans qu'on en put prévoir la fin. Les médecin et chirurgien attestèrent à Messieurs les Commissaires qu'il était presque impossible d'opérer le démembrement si l'on ne facilitait l'action des chevaux en coupant les nerfs principaux qui pouvaient bien s'allonger prodigieusement, mais non pas être séparés sans une amputation ; sur ce témoignage, Messieurs les Commissaires firent donner ordre à l'exécuteur de faire cette amputation, d'autant plus que la nuit approchait, et qu'il leur parut convenable que le supplice fût terminé auparavant. En conséquence de cet ordre, aux jointure des bras et des cuisses on coupa les nerfs au patient ; on fit alors tirer les chevaux, après plusieurs secousses, on vit se détacher une cuisse et un bras, Damiens regarda encore cette douloureuse séparation : il parut conserver la connaissance après deux cuisses et un bras séparés de son tronc ; ce ne fut qu'au dernier bras qu'il expira. » (A.-A. Le Breton, Pièces originales et procédures du procès fait à Robert-François Damiens, tant en la prévôté de l'Hôtel qu'en la Cour de Parlement, Pierre-Guillaume Simon, Paris, 1757)
(Thésar du Jin, Carnets du misanthrope)
Navigateur en solitaire
L'homme du nihil est pareil à un Lapon qui court les mers, seul sur son bateau dans la tempête, fouetté par les embruns du Grand Rien.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Principe de l'angoisse
Jacob Boehme affirme que « la troisième qualité de la Nature est le brisement de la dureté astringente ; elle est le principe de l'angoisse et de la volonté propre, où la volonté éternelle veut se manifester, c'est-à-dire, elle veut être un feu et une lumière, un éclair et un éclat, où paraissent les puissances, les couleurs et les vertus. » — « C'est bien ce que je pensais », murmure l'homme du nihil en serrant convulsivement son flacon de taupicide.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Raphé du mésolobe
« La couche corticale, réduite en bouillie, se détache par plaques larges et épaisses. Toute la matière qui constitue le mésolobe et ses irradiations du côté droit, est ramollie, diffluente, de couleur rosée mêlée de tâches d'un rouge plus vif. L'altération s'étend à la substance blanche, qui double les circonvolutions de la région supérieure ; elle s'arrête à un millimètre du raphé du mésolobe. » (Maximien Parchappe, Traité théorique et pratique de la folie, Paris, 1841)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Le Prisonnier
Encellulé dans une haeccéité phrastique semblable à celle du lycaon.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Capharnaüm
Curieux cabinet que le conscient intérieur d'un suicidé philosophique ! On y trouve des pieuvres réfrigérées, un couteau de cuisine, quatre demi-bœufs, une fine tranche d'un désespoir véliforme et zingibéracé, une barrique de rhum, des scarabées gigoteux, un peu de poudre et une poignée de cartouches Vertterli. Il n'y manque que la chaise percée du Dalaï Lama.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mardi 23 octobre 2018
Origines britanniques du Moi ?
Le Moi, par ses manières de butor, sa balourdise et son enflure, évoque assez ces « polypes charnus, gigantesques zoophites fongueux et spongieux, indigènes de la Grande-Bretagne » satirisés par Pétrus Borel dans Madame Putiphar.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Entéléchie
En 1891, le biologiste Hans Driesch a montré, en dissociant deux blastomères d'oursin, que chacun des blastomères peut se développer d'une façon complète. Faut-il en conclure que l'autonomie de la vie est réalisée par l'intermédiaire de l'entéléchie ? Ce serait tout de même « un peu fort de café » !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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