mardi 26 juin 2018

Lévitation lamaïque expliquée


Foudre Bénie est ce lama tibétain du monastère de Khor-Biyong, capable de léviter et doté, comme Madame Yamilah, du don de clairvoyance. C'est grâce à lui que Tintin et le capitaine Haddock, victimes d'une avalanche, sont secourus.

Comme le rappelle Jules Duhem dans son Histoire des idées aéronautiques avant Montgolfier, on trouve dans les temps modernes de nombreux cas de lévitation, illustrés par le témoignage d'une tradition constante : « Pierre d'Alcantara demeure jusqu'à trois heures en l'air. Le franciscain Juan de Jésus opère une longue randonnée aérienne : Andrès de Abreu, son biographe, décrit l'envol, les lieux survolés, l'atterrissage. [...] Mais la palme revient sans conteste au franciscain Joseph de Copertino, qui vole si souvent et d'une façon si extraordinaire qu'on le pourrait nommer un saint aviateur. Si grande est sa force d'ascension qu'il lui arrive d'emporter avec lui, à Assise, le portier de son couvent. Il s'élève un jour devant le duc Frédéric de Brünswick, luthérien défiant, qui voit avec stupeur le prodige. »

Pour ce qui est dudit Foudre Bénie, il semble que son don ait peu à voir avec le mysticisme mais puisse être élucidé plus prosaïquement au moyen des équations de Maxwell. C'est du moins l'hypothèse émise par Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain : il soupçonne le rusé lama, avant chacun de ses décollages, de lester ses poches d'objets métalliques et de se placer subrepticement au-dessus d'une bobine alimentée par un courant sinusoïdal. Conformément aux lois régissant les flux, des courants de Foucault se mettent alors à circuler dans le corps du moine, produisant une force de répulsion et finalement une lévitation électromagnétique !

Comme le dit Pythagore, « la vie n'est-elle pas surprenante ? »


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

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