mercredi 26 septembre 2018

Usage médicinal du « cas »


« Le médicament estoit composé de merde de petit enfant, sèche et bien pulvérisée, et incorporée en miel exquis. Or estoit nourry cet enfant, dont on prenoit la matière fécale, de lupins adoucis, et de pain bien cuyt, et bien levé et salé. Son boyre estoit vin vieil : et le tout estoit avec telle modération, que l'enfant pouvoit le tout digérer. Et faut noter, que le premier jour qu'il commençoit à manger des viandes susdites à l'enfant, il ne se servoit point de la matière fécale qu'il faisoit le lendemain : ains le nourrissoit ce jour là, comme au jour précédent ; puis usoit de la matière fécale que l'enfant faisoit le troisième jour, ni plus ni moins qu'on fait des fumées des chiens. Et disoit d'ailleurs, celui qui avoit apprins la recepte, qu'il n'usoit de lupins, sinon pour rendre la matière de l'enfant moins puante ; et que quelquefois pour expérimenter les affaires, il donnoit à manger à l'enfant dessusdit de chair de poules, ou de perdris, bouillies avec un peu de potage ; et que néantmoins la matière ne laissoit d'opérer come dessus. Voyla que je te peux dire asseurément de la matière fécale de la personne. C'est ce qu'en dit Galien. Au reste, on fait d'eau de fiente d'homme, et surtout d'un homme roux, qui est fort bonne aux ulcères chancreux, caverneux, corrosifs, et fort difficiles à guérir. » (Pietro Andrea Mattioli, Commentaires sur les six livres de Pedacius Dioscoride sur la matière Médecinale, Rigaud, Lyon, 1567)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

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