« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
samedi 21 juillet 2018
La mer et la mort
Commentant un passage de l'Apocalypse de Saint Jean, le théologien Isaac-Louis Le Maistre de Sacy s'exclame : « Ce sera sans doute un spectacle bien surprenant de voir tous les morts sortir, ou de la mer, ou de leurs tombeaux, pour comparoître devant le tribunal de la majesté divine, grands et petits, soit ceux qui sont morts dans un âge avancé, soit ceux qui sont morts dans leur enfance ; mais ils ressusciteront tous dans un âge parfait, tel qu'est celui auquel Jésus-Christ est ressuscité ». Et il poursuit : « La mer renferme dans son sein des morts qui ne sembloient pas en devoir jamais revenir. Tous ceux qui ont été submergés ont été dévorés et consumés par les poissons, comme s'ils devoient être tout à fait anéantis ».
Il est difficile, en lisant ces mots, de ne pas songer à la tragique destinée de la poétesse argentine Alfonsina Storni Martignoni. À vingt-quatre ans, elle publie un premier recueil, Écrits pour ne pas mourir. Après le suicide de son ami Horacio Quiroga, elle souffre de solitude et d'ennui, et le 25 octobre 1938, elle avance sur la plage, à Mar del Plata, pour se perdre dans les vagues d'un océan démonté. Elle meurt à quarante-six ans et est aussitôt « dévorée et consumée par les poissons ».
Au dire de Gragerfis, son « conscient intérieur » était de longue date « voilé d'une onctueuse et terrible noirceur », et « envahi par deux images obsédantes : la mer et la mort ».
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
vendredi 20 juillet 2018
L'écueil du bizarre
Que devient le génie le plus impétueux, si la beauté, l'expression et la grâce ne tempèrent son emportement ? il tombe dans le bizarre : c'est l'excès dont le suicidé philosophique est toujours voisin et dont il n'a pu se préserver dans son ouvrage le plus connu : l'homicide de soi-même.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
La chaîne (Tobias Wolff)
Brian Gold était en haut de la colline quand le chien attaqua. Une bête énorme, noire, semblable à un loup, attachée à une chaîne, surgie brusquement de derrière une véranda, qui franchit son jardin ventre à terre et pénétra dans le parc, courant aisément malgré la neige épaisse, la fille de Gold en point de mire.
Gold attendit que la chaîne stoppe le chien net ; le chien courait toujours. Gold plongea vers le pied de la colline, en criant. La neige et le vent étouffaient sa voix. La luge d'Anna était presque parvenue au bas de la pente. Gold avait relevé la capuche de sa parka pour la protéger des bourrasques cinglantes et il savait qu'elle ne pouvait ni l'entendre ni voir le chien se ruer sur elle. Il avait conscience de la vitesse du chien et du ralenti de ses propres enjambées, du poids de ses bottes en caoutchouc, de l'entrave que représentait la croûte collante sous la neige fraîche.
Surtout, il se souvenait avec angoisse que chez Hegel et Spinoza, le monde n'est qu'un système de nécessité. Certes, dans la doctrine de l'essence, Hegel montre que la nécessité logique se doit d'affronter la contingence du monde pour se rendre effective, mais cela ne le rassurait guère, et encore moins de savoir que chez Spinoza, la contingence est conçue comme un défaut imputable à l'ignorance des causes nécessaires, qu'elle n'a pas de statut ontologique, que son statut est seulement épistémique.
Il envisagea un moment de se tourner vers l'irrationalisme chestovien, mais il n'en avait plus le temps : le chien bondissait déjà, mordait Anna à l'épaule, la soulevait de la luge, la traînait derrière, la secouant comme une poupée.
Désespéré — le salut se trouvait peut-être chez Kierkegaard ? —, Gold se jeta au bas de la colline, puis la distance disparut et il se retrouva là.
(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)
Casse-vessie
« Liez fortement un morceau de vessie mouillée sur l'ouverture d'un verre, dont le fond est enlevé, et faites sécher la vessie jusqu'à ce qu'elle présente la fermeté et la roideur de la peau d'un tambour. Placez alors ce verre sur le plateau, et pompez l'air qu'il renferme. À mesure que cet air se raréfie, sa force élastique diminue, et ne fait plus équilibre à la pression extérieure de l'atmosphère qui, s'accroissant graduellement, force la vessie à prendre une surface concave. Enfin cette pression, devenant supérieure à la résistance de la vessie, celle-ci crève, et l'air extérieur, entrant avec violence dans le verre, y produit une détonation semblable à celle d'un coup de pistolet. On donne à ce petit appareil le nom de casse-vessie.
Si, au lieu d'un morceau de vessie, on avait placé sur l'orifice du verre, un idéaliste allemand qu'on eût fait joindre hermétiquement, celui-ci aurait été brisé en pièces par la pression de l'atmosphère, ce qui, fût-ce brièvement, lui eût fait concevoir le concret comme totalité des déterminations, moment que Hegel appelle spéculatif. » (N. Boquillon, Traité de pneumatique ou des propriétés physiques de l'air et des gaz, Paris, Audot, 1828)
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Dualité du Dasein
Dans le Secret de la Licorne, Hergé aborde discrètement le thème du Doppelgänger déjà traité, entre autres, par Edgar Poe, Stevenson et Dostoïevski. Le brocanteur auquel Tintin veut acheter la maquette de la Licorne — « Combien? — Cinquante francs. C'est une pièce unique. C'est une... chose... euh... une espèce de caramelle de l'ancien temps. » — est en effet le double d'Isidore Boullu, l'infernal marbrier des Bijoux de la Castafiore !
Il semble bien qu'ici, le thème du double serve à mettre en lumière l'angoisse du sujet — le marbrier Boullu — devant sa non-réalité et sa non-existence, plutôt que sa crainte de la mort comme le soutenait incongrûment le psychanalyste Otto Rank (qui n'avait d'ailleurs pas pu lire le Secret de la Licorne, ayant « cassé sa pipe » trois ans avant sa parution).
(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)
Une initiative citoyenne pour fleurir la ville
« C'était la première action du collectif Cordial de Auterive. L'opération "Fleurir notre quartier" a remporté l'assentiment des habitants. Ils se sont tous réunis place Occitane, où le rendez-vous était donné pour une journée de travaux en commun.
Le collectif explique le principe de l'opération : "Nous avons récupéré à la déchetterie d'Auterive soixante jardinières que nous avons nettoyées. Les pépinières Banzet et Soulié nous ont donné des plants et c'est aujourd'hui que nous les redistribuons aux habitants, avec également du terreau pour qu'ils fleurissent leur devant de porte, leur jardin, leur balcon ou leur terrasse."
Chacun venait puiser le terreau dans la brouette, choisir le contenant puis les fleurs, avide comme le poëte Baudelaire de voir "la vie en beau". Il cherchait ce qui lui plaisait, plantait puis revenait chercher d'autres plants. Il y avait une belle animation évoquant un groupe d'abeilles allant de fleur en fleur.
Jean-Pierre Bastiani, le maire de la commune, est venu planter symboliquement des pensées et lancer l'opération "fleurissement et embellissement". "Que cela incite au civisme et que le quartier soit plus agréable grâce à votre collectif, a-t-il souhaité. Arrière, les idées négatives, le dénigrement de l'haeccéité et la pensée de se détruire !"
Le collectif, pour sa part, a remercié les habitants et tous ceux qui ont contribué à la réussite de l'opération. Tout le monde était ravi.
"Nous sommes là depuis six mois et cet accueil nous transporte, soulignaient Lucie et Étienne, venus fleurir leur devant de porte. On en oublierait presque que l'homme est un être-pour-la-mort !" » (La Dépêche, 21 mai 2017)
(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)
Solipsisme
Malgré tout le respect qu'inspirent ses grands malheurs et ses grands mérites, le suicidé philosophique reste pour le vulgum pecus comme un étranger. Avec sa requimpette, son colt Frontier et son Plutarque en douze volumes, il se promène toujours seul, et cela suffit à le rendre vaguement inquiétant.
Mais si le vulgum pecus pouvait pénétrer dans sa pachyméninge, l'inquiétude se muerait en terreur. Car en détruisant son Moi, le suicidé philosophique ne se propose rien de moins que d'anéantir le monde tout entier, vulgum pecus compris.
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
Humilité du suicidé philosophique
Comme le Tiburce de Théophile Gautier, le suicidé philosophique ne se croit pas le pivot de la création, et comprend fort bien que la terre puisse tourner sans qu'il s'en mêle. Il « ne s'estime pas beaucoup plus que l'acarus du fromage ou les anguilles du vinaigre ».
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Inquiétante étrangeté
L'inquiétante étrangeté (das Unheimliche en allemand) est un concept freudien théorisant la sensation de malaise qui étreint subitement le sujet pensant alors qu'il pousse son chariot dans les allées d'un supermarché. Soudain, tout ce qui l'entoure — les autres pousseurs de chariot — ces gueules ! —, les caissières aux gestes d'automates et jusqu'aux boîtes de croustillants toasts Truweet disposées sur les rayons — lui paraît radicalement étranger, inconnu, absurde au point d'en être effrayant. S'il était seul et s'il y avait un étang à proximité, il s'y jetterait instantanément. Jamais il n'a ressenti avec une telle violence le besoin de mettre un terme à tout ça.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Écorchée vive
Le corps d'une femme d'une soixantaine d'années, originaire de la région de Saverne, a été découvert ce matin vers 7 h 30 par des bûcherons sur un chemin forestier à proximité de Neuwiller-lès-Saverne, une commune située au pied des Vosges du Nord. Des médicaments et une lettre d'adieu — où la future défunte constate que ce monde est un « monde de néant » — ont été retrouvés près du cadavre.
Les gendarmes de Saverne, qui ont ouvert une enquête pour déterminer les causes exactes de la mort, privilégient à ce stade l'hypothèse d'un geste désespéré résultant d'une « sensibilité d'écorchée vive ».
La victime avait disparu de son domicile depuis la veille au soir. Malgré les recherches menées durant une partie de la nuit par les gendarmes de Saverne et de Bouxwiller, elle n'avait pas pu être localisée. (Les Dernières Nouvelles d'Alsace, 31 octobre 2017)
(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)
Dogmatisme fichtéen
« L'idée du Rien a un goût de brûlé très fade. Mais surtout, elle est absorbante : elle dissimule les besoins spirituels du sujet pensant, sans les satisfaire. Bien loin de nourrir l'esprit, elle le prive de l'appétit ; aussi l'usage habituel de l'idée du Rien fait dépérir et conduit insensiblement à l'idiotie et à une mort prématurée. » (Johann Gottlieb Fichte, Conférences sur la destination du savant, 1794)
— À l'idiotie? Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
Comparaison culinaire
Tous les pistolets, flacons de taupicide et cordes de violoncelle du monde ne servent de rien à un homme qui ignore l'art d'en faire usage dans l'occasion. Il en est de l'homicide de soi-même comme des bonnes légumes : si on ne les sait pas bien apprêter, elles sont, malgré leur saveur, une nourriture crue, pesante, indigeste, qui renvoie souvent des vapeurs qui incommodent et troublent le cerveau.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
jeudi 19 juillet 2018
Résurrection
Le philosophe-bibliothécaire Fiodorov, qui a inspiré à Tolstoï le personnage central de sa pièce Le Cadavre vivant, pensait que le devoir universel de l'humanité était de maîtriser la puissance de la science afin d'abolir la mort et de faire revenir les défunts à la vie. Il s'attira, comme on s'en doute, les foudres des suicidés philosophiques de tout poil.
(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)
Théorème de Donsker
En théorie des probabilités, le théorème de Donsker établit que la marche aléatoire du Dasein dans ce que Monroe David Donsker appelle le « désert de Gobi de l'existence » converge vers la mort, vue comme un processus stochastique gaussien. Sa preuve utilise l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev pour montrer que ψn,t converge en probabilité vers zéro.
Les adversaires de Donsker au sein de la Mathematical Association of America lui ont reproché d'énoncer là une « vérité triviale », mais son théorème a tout de même eu une riche postérité puisque de nombreux théorèmes de probabilité portant sur des sujets scabreux sont dits « de type Donsker ».
(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)
Un maître de l'ironie
Fatigué des agressions sonores dont le monstre bipède — le fameux « autrui » —, se rend continuellement coupable à son endroit, le professeur Tournesol a trouvé la parade : il « fait le sourd ». Son rêve, qu'il partage avec l'homme du nihil, est qu'on le laisse tranquille une bonne fois pour toutes. Authentique pince-sans-rire, il multiplie les sorties incongrues sans montrer le moindre signe d'exhilaration. Mais le faux malentendant est aussi un vrai maître de l'ironie : il emprunte « en loucedé » nombre de ses répliques à d'autres sourds illustres, comme le théoricien du nationalisme intégral Charles Maurras : « Non, merci... Jamais entre les repas... » — ou encore le compositeur Ludwig van Beethoven : « Oh ! moi, vous savez, la politique... »
Le comble du grinçant est atteint quand Haddock, le voyant porter une valise, lui demande : « Eh bien, Tryphon, vous partez en voyage ? », et que Tournesol lui répond : « Non, non, car je pars en voyage ».
Après un tel chef-d'œuvre, on aimerait dire au professeur, comme le prince Potemkine fit à Denis Fonvizine après la première de sa pièce Le Mineur : « Maintenant tu peux crever, Denis, tu ne feras jamais rien de mieux ! »
(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)
Don inestimable
La nature, dit Pline l'Ancien, n'a rien donné à l'homme de plus précieux que la brièveté de la vie : « Natura vero nihil hominibus brevitate vitæ præstitis melius. » Une brièveté toute relative, mais heureusement pour le suicidé philosophique, dont la première des qualités n'est pas la patience, la nature a aussi donné à l'homme le colt Frontier au canon de dix centimètres, à la merveilleuse précision.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
45° à l'ombre (Georges Simenon)
Le steward frappa trois ou quatre petits coups, de son doigt replié, approcha l'oreille de la porte de la cabine et, après quelques instants d'attente, murmura doucement :
— Il est quatre heures et demie.
Dans la cabine du docteur Donadieu, le ventilateur ronronnait, le hublot était ouvert, mais le docteur, couché nu sur les draps, n'en était pas moins moite des pieds à la tête.
Il se leva avec paresse et, sans un coup d'œil au paysage, pénétra dans l'espace à peine plus grand qu'un placard où sa douche était installée.
Il était calme, indifférent. Ses gestes étaient mesurés comme ceux d'un homme qui, chaque jour, aux mêmes heures, accomplit les mêmes rites. La sieste qu'il venait de faire en était un, le plus sacré ; la douche et le gant de crin devaient suivre, puis une série de menus soins qui, invariablement, le conduisaient jusqu'à cinq heures.
Par exemple, il regarda le thermomètre, qui marquait 48 degrés centigrades. D'autres que lui, des officiers du bord, des passagers pourtant habitués à l'équateur, geignaient, protestaient, se mettaient en nage. Donadieu, au contraire, regardait monter la colonne d'alcool rosé avec un détachement olympien. Depuis quelques jours déjà, il avait décidé de suspendre son jugement pour parvenir à l'ataraxie, comme préconisé par Sextus Empiricus dans ses Hypotyposes. Par ce moyen simple, il espérait atteindre à une quiétude semblable à celle qui, chez les stoïciens, résulte de la connaissance du mouvement de l'univers, animé par un air chaud — le pneuma — dans un mouvement infini et cyclique d'inspiration et d'expiration.
Au moment où il mettait des chaussettes de fil blanc, la sirène vrombit au-dessus de sa tête et les allées et venues, sur le pont, devinrent plus précipitées et plus bruyantes.
L'Aquitaine, qui venait de Bordeaux, en était au point extrême de son voyage, à Matadi, dans l'embouchure du Congo qui roulait des eaux d'un jaune malsain. À la vue du grand fleuve, le scepticisme de Donadieu redoubla d'intensité. « Max Weber a bien raison de dire que seule une partie finie de la multitude infinie des phénomènes possède une signification », bougonna-t-il entre ses dents.
(Maurice Cucq, Georges Sim et le Dasein)
Médiation fromagère
Chef de file de l'existentialisme bourboulien, Edmond Chassagnol pose une question majeure à laquelle il revient de façon obsessionnelle dans son œuvre, à savoir la capacité de l'homme à atteindre ce qu'il appelle l'authenticité. Il entend par là une vision juste et objective des émotions que nous éprouvons, ainsi que des faits provenant de la prétendue « réalité empirique ». Dans son ouvrage le plus connu, Théorie du trop-plein, le philosophe puydômois aborde la question du Rien, compris comme transcendance jamais totalement accessible sauf, prétend-il, par le truchement du saint-nectaire mais « il faut en manger une bonne quantité ».
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
Fini de rire
L'insigne vulnérabilité du monstre bipède devrait l'inciter à la retenue en toute chose. Au lieu de quoi il court, il saute, il conduit des automobiles, il tourne en orbite autour de la terre à bord de son vaisseau Vostok, il « fait le zouave » de toutes les façons... Jusqu'au jour où la douleur s'impose, lancinante, violente, involontaire et insensée.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Le suicide dans les Hautes-Pyrénées
Bien qu'en baisse depuis plusieurs années, le nombre de morts par suicide reste préoccupant, principalement dans les départements ruraux.
« Il existe de multiples facteurs qui peuvent mener au passage à l'acte. » Le docteur David Zambelli, médecin psychiatre à Bagnères-de-Bigorre, est quotidiennement confronté à l'une des principales causes de mortalité en France.
Un rapport récent de l'Observatoire national du suicide (ONS) pointe du doigt le problème et met, c'est nouveau, l'accent sur la prévention.
« Sur le plan médical, continue le docteur Zambelli, on sait que plus de la moitié des gens qui ont mis fin à leurs jours souffraient d'une dépression due à l'haeccéité, c'est-à-dire qu'ils ne supportaient plus d'être pourvus de caractéristiques, matérielles et immatérielles, faisant d'eux des "choses particulières". Or contre cela, il n'existe aucune prévention possible. Ces gens de l'ONS ne sont donc qu'un ramassis de couillonnauds. »
On le voit, le docteur Zambelli ne mâche pas ses mots ! (La Dépêche, 9 mars 2016)
(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)
Discrépance
En mathématiques, on appelle discrépance la propriété qui caractérise le fait d'emplir l'espace dans toutes les directions envisageables. — « La discrépance du Moi me suffoque continûment. » (Rosemonde Gérard)
(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)
Un faiseur de simagrées
En 1862, Eugène Boudin, contre les conseils de ses amis, se met en tête de « peindre le vent lorsqu'il éclaircit ou assombrit à son gré l'horizon marin ou dans une même bouffée gonfle les vagues, les voiles et les jupons des femmes ». Il échoue, comme c'était à prévoir, mais cela n'entame aucunement son « vouloir-vivre ». Les années passent, et en 1898, alors qu'il est à Paris, il se sent défaillir. L'issue fatale est proche, mais le « peintre des beautés météorologiques » fait des manières et demande à mourir « face à la mer ». On le transporte à Deauville où il décède le 8 août au matin dans la villa Breloque au numéro 8, rue Oliffe. Il est enterré le 12 août au cimetière Saint-Vincent, à Montmartre.
« Mourir face à la mer » ! Non, vraiment !
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
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