vendredi 28 octobre 2022

Bonne conduite

 

Les règles édictées par saint Benoît et complétées par Férillet Robert nous enseignent que le secret d'une bonne conduite réside dans le silence, la mesure et... l'homicide de soi-même. Mais oui !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Temps de réflexion

 

En novembre 1944, Sándor Márai note dans son Journal : « Je ne vois aucun intérêt pour moi de continuer à vivre. » Mais l'écrivain hongrois était — du moins faut-il le croire — d'un tempérament lymphatique, car il ne mettra fin à ses jours qu'en février 1989.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Haine de l'autrui lévinassien

 

Dans les Souvenirs de la maison des morts, le déporté polonais M-tski déclare au narrateur, en parlant des autres forçats : « Je hais ces brigands ». Et l'on a envie de lui serrer la main, de lui donner une tape dans le dos et de lui dire : « Bravo ! Tout juste ! Voilà qui est parlé ! Nous aussi ! »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Life in vain

 

La vie du nihilique — mais c'est aussi vrai de celle du proverbial « homme de la rue » bien qu'il ne paraisse pas en être pleinement conscient — est faite de journées inutiles, qui s'abîment l'une après l'autre dans le néant.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 27 octobre 2022

Peigne-culs

 

Parmi les « peigne-culs » ayant foulé la surface du globe, on peut citer : Sihon, roi des Amoréens, Og, roi de Basan, et tous les rois de Canaan. Mais il y en a bien d'autres : il suffit de regarder autour de soi. Selon Gragerfis, le royaume de Sihon s'étendait entre l'Arnon et le Jabbok.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Puszta

 

S'il était hongrois, le nihilique pourrait invoquer les mânes de Sándor Petőfi et chanter à son tour la puszta. Mais loin d'être hongrois, il est de Bezons !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Démon de la perversité

 

Si le nihilique ne fait rien de sa vie — il ne voyage pas, il ne fréquente personne, il n'a pas de « relations romantiques », il ne mange pas de côtelettes panées à la milanaise —, c'est d'abord parce que tout le dégoûte, mais c'est aussi pour faire tourner en bourrique ses futurs biographes.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Was mich nicht umbringt

 

Un jour qu'il était « gonflé à bloc », le philosophe Frédéric Nietzsche aurait déclaré que tout ce qui ne le tuait pas le rendait plus fort. Mais il aurait mieux fait de s'abstenir, car cette phrase a été répétée depuis par une multitude de céoènes cherchant à passer pour profonds. Par ailleurs, elle est risiblement inexacte. Car il y a plein de choses qui ne nous tuent pas sans pour autant nous rendre plus forts (par exemple le vocable zingibéracé) mais on ne va quand même pas commencer à discuter.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 26 octobre 2022

La peur des coups

 

« Pourquoi vivez-vous ? Est-ce que je vis, moi ? » — Voilà ce que le nihilique dirait aux gens qu'il croise dans la rue s'il ne craignait de se prendre des « mandales ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Dabe égyptien

 

Au dire de Jean-François Champollion, le pharaon Djoser, qui succéda à son père Khâsekhemoui, était surnommé « Monsieur Jo » ou encore « le Dabe ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Drôle d'idée

 

L'écrivain Georges Perec — il en fait l'aveu dans un de ses livres — s'était mis en tête de « chercher en même temps l'éternel et l'éphémère ». Quand il lut ça, le nihilique s'exclama : « Moi aussi ! » Mais tandis que le « chantre de l'absence douloureuse » cherchait l'éternel et l'éphémère dans l'écriture et dans le ressassement de souvenirs insipides, le nihilique décida, on ne sait pourquoi, de les traquer dans une tête de chien couché !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Commediante, tragediante

 

Étang de Soustons, deux heures de l'après-midi : le lieu et le moment où le « négateur universel » Émile Cioran fut foudroyé par une réminiscence de vocabulaire — « All is of no avail » — et fut tenté de se jeter à l'eau car il n'avait « jamais ressenti avec une telle violence le besoin de mettre un terme à tout ça ». Heureusement, il y avait du monde, ce qui le dissuada de s'immoler. De plus, d'après Simone Boué, il nageait comme un dauphin.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 25 octobre 2022

Jeunesse, belle jeunesse, reviens !

 

L'odeur du marché aux poissons à Morlaix, quoique assez répugnante, peut être à l'origine d'un violent sentiment de nostalgie. Le cas est rare, mais ça arrive.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Lichen des passions

 

Nietzsche dit que « nos passions sont la végétation qui recouvre à chaque instant les roches nues de la réalité ». Selon cette interprétation, les passions seraient donc un genre de lichen ou de mousse. Mais le « penseur paradoxal » ne nous en dit pas plus.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Vertige de la liberté

 

Selon Kierkegaard, l'angoisse est « le vertige de la liberté ». Mais peut-être en était-il venu à cette conclusion parce que Régine Olsen était une « pochetée » ? Quoi qu'il en soit, c'est un peu dur à croire.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Littérature et découragement

 

Est-il possible que l'homicide de soi-même soit la seule entreprise humaine qui échappe au ridicule ? Oui. Même si ce n'est pas réjouissant, c'est possible — et même certain.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 24 octobre 2022

Connaissance sous-cutanée

 

Cela demande un long apprentissage, mais une fois qu'on s'est habitué à voir les humains comme des squelettes enveloppés d'une vague forme charnelle, on est tranquille du côté de « l'amour ». On est comme le docteur Behrens — le radiologiste de la Montagne magique — devant Madame Chauchat. Des personnes du sexe, on a « une connaissance plutôt intérieure, sous-cutanée » — et cela vous protège un tant soit peu de leurs maléfices.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Aux chiottes les végétaux

 

On pourrait vous enfoncer un petit bâton dans les oneilles, et même vous découper en morceaux, les fleurs continueraient de fleurir et les oiseaux de gazouiller. La nature se fout de tout. Les végétaux en particulier sont des pauvres cons. Les animaux, ça va encore (plus ou moins).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Pataugeoire spéculative

 

La pensée commence par penser sa propre existence (c'est le moment anselmien). Cela se passe en général sans anicroche. Mais là où les choses se compliquent, c'est quand ladite pensée se mêle d'investir l'être extérieur et de s'y affirmer (c'est le moment spéculatif hégélien). Elle patauge ! Elle patauge lamentablement !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Pas de rouspétance !

 

L'écrivain et trompettiste Boris Vian disait à ses amis que, si ça ne tenait qu'à lui, il ne mourrait jamais. « Je voudrais pas crever », rouspétait-il. Mais le 23 juin 1959... — Bref, il est enterré dans le cimetière de Ville-d'Avray.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 23 octobre 2022

Architecture comparée

 

La mort, c'est du solide. C'est une véritable maison de maçon. Ou plutôt, c'est un logis granitique, visiblement fait pour durer des années. Pas comme la vie, cette espèce de masure en carton-pâte qui s'effondre à la première bourrasque.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Fessons les aimants

 

Les gens qui, dans ce monde de néant, se targuent d'aimer quelque chose ou quelqu'un, ces gens mériteraient d'être sévèrement fessés. Mais ils risqueraient d'aimer ça aussi !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Chez les géants

 

Au royaume de Brobdingnag, les rats sont aussi gros que des molosses. Pour vous dire !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Bluff phrastique

 

On peut toujours dire que les mendiants, les vagabonds, les fous, les anachorètes, les suicidés philosophiques sont « les boussoles métaconscientes de notre déclin ». Ça ne mange pas de pain et ça vous pose là comme penseur. Mais c'est de la frime. Les mendiants, les vagabonds, les fous, les anachorètes, les suicidés philosophiques ne sont rien que de pauvres cloches — comme nous tous.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 22 octobre 2022

Cul-de-sac

 

« Apprends-le, Seurel : la vie est un diverticule des félins. »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Plasticité du Rien

 

Ce qu'il y a de bien avec la vie, c'est qu'elle se laisse décrire d'un nombre infini de façons. On peut la définir un margouillis exophtalmique, un cognassier-plateforme, une grosse tourte de m..., tout ce que vous voulez. Tant qu'il ne s'agit pas de quelque chose de positif, on est sûr de ne pas se tromper.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Hauts et bas du réel

 

Quand Husserl publia ses Logische Untersuchungen, le réel faillit se retrouver « cul nu ». Son falzar ne tenait plus qu'avec des ficelles et des épingles de nourrice. Puis vint Heidegger et la réalité empirique retrouva une certaine superbe. « L'être ». Tu parles !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Ça vient ?

 

L'écrivain et trompettiste Boris Vian avait promis que l'on tuerait tous les affreux — et c'était assurément une excellente nouvelle. Mais ça tarde. Ça tarde trop.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 21 octobre 2022

Maladie honteuse

 

Que peut-on faire, quand on est insensible à l'œuvre de Shakespeare ? Une seule chose : dissimuler !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)