mardi 17 juillet 2018

L'outrage de trop


Juin 1935. Sous les fenêtres de René Crevel, le prosaïque sureau étale ses touffes encombrantes. C'en est trop pour le poëte ex-dadaïste, qui ouvre le robinet du gaz après avoir griffonné sur un papier « Prière de m'incinérer. Dégoût ».

Le « tireur d'élite du jeu de massacre surréaliste », qui venait d'apprendre qu'il souffrait à nouveau d'une tuberculose rénale alors qu'il se croyait guéri, n'a pas supporté cette exubérance végétale où il a vu — on peut du moins le penser — un sarcasme du Grand Tout à son adresse.


« Il est ainsi, nous dit Gragerfis, des êtres d'une sensibilité et d'une émotivité excessives, d'une délicatesse de sensitive, d'une douceur mélancolique qui les laisse sans résistance devant les brutalités de l'existence ». — Eh oui ! Cela se rencontre, en effet.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

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