dimanche 23 septembre 2018

Qu'est-ce donc que le « foirard » ?


« Lesdictz bergiers les requirent courtoisement leur en bailler pour leur argent, au pris du marché. Car notez que c'est viande céleste, manger à desjeuner des raisins avec de la fouace fraiche, mesmement des pineaulx, des fiers, des muscadeaulx, de la bicane, et des foyrars pour ceulx qui sont constipez de ventre. Car ilz les font dasler long comme un vouge 1, et souvent, cuydant péter ilz se conchient, dont sont nommez les cuideurs des vendanges. » (Rabelais, Gargantua, Chapitre XXV)

« Foirard, espèce de raisin blanc qui cause le dévoiement. » (Olivier de Serres, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, Paris, 1600)

« Rabelais appelait foirard une espèce de raisin aigrelet qui n'est autre que le pineau des Angevins. » (Édouard Brisseau, Histoire des expressions populaires relatives à l'anatomie, à la physiologie et à la médecine, Paris, 1888)

« Olivier de Serres en fait mention sous deux noms différents : Foirard et Colitor. Foirard et Fouïral sont tout à fait synonymes, et indiquent suffisamment les propriétés laxatives de la variété qui nous occupe. » (Pierre Joigneaux, Le livre de la ferme et des maisons de campagne, Paris, 1865).

« Variété de raisins noirs qui donnaient la foire ou la diarrhée. Le nom est lyonnais ; à Montpellier, le raisin s'appelle également esfouiran, c'est-à-dire foirard. » (Lazare Sainéan, Œuvres complètes de François Rabelais, édition critique publiée sous la direction d'Abel Lefranc, Paris, 1912)

Foirat, espèce de raisin à grains mous, s'écrasant facilement. Ce sont sans doute les mêmes raisins que Rabelais appelait raisins foyrards — et qu'en Provence on désigne encore par le nom de fouiraire ou d'esfouiraire. (Félix Frank et Adolphe Chenevière, Lexique de la langue de Bonaventure des Périers, Cerf, Paris, 1888)

Selon Gragerfis, les raisins de Champagne produisirent les mêmes effets sur les soldats de Brunswick et contribuèrent à la victoire de Valmy. Notons que dans Gargantua, le terme foyrard désigne aussi un diarrhéique :
« Comme dict le proverbe : "A cul de foyrard tousjours abonde merde" ».

1. Arme composée d'un soc de charrue affuté et montée au bout d'un manche, utilisée par l'infanterie pour couper les jarrets des chevaux.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

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