jeudi 15 novembre 2018

Dualité du suicidé philosophique


Le ton austère qu'adopte volontiers le suicidé philosophique n'exclut ni la douceur ni l'attendrissement. Dans ses lettres où, entre deux dithyrambes à l'homicide de soi-même, il évoque la douceur des soirs à Saint-Clément quand les souffles légers portent l'odeur des foins et le parfum miellé des clématites, les sentiments sont graves, mais ce sont des sentiments, et ils captivent. Tout au plus pourrait-on dire que le suicidé philosophique est un esprit un peu trop viril, à l'inverse de Fénelon, prélat mystique, d'une aménité un peu trop féminine : ils se ressemblent cependant par leur infatigable zèle et par leur impérieux pouvoir de séduction.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

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