« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 31 octobre 2018
Un remède souverain contre la gravelle
« Lorsque l'expulsion des pierres est continuelle, et lorsque la prêle, la verge d'or, le lierre terrestre, les framboises, le marrube blanc, la bétoine de Paul, l'impératoire, les sommités de mille-feuille, les mauves, l'écorce de la racine de l'aubépine d'Égypte, les différentes espèces de mousses, les baies de genièvre torréfiées, les framboises séchées, les noyaux et le fruit rôti des cerises, se révèlent tous impuissants à stopper la maladie, il faut nécessairement faire usage de l'idée du Rien. On en prendra une cuillerée le matin, sur laquelle on boira du thé. On a remarqué que des personnes qui avoient été tourmentées pendant plusieurs années de douleurs néphrétiques, s'étoient fort bien trouvées de l'usage de cet électuaire. » (Robert James, Dictionnaire universel de médecine, Trad. par MM. Diderot, Eidous et Toussaint, Paris, 1746)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mardi 30 octobre 2018
Jusqu'au-boutisme
À l'instar de Simmel, le suicidé philosophique rejette toute définition organiciste de l'individu, car une telle définition induit trop à ses yeux le fait de penser le Dasein comme une entité cohérente et autonome. Mais son opposition, contrairement à celle de Simmel, prend la forme d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe, et il s'oppose jusqu'à ce que mort s'ensuive.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
La vie
Tout cela n'est ni tragique, ni héroïque. Il ne s'agit que de l'épuisement d'un possible.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Cautérisation du Dasein
« L'idée du Rien, affirme Hippocrate, est ennemie de toute pourriture, parce qu'elle consume et dessèche l'humidité imbue en la pachyméninge, et corrige l'intempérature froide et humide ; ce que ne fait pas l'idéalisme transcendantal, lequel, aux esprits cacochymes, cause quelquefois inflammation, gangrène et mort. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un sceptique de notre temps
Disciple moderne de Pyrrhon, le fantaisiste français Joseph Pujol (né à Marseille le 1
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Introspection
« Fouillant les circonvolutions de ma pachyméninge, je cherche le diverticule où l'idée du Rien a son siège. Je le trouve enfin. L'endroit est désert, comme tous les bouts de ville qui ont l'air oubliés même de leurs habitants, mais sans rien d'inquiétant ou d'insolite. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Impudence philosophique
« Ils sont encore une foule de subtiles niaiseries bien plus spirituelles que toutes celles-là. Ce sont des notions, des relations, des formalités, des quiddités, des haeccéités, toutes choses qui ne peuvent être aperçues que par ceux qui ont d'assez bons yeux pour voir, au milieu des plus épaisses ténèbres, ce qui n'existe nulle part. » (Érasme, Éloge de la folie)
— Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Pêche au concept
Le philosophe entre nu ou presque nu dans la vase de la « réalité empirique » ; il examine les endroits où se sont enfouis les concepts, et que l'on reconnaît aux trous en entonnoir qu'ils forment pour leur respiration ; il les en fait sortir par la compression ou l'ébranlement de ces entonnoirs, et il les prend à la main, ou il les assomme avec un bâton.
(Thésar du Jin, Carnets du misanthrope)
lundi 29 octobre 2018
Preuve par le boyau
L'Anglais William Derham (1657-1735), quoique son nom ne brille guère au firmament de la philosophie, est l'auteur d'une ingénieuse démonstration de l'existence de Dieu : « La conformation singulière des intestins, leurs tuniques, leurs glandes, leurs fibres qui se croisent les unes les autres, leur mouvement péristaltique, leurs contorsions en forme de limaçon pour retarder le mouvement du chyle : ces merveilleux ouvrages du Créateur prouvent tous évidemment que l'objection des athées est entièrement frivole, et n'est appuyée sur aucun fondement. » (William Derham, Théologie physique ou démonstration de l'existence et des attributs de Dieu tirée des œuvres de la création, Jean Daniel Beman, Rotterdam, 1726, pp. 288-290)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Opportunisme
« Convaincu que l'union fait la force, je décidai de m'entendre avec l'existentialiste chrétien dans un même sentiment de haine ou de dégoût pour ce qui est, dans un même besoin de détruire le réel ou d'y échapper. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Dangers de l'ontologie critique
« Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Toujours est-il qu'après avoir lu les Méditations personnelles sur la philosophie élémentaire de Johann Gottlieb Fichte, le Moi perdit toute apparence humaine. Ce fut un animal très vieux, très sale, qui songeait près d'un feu de bois dans son grenier et murmurait d'une voix sénile et cassée des chansons des jours passés, en faisant cuire des pommes de terre pour se conserver une tenace étincelle de vie. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Nouvelles investigations sur l'être (suite)
La rémoulade n'est qu'une sauce, pas même un concept ; une sauce faite de fines herbes, ail, huile et jus de citron, qui se sert avec des viandes froides et des poissons cuits au court-bouillon.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Futilités
Croire à l'existence du prince André Bolkonski, de Pierre Besoukhov et tutti quanti, cela est trop demander à celui que son viscère met au supplice. Quant à l'historicité réelle ou supposée du cosaque Lavroucha, elle n'allège en rien le fardeau de son haeccéité.
(Thésar du Jin, Carnets du misanthrope)
Destin manqué
Il est notoire que l'embryon humain possède des fentes branchiales. Mais alors, pourquoi, en se développant, n'acquiert-il pas une symétrie radiaire et ne se fixe-t-il au fond de l'eau ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Le catoblépas
« Me dérange qui voudra ! je ne bouge. Toujours je reste ainsi, à sentir sur mon dos la chaleur cuisante du soleil et sous mon ventre la chaleur douce de la terre ; ma tête est si lourde que je ne peux la lever, je la roule au bout de mon cou, la mâchoire entr'ouverte j'arrache les herbes vénéneuses arrosées de mon haleine, cela fait autour de moi un demi-cercle pâle ; mais je mange si lentement qu'elles ont le temps de repousser d'un côté pendant que je suis à brouter l'autre. Une fois pourtant, à force de me lécher les pieds, je me les suis dévorés sans m'en apercevoir. Personne n'a jamais vu mes yeux, ou ceux qui les ont vus sont morts. » (Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
dimanche 28 octobre 2018
Anatomie comparée
« Les ambulacres, organes propres de la locomotion, si développés chez les échinides et les astérides, manquent à peu près chez les idéalistes allemands. De même, les pédicellaires brillent par leur absence. On ne trouve en effet, à la surface du corps de ces philosophes, que des crochets destinés à fixer les concepts, mais point d'organes préhenseurs articulés, ce qui a amené certains savants à douter de leur capacité à saisir quoi que ce soit. » (Henri de Lacaze-Duthiers, « Les ophiurides », in Revue des cours scientifiques de la France et de l'étranger, vol. 3, Germer Baillière, Paris, 1865-1866)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Nouvelles investigations sur l'être (suite)
Réduire un jus, une sauce, c'est les faire épaissir par évaporation.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Moments de la légende
Robinson Crusoé découvrant, incrédule, des empreintes de pas ; Ulysse bandant son grand arc ; Hamlet brandissant le crâne du bouffon Yorick ; l'homme du nihil hurlant ses imprécations à la face du Grand Tout : ce sont là des moments cruciaux de la légende, et chacun restera à jamais gravé dans les mémoires.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
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